Article publié le 14 janvier 2014
Ça m’amuse de constater que, d’un certain point de vue, nous sommes tous insatisfaits et, potentiellement, tous frustrés. On pourrait dire que c’est faux, mais en fait non, nous pouvons à chaque instant basculer dans un état de frustration, indépendamment des circonstances. Je vous en parle parce que c’est quelque chose que je viens de vivre et de repérer. Très instructif pour moi.
La seule manière d’être pleinement satisfait est de vivre Dieu, ce qui signifie que l’Être doit inonder notre conscience pour que nous soyons réellement satisfaits. Il procure la joie, la beauté, le bonheur, l’Amour, l’unité et plein d’autres belles qualités que nous pourrions vivre en permanence si nous étions dominés par l’Être. Or ce n’est pas le cas et loin de là. Nous vivons dans un monde dominé par l’ego et l’égocentrisme se manifeste de plus en plus violemment. Nous sommes donc privés de cette satisfaction qui nous rendrait heureux.
Pourtant le désir de bonheur et de satisfaction est présent chez chacun. Que ce soit conscient ou pas. Ce désir est inhérent à notre nature, c’est en quelque sorte notre feuille de route pour la vie. Il nous faut retrouver ce paradis perdu. Tel est notre vrai désir, notre moteur.
Ce manque de bonheur crée une insatisfaction, un manque, qui peut générer la frustration. Il faut remarquer que la frustration est issue de la considération que j’ai de mon manque. Le manque peut me donner envie d’œuvrer pour le combler ou bien me conduire dans un état de frustration.
C’est une observation que j’ai pu faire ces temps-ci lors de mes méditations. Si je suis frustré et que je ressens ou non la frustration, c’est tout simplement parce que je refuse le manque, parce que je ne peux pas le supporter, je me retourne alors contre ce manque et ce qui, je pense, le génère, au lieu de chercher à l’apaiser ou à l’accepter tout simplement. Le manque qui nous habite ou l’insatisfaction génère différentes conséquences suivant le positionnement conscient ou non du sujet.
Première possibilité.
Je ressens l’insatisfaction et j’attends patiemment que ça change sans rien faire. Cette situation est la plupart du temps la conséquence d’un état d’inertie important. Le sujet est tellement pris dans la glu de l’inertie qu’il est incapable de faire quoi que ce soit pour sortir de son insatisfaction. Il est paralysé et vit comme il peut dans une insatisfaction permanente, il n’a même pas la force de faire quoi que ce soit pour en sortir. Finalement cet état devient une nature, si bien qu’il trouve cela normal. Beaucoup de gens sont actuellement dans cet état, ce qui permet à notre société de continuer à s’enfoncer dans le dégénérescence.
Deuxième possibilité.
L’insatisfaction n’est pas acceptée, elle est de plus refusée en bloc. C’est la frustration. Eh oui, la frustration est un refus plus ou moins violent de l’insatisfaction. Dans ce cas je me retourne contre mon manque et je me sens frustré. La frustration est une souffrance comme tous les refus. La souffrance vient toujours d’un refus ou d’une incapacité d’acceptation. Le refus conduit à bloquer le flux naturel de la vie. Le sujet utilise son énergie pour se battre contre ce qui a généré sa frustration. Par exemple, on est dimanche matin est je descends acheter des croissants à la boulangerie du coin. En arrivant à la porte, je constate que la boulangerie est fermée. Si je glisse dans la frustration, je vais réagir contre ce fait. Soit je rentre chez moi en colère et me promet d’incendier le boulanger à la première occasion. Soit je donne un grand coup de pied dans la porte pour manifester mon mécontentement d’être frustré. Vous voyez ce retournement, c’est ça le refus. C’est complètement stérile, inutile. Il me suffirait de faire cent mètres de plus pour en trouver une autre ouverte et acheter mes croissants. Cette exemple vous semble peut être stupide et simpliste mais c’est le modèle que nous avons souvent tendance à adopter dans bien des circonstances. Essayez de voir ça chez vous c’est très instructif d’apercevoir ses comportements. Juste en s’amusant.
La frustration engendre des comportements hautement destructeurs, pour soi-même et pour le monde. Elle donne de l’énergie à toutes les tendances négatives du sujet, tendances colériques, destructrices, suicidaires, dépressives… En se battant contre ce qui est arrivé on ne change rien et le monde continue d’aller dans le mur. C’est le principe qui motive la plupart des révolutions, on détruit mais on ne construit rien. Qu’a ton changé depuis la prise de la Bastille ? Juste les costumes et rien d’autre. C’est même pire qu’avant, l’humanité est de plus en plus souffrante. La domination et l’esclavagisme sont partout.
Troisième possibilité.
Je cherche à combler mon insatisfaction. Cette possibilité présente deux options. Soit je me tourne vers l’extérieur et essaye de me satisfaire avec les plaisirs que le monde peut m’apporter, soit je me tourne vers l’intérieur et tâche de me purifier pour trouver un état naturel plus satisfaisant, c’est la démarche Spirituelle.
La première option est une impasse. On pense avoir trouver l’objet qui va nous satisfaire pleinement pour le restant de nos jours et au bout de quelques temps cet objet ne procure plus ce que nous en attendions. Il faut alors aller de nouveau à la pêche pour trouver un autre objet. Nous le ferons avec un peu plus de force, plus de précautions, plus de garanties et en fin de compte nous recommencerons éternellement le même processus. Je ne vous donne pas d’exemples. Il vous suffit de regarder les démarches et stratégies mises en place par tout le monde ou presque dans le domaine de la consommation pour trouver une satisfaction. La sexualité telle qu’elle est vécue et pratiquée aujourd’hui en est un bel exemple.
La deuxième option est de se nourrir du Divin intérieur. C’est bien gentil mais ça ne marche pas me direz vous. Je peux vous garantir que ça marche et même très bien. Seulement il faut mettre quelques bémols. Pour atteindre une sensation de satisfaction et de bonheur, il faut premièrement accepter de ne pas être satisfait immédiatement et continuer sa démarche sous la direction d’une personne compétente. Il faut du temps avant que l’on s’aperçoive des bénéfices obtenus. C’est comme remplir une mare asséchée. Il faut mettre beaucoup d’eau avant de voir le niveau monter.
L’insatisfaction, le manque sont des sensations quasi permanentes dans une démarche spirituelle valide. Celui qui n’a pas faim ne cherchera pas à manger. Vous comprenez que le manque, le besoin devient un moteur. Dans la Spiritualité, on ne peut pas être repu comme après une orgie. On reste en permanence sur sa faim même si de toute évidence une progression est ressentie. Jusqu’au bout il y aura ce manque, cette soif et cette faim de Dieu. C’est un moteur fabuleux, il nous faut apprivoiser cette sensation au lieu de la rejeter, de la masquer ou de la combler par un plaisir extérieur. Tout cela dans une juste mesure. Au début nous utilisons les deux voies, extérieures et intérieures pour calmer l’insatisfaction trop intense. Plus tard on en privilégie une plus que l’autre. La démarche Spirituelles ne devrait pas nous conduire à la frustration.
Dans notre société, nous pensons que nous devons être pleinement satisfait. Nous cherchons par tous les moyens à atteindre ou gagner la satisfaction ou le bonheur. Cette course, cette avidité nous amène à utiliser nos tendances les plus sombres pour parvenir à nos fins. Mais jamais nous ne parvenons à atteindre durablement un état de satisfaction acceptable. Suite à cette insatisfaction, la frustration apparaît et le sujet se retourne contre la vie, il se retourne contre ce qu’il croit être la source de son insatisfaction. Il entame une démarche punitive contre la vie. Dans ce sens il s’enfonce progressivement dans les ténèbres. Il s’obscurcit, devient dense, ramassé sur lui même et en guerre permanente.
Dans une démarche Spirituelle nous devons apprivoiser ce manque pour en faire un moteur tourné vers Dieu. De plus, nous pouvons et je dirais devons trouver notre satisfaction dans l’aide aux autres, dans une convivialité tournée vers les valeurs Spirituelles. Je ressens aujourd’hui, avec beaucoup plus d’intensité, ce désir de partage, de vivre ensemble dans la joie qu’apporte la communion dans une vie tournée vers l’essentiel.
Je suis toujours étonné de constater bien souvent que la démarche Spirituelle conduit à un isolement et un repli sur soi même. Je suis d’accord si cela ne dure qu’un temps particulier pour accomplir une étape particulière invitant le sujet à explorer le fin fond de nos nuits noires. Mais quand cet isolement devient une attitude permanente, je pense qu’il y a un « bug » quelque part.
Dépouillement, solitude etc….
Bonjour,
Je viens de découvrir votre site et trouvé très intéressant les quelques articles lus. Ceci dit une question concernant l’article ci dessus.
Voilà depuis environ 18 mois j’ai entrepris la voie du développement personnel, spirituel, beaucoup de choses ont changée, moi la première d’ailleurs, j’ai été avide de lecture ,d’apprentissage à en perdre la tête par moment, épuisée, et depuis quelques temps je me sens bizarre je disais à une amie que j’avais le sentiment d’avoir tout perdu mon apprentissage ( je pense que je traverse peut être cett étape du dépouillement…) j’ai des activités des amies sur la même voie que moi, de beaux échanges, mais, je ne me sens ni bien ni mal pas de joie particulière ni mélancolie, je me sens tellement seule et vide encore une fois. Je m’inquiete car pas d’objectif, pas non plus envie d’oeuvrer pour les autres en particulier (avant j’aurais donné ma chemise) cependant je me dis aujourd hui aider les autres c’est accepter de les laisser vivre leur propres expériences afin qu’ils grandissent eux mêmes (entre autre). J’ai connu des grands moments de béatitude, de communion avec la nature et le bonheur dans les petits rien, aujourd.hui je ne ressens plus ces choses la, suis en régression? L’ego reprend il le dessus ? J’essaie de ne pas trop me poser de questions mais quand même je trouve le temps un peu long (enfin long pourquoi je n.en sais rien).
J’ai d’innombrables autres questions comme comment trouver un guide et surtout celui qui me convienne?…
Merci pour votre site
A bientôt
RE:Dépouillement, solitude etc….
Bonjour Gwen, merci pour votre commentaire. Je suis justement en train de préparer un article sur le développement personnel et la Spiritualité.
Je ne sais pas quelle voie ou quels enseignements vous avez suivis. Vous parlez d’apprentissage et de beaucoup de lecture. Cela me fait penser que vous avez appris quelque chose qui parle de spiritualité. Vous vous êtes peut être fait ou tenté de vous faire une nouvelle personnalité « plus spirituelle ». Vous avez certainement dans ce cas réactualisé vos croyances et vos idées personnelles. Si c’est le cas vous avez donc pris pour vous ce que d’autres vous ont proposé de croire. Ce faisant vous détruisez votre « moi » et le remplacez par un moi d’emprunt qui ne colle pas avec votre « moi inconscient ». C’est un risque du développement personnel spirituel ou pas. Tout ce que vous apportez par l’extérieur (lectures, enseignements, etc.) doit absolument s’accompagner d’une transformation de votre moi inconscient par l’Être intérieur s’il s’agit de Spiritualité. Sans quoi vous réalisez une sorte de dépersonnalisation qui vous conduit à ne plus vous retrouver dans ce monde. C’est peut être ce qui vous arrive.
La transformation de l’inconscient par l’Être intérieur ne peut se réaliser qu’avec un guide qui est lui même éveillé à son Être intérieur et qui a déjà réalisé une bonne partie du chemin qui mène à la réalité.
En matière de Spiritualité, la transformation se fait par l’intérieur du sujet et pas par l’extérieur. C’est la principale différence entre une voie Spirituelle et un développement personnel.
Vous me parlez justement de guide et vous interrogez sur la possibilité d’en rencontrer un qui vous convienne. Si votre désir est sincère et que c’est vraiment la Spiritualité qui vous intéresse, la vie vous donne ce dont vous avez besoin. A vous d’apercevoir ce que la vie vous apporte. Ensuite il faut expérimenter la relation avec votre futur guide. Ce sera à vous de choisir s’il vous convient ou pas.
De tout cœur avec vous.
RE:RE:Dépouillement, solitude etc….
Bonjour Gérard,
Merci pour votre réponse qui éclaire mon chemin, à vrai dire je n’ai pas suivit un apprentissage particulier, je suis « tomber dedans » un peu comme Obelix, car je cherché à me remettre en question suite à de nombreux schémas répétitifs.
Donc de manière autonome et très aléatoire, j’ai (et continue) participé à des conférences, lu tout ce qui pouvait s’écrire sur internet, livres fait quelques expériences personnelles, échanger avec d’autres comme moi sur le chemin… Et je pense effectivement que ce manque de structure si très enrichissant, peut être très déstabilisant car, d’une part la lutte de l’ego pour « survivre » et le désir de l’être de s’éveiller, associé à une grande pagaille au niveau apprentissage….
Je me sens mieux car je commence a ressentir mes propres valeurs, je me questionne pour l’instant avant de répondre une réponse qui avant ne m’appartenais pas, je me sonde afin de faire éclore ma pensée. (A me relire je pense qu’il s’agit la de développement personnel)
Par contre, vous me dites : « La transformation de l’inconscient par l’Etre intérieur ne peut se réaliser qu’avec un guide qui est lui même éveillé à son Être intérieur…. »(et la de spirituel)
Je viens de comprendre en écrivant, la nuance entre les deux voies dont je parlais précédemment. A bien y réfléchir la première voie entraîne l’autre et à partir du désir de chacun tout est possible, je vais donc laisser la vie me mener là ou je dois aller en posant des actes comme dans un jeu et voir ce que je reçois en retour avec un peu de chance un maître apparaîtra si tel est mon chemin.
Ce qui compte, aujourd’hui je me sens bien mieux plus de doute plus de peur, j’essaie un maximum de vivre dans l’instant présent et de ne laisser à aucune personne ni situation m’ôter le droit au bonheur.
Bonne continuation et j’ai hâte de lire l’article que vous avez évoqué dans votre réponse…
Bonjour Anne
merci pour votre question et l’intérêt que vous portez à mon blog.
Ces réponses spontanées qui surgissent sans qu’on les attendent sont certainement issues de l’Être. A plus forte raison si vous posez la question à une personne bien informée par l’être. Cela n’empêche pas de rester vigilant sans pour autant se forcer au doute. On est là encore dans la voie du milieu.
Pour moi, le guide intérieur est l’Être. C’est lui qui détient les informations liées à la réalité du présent. Pour le reconnaître, il faut que la conscience se débarrasse des voiles qui l’empêchent de le percevoir. Ces filtres qui voilent la conscience sont les mémoires issues du passé qui constituent l’égo. C’est pour les libérer que le Maître incarné est nécessaire. Sans son aide il est très difficile d’y parvenir. Au départ, on pourra avoir recours à un guide qui ne sera pas forcément un Maître parfaitement réalisé. Mais par la suite le lien à un Maître parfait est indispensable. L’égo est trop fort et trop rusé.
Tout le monde n’aura pas forcément besoin d’aller jusqu’à cette nécessité. on peut très bien vivre heureux sans aller très loin dans une évolution Spirituelle.
Ce sera le choix ou la destinée de chacun.
On ne choisit pas de s’investir dans une démarche Spirituelle intense avec sa propre volonté. Je dirais que c’est Dieu qui appelle l’un ou l’autre. On peut le dire autrement : on s’investit intensément quand le moment est venu.
Bien à vous et à bientôt.
Merci pour votre confiance.
Bonjour à vous et à la terre Indienne !
Merci pour vos écrits. Ils provoquent chaque fois en moi un désir de vous poser des questions. Mais étrangement, lorsque je commence à vous les écrire, ou à les formuler mentalement, la réponse arrive très vite. Cela a d’ailleurs été le cas la première fois que je vous ai posé une question de vive voix. A peine fini ma phrase, la réponse s’imposait à moi avant que vous n’ayez ouvert la bouche. Et je savais que c’était La réponse à Ma question.
Est-ce là une manifestation du guide intérieur ?
Vous ne parlez jamais du guide intérieur.
N’est-il pas Le Maître à reconnaître en définitive, au-delà du fait qu’il soit indispensable, je l’entends, de rencontrer un Maître « incarné » ?
Pour le coup, cette fois… je n’ai pas de réponse !
Bonne fin de séjour, et bon retour !