Article publié le 11 janvier 2014
Une question très intéressante vient de m’être posée en dehors du blog. J’en profite pour répondre par un article. « Peut-on s’intéresser à de belles personnes, s’y attacher sans pour autant sortir de sa route et aller droit dans le mur comme tu l’as dit ? Peut-on être accompagné pendant et sur le chemin du divin ? »
La question est vaste et je vais y répondre de façon précise et concise. Ne soyez donc pas heurté si je ne fais pas de détail. Je réponds également dans un sens général. Tout ce que je vais dire ne concerne pas forcément la personne qui a posé la question.
C’est toi qui définis, qui considères qu’une personne est belle ou pas. Elle est belle et en plus elle t’intéresse. C’est à toi de sentir ce que cette personne t’apporte, ce qu’elle met en mouvement et fait résonner en toi. Quelles sont les sensations qu’elle te génère, quelles tendances elle exalte.
On s’attache toujours à ce qui vient nourrir quelque chose en soi. Une personne peut parfaitement nourrir le Divin, le désir de Dieu ou d’absolu. On peut aussi s’attacher à quelqu’un qui vient nourrir nos tendances perverses. Un bon copain de comptoir, une femme ou un homme prêt à toutes les perversions sexuelles, un couple sado-maso. Vous voyez que l’attachement peut nourrir la perversion égotique ou le désir de Divin. A chacun de voir pour lui-même.
La question à se poser est : qu’est-ce que cette personne vient nourrir en moi. L’introspection, la méditation sont des outils forts intéressants dans ce cas. Il ne faut pas se faire de cadeaux dans ce cas. Ce n’est pas toujours facile. Je me souviens très bien comment les personnes que j’accompagne sont habiles pour se détourner au dernier moment de la vision de la réalité. Ça fait pas toujours plaisir ces choses-là.
En ce qui concerne le chemin Spirituel (dans le monde pas dans un monastère ou un Ashram) je ne vois pas pourquoi il faudrait supprimer ou s’interdire un attachement ou un intérêt pour une personne qui nourrit, encourage, facilite la relation à Dieu. Deux personnes peuvent parfaitement cheminer côte à côte vers le Divin dans une relation fraternelle ou une relation de couple. Au passage, pour être direct, la sexualité en elle même, n’est pas, à mon avis, un obstacle sur le chemin. Elle peut même être une aide sous certaines conditions.
L’attachement à une personne, ne doit pas dispenser de suivre sa propre route par ses propres moyens. L’autre personne aussi belle soit elle, sera une aide, un plus mais elle ne doit pas devenir la voiture dans laquelle on s’installe confortablement pour poursuivre sa route.
Sans efforts personnels rien ne peut faire avancer sur la route. C’est un grand danger. Se reposer sur une autre personne, la laisser faire le travail pour soi-même. J’ai fait cette expérience dans ma vie. J’ai porté, aidé, tout fait ou presque pour aider des personnes à avancer sur la voie. Hélas je me suis aperçu que j’avais beau tout faire, sans efforts personnels de la part de ces personnes, rien n’était possible.
Le Guru, aussi parfait soit-il ne pourra rien faire sans les efforts de l’aspirant. Il l’aidera ou le conduira jusqu’à ce qu’il puisse et doive fournir des efforts. Si le sujet ne fournit pas les efforts nécessaires et qui plus est, dans le bon sens, il ne progressera pas. J’ai vu des gens nager à contre courant pour rejoindre la mer, persuadés d’être dans la bonne direction. Ça me rappelle une histoire d’Amma : un homme âgé roule sur l’autoroute, sa femme l’appelle sur le téléphone de la voiture pour lui signaler qu’elle vient d’entendre à la radio qu’une voiture roulait en sens inverse sur l’autoroute. Le mari lui répond : « si ce n’était qu’une voiture en sens inverse ça irait mais ils sont tous en sens inverse ».
Comme d’habitude il est extrêmement important de définir clairement ses intentions. On ne peut pas conjuguer le « toujours plus de plaisirs du monde » avec une recherche Spirituelle vraie.
Lorsqu’une personne se rapproche d’une autre et souhaite s’y attacher ou se trouve attachée par différents liens, il faut faire le point pour soi-même et aussi en commun. Il faudrait définir un but ou un objectif clair et précis. Ce qui manque dans les couples aujourd’hui, c’est le manque d’échanges clairs et précis. On ne dit pas la vérité pour ne pas heurter, ne pas déranger et ne pas assumer les conséquences du dérangement. On se cache à l’autre. On a peur de le perdre si on dit la vérité.
Amma disait cette semaine dans un Satsang, unissez vous à quelqu’un si vous le souhaitez mais faites attention de ne pas être entraîné dans le sens inverse de votre démarche. (Le bon sens s’appelle Dharma et le mauvais sens Adharma).
Un autre point important de l’attachement est qu’il implique l’obtention d’un bénéfice. Eh oui c’est comme ça. Si je m’attache à quelque chose ou à quelqu’un c’est pour en tirer un profit personnel. Même les attachements considérés comme les plus nobles ont une attente égotique, une exigence. Amma disait : « je suis merveilleuse à vos yeux tant que je vous rapporte quelque chose mais il suffit que je commence à toucher à votre ego pour devenir votre pire ennemi ». Ou encore : « quand la vache ne donne plus de lait on la mène à l’abattoir ». C’est pas tendre hein ? Qu’est-ce que vous en pensez ? J’ai rencontré des personnes œuvrant au sein d’associations humanitaires qui sont parties en courant parce qu’elles n’obtenaient pas ce qu’elles voulaient. C’est pareil dans les couples.
C’est la même chose pour Dieu. On s’attache à lui pour qu’il nous comble de bienfaits. Il faudra que la foi s’éveille pour que ce soit sans exigence.
Il faut donc également faire le point sur les attentes. Attention encore une fois à ne pas se mentir à soi-même. L’ego souffre tellement de ne pas être reconnu comme quelqu’un de bien qu’il est capable de se cacher ses intentions qui ne sont pas très louables.
Combien de couples sont capables de se dire « je t’aime parce que » ou « je suis avec toi parce que » et de dire la vérité toute crue. Encore une fois on va me dire : « je ne veux pas blesser ». D’accord mais plus tard la blessure sera cent fois plus forte, car le non dit conduira certainement à l’impossible. Deux personnes sont à Paris et décident d’aller à Rome. L’une d’entre elle voulait aller à Bruxelles. Chemin faisant cette personne aura de plus en plus de mal à trouver du plaisir à aller vers Rome et au bout de 500 kilomètres sa frustration étant tellement importante, elle éclatera dans une colère contre son ou sa partenaire de voyage.
Je vous accorde que nous ne sommes pas toujours conscients de nos réelles motivations. Mais lorsqu’on en a conscience il ne faut pas les travestir.
Le cheminement Spirituel doit être heureux. Avant d’être un Saint il vaut mieux accepter de ne pas l’être. Nous devons vivre en conformité avec nos besoins indispensables. Une personne vivra très bien seule alors qu’une autre fera parfaitement son chemin accompagné, ou en famille avec des enfants. On peut atteindre la réalisation en ayant mari ou femme et enfant. Ce n’est pas le fait d’être attaché à une personne qui est nuisible, c’est comme je disais, la nature de l’attachement, motivations et attentes.
L’amour humain attend quelque chose de l’aimé. L’amant est en attente des bienfaits de sa bien aimée. Soyons clairs la dessus. L’Amour Divin n’est jamais dirigé vers une personne ou une autre créature. C’est l’ego qui prend une part ou la totalité de l’Amour Divin pour le détourner à son profit. « Mais ma chérie je ne vis que pour toi seul ton bonheur compte à mes yeux », elle est bien bonne celle-là. C’est une histoire drôle… qui finit toujours mal…
Je suis conscient de ne pas avoir traité le sujet dans la totalité mais je pense en avoir dit l’essentiel. Les questions sont toujours les bien venues, ça fait vivre le blog.
J’espère n’avoir heurté personne, ce que j’écris est avec compassion. Je ne juge personne, je propose une vision du monde et de la vie en souhaitant qu’elle puisse contribuer au bonheur de ceux qui lisent ma prose.
Un dernier point important. Avant de vous attacher, essayez de connaître la nature du piquet auquel vous voulez vous attacher. Avant il y avait la période de fiançailles pendant laquelle les amants prenaient le temps de se découvrir avant de s’engager. Maintenant on couche ensemble et après on demande : « au fait, comment tu t’appelles ? »
Bon week-end dans la joie.
Alléluia le Christ est vivant au cœur de chacun.
Ne vous inquiétez pas je ne suis pas en délire mystique (rire) :-)))
L’âme
Bonjour Gérard,
Merci pour ces nouveaux articles. Je me réjouis de voire que tu chemines dans la joie et la bonne humeur.
Je profite de ton temps pour te poser quelques questions issues de ma lecture de ton livre « Ainsi sommes-nous » et que j’avais mises de côté.
Si je comprends bien : l’homme comprend 3 éléments fondamentaux : le corps, l’âme et l’Esprit (ou Dieu ou Etre). L’Esprit n’est pas notre individualité puisqu’il est en nous comme dans tout le vivant, il ne nous appartient pas. L’âme (l’ensemble de nos énergies passées et présentes) est notre singularité. Elle se réincarne indéfiniement jusqu’à ce qu’elle soit complètement libérée/accomplie.
Etre complètement libéré/accompli signifie-t-il atteindre l’état des personnes comme Jésus, Ama…? Si oui cela peut prendre un temps très long et donc un grand nombre de réincarnation. Toutes les âmes avant de se réincarner airent-elles (les âmes qui peuvent interagir avec certaines personnes sur terre qui en ont la capacité) ou certaines accèdent-elles à un autre état intermédiaire? Que devient l’âme une fois totalement libérée? Se dissout-elle dans l’Un Divin ou continue-t-elle à exister en tant que telle? Tout au long de son parcours l’âme est-elle consciente d’elle-même?
ET…je n’oublie pas, malgré ces questions, que seul compte le présent ! Mais au cas où les moments de présent dureraient pour l’éternité il vaut mieux se préparer car, comme dirait Woody Allen, « l’éternité c’est long, surtoût sur la fin ». Bien à toi. Emmanuel
Après la mort ?
Merci pour ta question. J’y réponds dans un prochain billet.