Article publié le 25 décembre 2009
Martha est venue m’apporter un cadeau de Noël. Un magnifique tableau où je devine une femme resplendissante d’Amour entourée de couleurs douces et charmantes. Le charme s’opère immédiatement et mon cœur en est profondément réjoui. Ce tableau c’est Martha qui l’a peint. Ce n’est pas banal quand je repense à l’état dans lequel elle était il n’y a que deux ans à peine. Très jeune elle s’était tournée spontanément vers la peinture et ses professeurs reconnaissaient en elle un véritable talent. Hélas à 14 ans ses bras se sont paralysés rendant toute pratique manuelle impossible. Ils étaient lourds, Martha avait l’impression de devoir faire des efforts inouïs pour lever sa main, elle était tout juste capable d’assurer par elle même ses besoins quotidiens élémentaires.
Les différents médecins ont diagnostiqué toutes sortes de maladies telles que la myopathie, la myasthénie, la sclérose en plaque et bien d’autres encore. Aucun traitement ne parvenait à la rendre plus active. Son désir de s’en sortir commençait à s’épuiser vers l’âge de 25 ans.
A cette période, c’est avec l’assistance d’une psychothérapeute et d’un chamane qu’elle parvient à récupérer un peu de force et peut de nouveau subvenir seule à ses besoins. Dès qu’elle essaye de se consacrer à autre chose qu’à des tâches de survie, la paralysie reprend le dessus. Elle est incapable de créativité. Chaque fois qu’elle tente de prendre un pinceau c’est encore pire, elle se trouve projetée dans une sorte de glu qui la paralyse totalement.
Elle a 38 ans quand elle vient me voir sur les conseils d’une amie. Évidemment elle n’y croit pas, elle a déjà tout essayé. Pourtant elle ressent lors de la séance une chaleur dans son cœur et quelques larmes coulent spontanément de ses yeux qui jusque là n’avaient jamais pu pleurer. Elle décide de poursuivre.
Progressivement la motricité revient, elle sent qu’elle peut à nouveau créer. Elle se remet à la peinture. Elle peut peindre, elle peut manier ses pinceaux mais ce qui se projette sur la toile n’est pas joli. Elle ne peut peindre que des choses sombres et violentes. La violence se manifeste dans tous les secteurs de sa vie. Elle quitte son compagnon ou plutôt elle le jette. Elle tente à plusieurs reprise de briser le lien thérapeutique avec toutes sortes de prétextes et toutes sortes de violences. Pourtant quelque chose tient, un lien qu’elle ne peut briser. Elle me dira plus tard qu’elle pressentait vaguement que si elle brisait ce lien elle se condamnait à la mort ou à la souffrance.
Nous sommes donc entrés au cœur de cet source de violence, de révolte, de rage et de haine pour y libérer le cristal de vie qui s’y trouvait emprisonné. Ce ne fut pas sans douleurs, sans doutes, sans peines. Martha a accepté ce parcours car en elle la foi était là. Pas la foi en son thérapeute mais une force intérieure la poussait a poursuivre au delà de sa raison et lui donnait confiance. Martha vient d’avoir 40 ans, l’Amour s’exprime pour la première fois dans sa créativité, elle peut maintenant pleurer de bonheur, de joie. La vie se poursuit avec l’Amour pour compagnon de route.
Le chemin n’est pas fini, une autre étape commence.
Ne vous identifiez pas à Martha, elle est unique comme chacun d’entre nous. Certaines, certains y trouveront des similitudes avec leur propre vie. Une seule chose me semble valable pour tous. Seul l’Amour contenu au cœur même de la pierre est capable de véritablement nous guérir. Nous guérir de quoi ? : de nous même.
Dès sa plus tendre enfance Martha a été élevée dans une famille où elle n’était pas considérée. Elle avait à boire et à manger, pour le reste elle devait se nourrir de l’air du temps. elle a manifesté très tôt une vive intelligence qui lui a rendu les études plutôt faciles mais là encore elle devait suivre la dictature familiale et se consacrer totalement à ses devoirs et à des lectures choisies interminables. Sa seule liberté était la rêverie qui lui était également reprochée car il faut travailler plutôt que de rêver. Elle avait le goût de la peinture mais malgré les encouragements de ses professeurs, sa famille lui a imposé le violon et interdit les pinceaux. 2 ans plus tard elle est paralysée. N’ayant pas été touchée et encouragée dans son essence par l’amour, son ego s’est développé seul et a pris le dessus. Étant très intelligente, elle a tissé une toile immensément dense de ressentiments envers sa famille et le monde. Cette carapace l’a totalement emprisonnée au point de la conduire a l’immobilité, au point de la rendre totalement inconsciente de ce qui s’était réellement passé. Ses forces essentielles ont du même coup été inhibées. Elle s’est emprisonnée elle même par la puissance de son mental égotique. Par vengeance et par orgueil, elle préférait être paralysée, risquer de mourir, plutôt que de se conformer à la dictature familiale. Une autre personne aurait très bien pu mener une double vie, par exemple.
On pourrait penser que sa famille fût mauvaise et que si elle était arrivée au monde dans une autre famille ça se serait mieux passé pour elle. Elle n’aurait probablement pas été malade. La véritable cause de la maladie n’est pas la famille. La véritable cause, ce sont les tendances égotiques héritées des vies antérieures. Ce sont elles qui ont emprisonné Martha. Une autre personne aurait très bien vécu dans les mêmes circonstances. La vie a proposé à Martha de guérir ses tendances égotiques. Ce n’est pas chose facile. Il faut parfois beaucoup de souffrances et de contrariétés pour parvenir a bloquer le pouvoir de l’ego et l’obliger a céder du terrain. C’est également ce que la vie propose a chacun d’entre nous avec plus ou moins d’évidence.
La thérapie pratiquée par la psychothérapeute et le chaman, lorsque Martha avait 25 ans, a permis de re-dynamiser les forces égotiques résiduelles. Ces thérapies n’ont pas permis de libérer l’égo des forces du mental. C’est pourtant grâce a cette thérapie que Martha a pu poursuivre son chemin.
Quand je la rencontre, elle n’a plus d’espoir. Elle vient parce qu’une amie a lourdement insisté. Elle ne croit plus à rien. Elle est en état de survie, sans espoir, sans joies, seule ou presque. Pourtant, dès le départ, elle est touchée là ou jamais elle n’avait été touchée auparavant, droit dans son cœur. Ce n’est pas moi qui décide que les choses se passent de telle ou telle façon, c’est la vie. Arrive ce qui doit arriver. Martha est touchée et elle pleure. Ses yeux étaient restés secs depuis sa plus tendre enfance. Il y a donc un réel espoir de progression favorable, mais en aucun cas on ne peut présager de l’avenir. Il nous faut reconquérir les territoires annexés par le mental chargé de ressentiments. Plus nous progressons plus le mental se manifeste, chaque tendance passe par la manifestation consciente avant d’être dissoute, transmutée. Martha passe de la haine à la jalousie, à la violence envers elle et les autres, elle veut tout casser, elle veut tout détruire. Elle ne détruira que ses forces égotiques. Au passage elle jette son compagnon sans aucun ménagement. il faut dire qu’il l’avait placée dans une situation de soumission perverse. Même les malheureux profitent l’un de l’autre pour assouvir leurs tendances. Il faut passer au travers de la carapace mentale pour créer un pont entre l’être et la conscience. Il nous faut relier la conscience aux informations de l’être. Seul l’être est suffisamment pur pour passer au travers du mental sans risquer de déclencher une recrudescence des forces égotiques.
A présent, Martha a retrouvé suffisamment de forces pour poursuivre son chemin vers l’être et manifester une personnalité plus essentielle que mentale. Elle a conscience que le chemin n’est pas fini mais que de merveilleuses possibilités s’offrent à elle.
C’est avec un grand bonheur que nous poursuivons le chemin.
Trés touchante histoire que celle de Martha et en cette période propice aux voeux, on ne peut que lui souhaiter bonne route sur son chemin de guérison.
Que 2010 nous permette de pouvoir lire sur ce blog beaucoup d’autres belles histoires.