Article publié le 18 janvier 2014
En occident et plus particulièrement en France, le mot Guru est toujours mal accepté. Lui sont associées les idées de secte, de pouvoir, de manipulation, de religion, d’occultisme. La véritable Spiritualité est très peu connue si bien que la notion de Guru qui lui est associée, qui en découle, est également peu ou pas connue.
Les faux gurus, les faux maîtres et les manipulateurs en tout genre ce sont appropriés la spiritualité et tout ce qui va avec en les dénaturants.
Actuellement l’égocentrisme issu d’un protectionnisme intense découlant d’une insécurité et d’une insatisfaction profondes, condamne toute idée de soumission. L’idée même de s’en remettre à quelqu’un, de suivre ses conseils, est difficilement tolérée quand il s’agit de Dieu et de la Spiritualité. Quand il s’agit de choses profanes, ce n’est pas la même chose. Nous assistons aujourd’hui à une croissance extraordinaire du nombre de « Coach » en tout genres. On se fait « coacher » pour tout ou presque. Qui n’a pas son coach est presque considéré comme un arriéré. Je suis toujours émerveillé d’entendre les conversations entre personnes parlant de leur expérience de « coaching » que ce soient des consommateurs ou des professionnels. Ces « coach » véhiculent et transmettent des pensées, des concepts et des méthodes d’applications qui ne sont pas autre chose que des manipulations mentales. Assister à une grand messe de coaching collectif est tout simplement hallucinant. Le but conscient ou non est de faire de l’argent en présentant à un troupeau de mouton comment ils vont pouvoir trouver de l’herbe fraîche à brouter et bien évidemment au détriment du voisin. Bref un véritable bouillon de culture égocentrique. C’est encore pire quand ces coachs jouent les messies spirituels et répandent la bonne nouvelle du merchandising spirituel. Le bonheur et la réussite assurée en trois ou quatre séminaires qui coûtent une fortune. Un coach vous éveille à tous les mondes parallèles et à dieu bien entendu en vidéoconférence par internet. Même plus besoin de se déplacer dis donc. Ça t’arrive tout cru dans le bec. Tous tes Chakas vont illuminer le stade de France en une ou deux leçons. Et dire qu’il y a une flopée de pigeons qui en réclame. Le pire c’est que ça marche, le marché est très juteux. Les grandes entreprises payent des fortunes pour ça. Il paraîtrait qu’après ce genre de séances, les moutons sont plus rentables. Ils remplissent leur rôle d’esclave avec le sourire. Ça explique tout. Il n’y a aujourd’hui que l’argent qui compte évidemment.
On a rejeté la Spiritualité et créé la religion de l’argent et de l’égocentrisme. Tout simplement. C’est consternant, mais c’est ainsi.
Le véritable Guru dans une véritable recherche Spirituelle n’est rien de tout cela. Fort heureusement.
Je vais vous parler comme d’habitude à partir de mon expérience.
J’ai eu la chance dans ma vie de rencontrer un faux guru et ensuite de rencontrer mon Guru, Le vrai. La différence fondamentale est que le faux attendait quelque chose de moi et que le vrai n’attend rien du tout. Un vrai Guru ne doit pas avoir besoin de quoi que ce soit de la part de ses disciples, il ne doit même pas avoir besoin de disciples. Ce sont les disciples qui font du Guru un Guru. Sans les disciples le Guru « est » il obéit aux lois de la nature et remplit les fonctions que la nature lui octroie comme son devoir. C’est une condition absolument indispensable. S’il a le moindre besoin alors il craindra peut être de ne pas avoir de disciples et sera obligé de marchander avec l’ego des aspirants pour obtenir ce dont il a besoin. Ce qui bien entendu est incompatible avec une véritable démarche Spirituelle.
On ne marchande pas avec l’ego.
Mon Guru ne m’a jamais rien demandé et n’a jamais rien fait pour obtenir quoi que ce soit de ma personne.
Je pensais au début que mon Maître allait me dire ce que je devais faire dans ma vie pour suivre mon chemin Spirituel au mieux et garantir un résultat. En dehors des recommandations que chacun peut consulter, je n’ai jamais reçu de sa part une injonction verbale de faire quelque chose de particulier. Elle m’a ouvert les yeux sur la réalité du présent sans me dire quelle voie je devais choisir. Elle m’a toujours obligé à faire mon choix. Ces enseignements sont lisibles dans de nombreux livres et accessibles à tous.
Il n’y a donc aucune manipulation pour obtenir quelque chose.
Comment ça marche alors si le Guru ne dit rien ou presque.
C’est très simple. Le Guru est un Être parfait , une conscience pure qui est capable de passer au travers des mailles de l’ego sans que celui-ci s’en aperçoive.
Dans un premier temps, l’ego se sent accueilli, le climat est plutôt détendu et heureux, les émotions ressenties en présence du Maître sont agréables, heureuses, joyeuses. En fait la rencontre entre le Guru et le sujet se fait à l’intérieur, là ou la conscience ordinaire ne peut avoir accès. L’ego étant dans un état de calme, d’apaisement, de confiance il est alors aisé pour le Guru de toucher l’aspirant au plus profond de lui même pour enclencher la croissance de l’Être au cœur même du sujet. Cette étape est primordiale, elle est la condition indispensable pour démarrer une véritable voie Spirituelle. Je l’appellerais volontiers l’initiation primordiale. Il faut faire germer la graine de l’Être dans l’ego du sujet. C’est à partir de l’intérieur que les transformations durables vont se produire. Ce qui est modifié par l’extérieur ne dure pas. L’ego réorganise sa structure quasi instantanément. J’ai eu maintes fois l’occasion de m’en apercevoir en recevant des patients ayant eu recours à des thérapies extérieures. Même si le praticien, en toute bonne foi pense toucher des choses profondes de l’ego du sujet, si ce n’est pas l’Être du sujet qui apporte les informations justes, cela ne tient pas dans la durée.
Pour réaliser cette première étape, il ne faut pas violenter l’ego car s’il se sent menacé il va se fermer comme une huître et ne reviendra jamais à un état de confiance indispensable. L’ego doit se sentir accueilli, accepté et reconnu. Le Guru n’est certainement pas un casseur, un tortionnaire, un manipulateur.
Dès que l’Être a commencé à reconquérir les territoires égotiques, Le Guru va encourager la croissance par la qualité de sa présence. En sa présence ou par le lien de filiation créée lors de l’initiation primordiale, l’Être du sujet est comme dynamisé, c’est comme s’il avait plus de puissance. En fait l’ego du sujet est pris en sandwich entre l’Être intérieur et le Guru. Ça devient difficile pour lui de fuir, ou de compenser. C’est là encore une des raisons essentielles d’avoir un vrai Guru. L’ego est tellement malin, intelligent et rusé qu’il est capable de retomber sur ses pattes à chaque fois qu’il est déstabilisé. Le Guru par sa présence révèle à la conscience du sujet la nature même de son ego, le Guru est le miroir parfait. La lumière révèle l’ombre.
Pour faire le chemin qui est difficile, l’aspirant a besoin de sentir qu’il va dans la bonne direction. Pour cela il faut absolument pouvoir se réfugier dans la saveur de l’Être intérieur. Seul ce n’est pas toujours facile. La présence du Guru révélera la saveur de l’Être. Ce qui encouragera le chercheur. Ce n’est pas nécessaire d’être physiquement à côté du guru. Sa présence est partout et nous pouvons le contacter n’importe où si nous avons établi le lien au préalable. Le lien se cultive par une pensée journalière voire permanente.
La plupart du temps, le Guru n’est autre que les événements de la vie. La vie nous apporte tout ce dont nous avons besoin au jour le jour pour notre cheminement Spirituel. C’est la vie qui va obliger l’ego à évoluer, le Guru apporte les réponses à la vie par l’intérieur. Ces réponses sont reconnues par le sujet comme des évidences incontournables auxquelles il adhère au mieux de ses possibilités.
Je pourrais aisément remplir bien des pages en parlant du Guru mais je pense que pour un article, les points les plus importants sont donnés.
Un vrai Guru vous rendra libre. C’est un merveilleux cadeau que me fait mon Guru. Le seul lien valide est l’Amour, la relation dans l’essentiel.
Bonsoir je lis avec intérêt ces articles qui actualisent « l’enseignement « de Socrate…
Merci beaucoup Gérard pour cette réponse ainsi que pour notre échange. Ils contribuent avec richesse à permettre de mettre de l’ordre dans les pensées, leurs origines et leurs intentions ! L’ordre intérieur participant largement à la paisibilité, c’était nécessaire. Belle journée et à bientôt, amitiés, Florence
Merci Florence pour ton commentaire.
Krishnamurti rejette en effet toute idée de guru. Je me demande de quel type de Guru il parle dans ses livres. Il me semble qu’il parle de « maîtres à penser », c’est à dire de personnes qui pensent pour toi et te disent ce que tu dois faire penser et être. Ces personnes là ne sont pas pour moi des gurus mais des imposteurs. Si mes souvenirs sont exacts, je crois que Krishnamurti a souffert dans son enfance de ce genre de personnes et qu’il a réussi à s’en libérer pour ensuite rejeter complètement ce type de personnes.
Si je comprends bien ton questionnement, tu voudrais savoir ce qu’il en est du « transfert » dans la relation « Guru-aspirant ».
Je voudrais tout d’abord préciser que pour moi le transfert ou la relation transférentielle n’est pas l’apanage de la psychanalyse ou de la psychothérapie et encore moins des thérapies en général. Le transfert peut se retrouver partout, dans toutes les relations humaines. Ce n’est peut être pas le lieu de développer le concept de transfert. Se trouvant partout, il est normal de le retrouver dans la relation « Guru-Aspirant ».
La relation Guru-Aspirant est une relation thérapeutique qui met en présence une personne libérée avec une personne emprisonnée. Ce qui diffère d’une thérapie psychique est que le principal outil thérapeutique est interne à l’aspirant et hors de son mental. C’est l’Être de l’aspirant emprisonné par l’égo qui viendra purifier l’égo de toutes ses illusions liées au passé. Les thérapies psychiques ou psychologiques, ne peuvent opérer cette libération. Je ne peux pas te dire le nombre de patients et de thérapeutes liés à la psychothérapie ou la psychanalyse que j’ai pu rencontrer. Pas un seul n’était en voie de guérison sous l’impulsion de l’Être. Seul une personne éveillée peut en éveiller une autre. Si cela se produit spontanément, ce qui est extrêmement rare, c’est généralement du au fait que cette Âme avait déjà fait le travail dans une vie antérieure.
Le transfert existe donc dans la relation Guru-aspirant. Ce sera au Guru de le gérer au mieux des intérêts de l’aspirant, comme devrait le faire un thérapeute.
Le véritable Guru est celui ou celle qui est capable d’éveiller la conscience du sujet à l’Être présent au cœur de chacun. Seule la présence de l’Être générée par le Guru est nécessaire pour réaliser cet éveil.
Chemin faisant, le moi ou l’égo du sujet ne manquera pas de réclamer. Que va t’il réclamer ? Tout simplement d’être pris en considération, d’être reconnu, apprécié, flatté, nourri, considéré, écouté, entendu, comme dans toutes les relations thérapeutiques ou ordinaires.
Chaque personne trouvera le Guru qui lui correspond, un vrai Guru joue le rôle qui est profitable à chaque personne pour son évolution Spirituelle et rien d’autre. Il ne se comporte pas de la même façon avec tout le monde. Tu vois bien que c’est comme un thérapeute. La différence réside dans le fait que le Guru éveille l’Être du sujet et que la guérison vient de l’intérieur du sujet mais pas de l’intérieur du mental comme le font toutes les thérapies psychologiques.
Un vrai Guru saura apporter exactement ce qui est nécessaire à chaque personne pour qu’elle s’éveille à sa vraie nature Spirituelle.
Le chemin Spirituel est semé d’embuches, de pièges, d’impasses, de fausses routes. Un Guide est absolument nécessaire. L’égo cherchera toujours les moyens de sauver sa peau. Face au Guru l’égo est obligé de capituler. Pour sauver sa peau il ira parfois jusqu’à vouloir détruire le Guru, il lui trouvera tous les défauts, il changera de Guru ou tentera de renier la Spiritualité, il verra le Guru comme son pire ennemi.
A bientôt Florence.
Pour prolonger, poursuivre à partir de notre échange d’hier sur le guru, je relis donc cet article et souhaitais du coup faire part de ce qu’il m’inspire. Nous évoquions ensemble les écrits de J.Krishnamurti et cette notion d’attachement, qui nous le « savons » bien n’est pas l’amour…et encore moins le chemin vers la compassion. En effet, il invite à se délester de toute forme d’aliénation religieuse, éducative, culturelle, ce seul, sans l’aide, l’accompagnement de quiconque, qu’il nomme gourou. En effet, je partage ton avis, il semble que cela sooit bien délicat voire difficile de mener ce « travail » tout seul. Cependant, et ma formation, à laquelle je suis encore top attachée peut être(!) met pour ma part le guru et l’analyste sur un plan d’accueil du sujet qui va tendre vers ce même « objectif » : permettre au sujet de créer son rapport au monde hors de l’attachement, la dépendance et donc des peurs qui en résultent. Je perçois cependant que dans l’accueil de ce que l’intellect nomme le transfert, les plans de perception et d’élaborations seront différentes dans les représentations respectives du guru et de l’analyste. Pour illustrer ce propos, dans l’expérience que j’ai ressenti des deux tranches d’analyse que j’ai suivi, j’ai pu repositionner ce qui se joue dans les modalités du narcissisme dans un rapport à la dualité et là est bien le problème fondamental, plus équilibré, en tous les cas dans un équilibre qui convenait à mon Moi (appareil psychique compris, les amis surmoi et ça)…..dans le travail que nous menons ensemble, je ressens avec joie que ce Moi se dissous au profit de l’Etre, c’est à dire en tous les cas pour ma part un rapport au monde hors de la perception de cette dualité, hors de la comparaison, hors de la pensée donc, ouvrant ainsi vers un silence……Alors où est le problème ? S’engager véritablement dans une analyse revient à s’engager dans la relation transférentielle avec son analyste, « s’en remettre à », dans une dépendance utile qui deviendra un des outils majeurs et indispensable du processus, il s’agit bien là encore de la position du Moi et des défenses qui l’accompagnent qui tout puissant mène la danse de la vie. C’est quand il lâche, dans un accueil bienveillant et contenant que quelque chose de la créativité peut advenir. Qu’en est-il de la position du guru face à ce que le Moi du sujet va immanquablement « demander » ? Ce que je perçois, découvre et partage dans l’approche qui est la tienne, ne me semble pas exclure cette notion de transfert, peut être la porte -t-elle sur un autre plan? La spiritualité est, comme tout ce que tu dis du guru, tellement imprégnée elle aussi de représentations là encore culturelle, éducatives, familiales que revenir à la source est un chemin semé d’embûches et de résistances que le Moi sait si bien entretenir pour nous rassurer dit-il ! Alors au risque de choquer, je m’autoriserai de dire que le guru est à l’être ce que l’analyste est à l’appareil psychique. Pour revenir à ce qui se questionne pour moi concerne donc le lien entre spiritualité qui est donc l’espace du guru et de l’aspirant et réel/imaginaire/symbolique qui est l’espace de l’analyste te de l’analysant ? Peut être ne s’agit-il pas de lien, mais d’espace et de ‘cohabitation » sereine…..?
Merci de ta présence , bien à toi . Florence
C’est toujours avec joie que je lis vos articles.
Je n’ai rien a développer en particulier, sauf le fait d’approuver ce que vous partagez. Mon expérience me fait être en harmonie avec votre article..
Et donc ce que je souhaitais vous dire est simplement MERCI pour ce partage de votre expérience. cela permet, d’accord ou pas avec la totalité de vos écrits de faire un vrai pas vers Soi, et n’est pas la l’essentiel ..