Article publié le 5 juillet 2010
« Vivre au présent » est une phrase qui revient sans cesse dans la bouche de tous ceux qui parlent de Spiritualité. On s’en fait presque une obligation pour être un bon élève. On va même jusqu’à ne plus rien faire ni entreprendre ni rêver pour être au présent comme le disent les livres. C’est intéressant de voir comment le mental s’approprie les qualités qui seront celles d’un sujet réalisé ou en passe de l’être pour être avant d’être. On confond bien souvent le résultat et le moyen. Vivre au présent est un résultat. Lorsque le mental se sera désagrégé, lorsque la conscience ne sera plus identifiée, qu’elle sera redevenue libre, alors il restera le présent. Ce présent sera celui de l’éternité dont on ne peut absolument pas imaginer ce que c’est avant d’y être. Peu y parviennent. En attendant mon présent est bien autre chose. Ce que je vis au jour le jour est mon présent, bien éloigné du présent absolu. Pourtant c’est avec lui que je dois vivre même si j’espère autre chose. C’est avec ce présent que je chemine. Là encore il faut accepter son imperfection. La perfection de mon imperfection. C’est à partir de ce que je suis que je peux évoluer vers Dieu. C’est celui que je suis qui est guidé vers Dieu par Dieu. Il est donc stupide de jouer à être une autre car c’est faire le propre du mental de faire que je sois un autre que ce que je suis réellement. La première qualité de l’aspirant est l’acceptation de ce qu’il est, avec ses particularités. On peut même s’apercevoir que l’on est celui qui est toujours en train d’être ce qu’il n’est pas.
Ce présent relatif et individuel, parfaitement singulier est le reflet de notre mental. toutes nos peurs toutes nos aspirations et toutes nos croyances teintent notre présent. Inutile de vouloir s’en débarrasser par la force du mental, ce serait ajouter une couche de plus. Il suffit d’apercevoir et de s’en remettre à Dieu.
Apercevoir, maître mot du chercheur de Dieu. Et la question revient : que dois-je faire lorsque j’ai aperçu ? La réponse est simple : fait ce que tu peux. Tu ne peux rien d’autre que ce que tu peux.
Ce que tu feras sera encore conditionné par ton mental. Tout ce que nous faisons est conditionné par l’Être et par le mental. Tant que nous serons identifiés au mental il en sera ainsi.
Apercevoir, faire ce qui nous semble juste et nous en remettre au Divin pour le reste. Vouloir être ceci ou cela c’est toujours vouloir, peu importe le ceci ou le cela. Vouloir c’est avoir une idée de ce qui est juste, mais ce n’est qu’une idée. Dans l’éternel présent la volonté a disparu, c’est ainsi que l’on dit que l’être réalisé ne fait rien, sous entendu de sa propre volonté, il se confère à la volonté du présent qui n’est autre que nécessité pour le dharma (le chemin qui mène à Dieu).
Celui ou celle qui adopte cette attitude verra progressivement les changements survenir. Ils surviendront naturellement sans avoir besoin d’adopter un comportement particulier. Le changement se fera à l’insu de la conscience. Soudain on s’aperçoit que quelque chose a changé, les sentiments, les émotions, le corps changent. Je ne me change pas mais je me découvre différent. Patience et persévérance.