Si au cours de l’année il y a des périodes particulières cela n’est pas contradictoire avec le fait que la transmutation s’opère pas à pas de façon constante. C’est point par point que l’être ré-informe toutes les parties de notre corporalité. J’entends par corporalité l’ensemble des éléments qui constituent notre personne humaine. Seul l’être est capable d’effectuer cette transmutation. On pourrait comparer en imaginant deux bases de données qui permettent de faire vivre le sujet; L’une est le mental, basé sur les acquisitions du passé, l’autre est l’être, basé sur la connaissance absolue, la nature. La première est une illusion la seconde la réalité. Dans l’évolution spirituelle, la connaissance se substitue progressivement au mental. L’ego qui est la conscience à laquelle sont attachés les attributs humains (ce qui le caractérise et lui offre des possibilités) se trouve sous la domination d’une base de donnée ou de l’autre. Actuellement nous sommes dans une phase de l’humanité où le mental est extrêmement prédominant ce qui conduit l’humanité vers une illusion de plus en plus importante qui est la source de toutes les souffrances. L’ego mentalisé veut être le maître et gouverner le monde et sa personne à sa guise. Le monde doit être conforme à ses souhaits, à ses exigences. Étant dans l’illusion, il lui est impossible d’imposer sa loi au-delà d’une limite fixée par les lois naturelles. Cette volonté égotique est extrêmement puissante. Lors de la transmutation, l’ego prend quelque peu conscience de ce qui se passe et souhaite y participer.

C’est un infernal petit bonhomme qui veut toujours tout faire, il est incapable de se laisser faire. Il faut qu’il participe, qu’il aide, il faut qu’il fasse quelque chose. Toute la difficulté est là car il doit se laisser faire totalement., Il n’a pas son mot à dire. Le seul qu’il puisse prononcer c’est « oui ».

Mais non, c’est vraiment très difficile. Combien de fois ai-je entendu cette fameuse phrase « je travaille sur moi », je n’ai presque pas entendu « je me livre à Lui ».

Lors des méditations, le sujet se place sur l’autel du sacrifice. Cela peut paraître prétentieux mais il n’en est rien, je m’en explique. Sacrifier signifie ici « rendre sacré ». C’est l’être qui sacralise le sujet pas à pas. L’ego, le sujet décide de méditer. Il se place comme il se doit, il se présente, s’installe sur l’autel et se livre aux pouvoirs de l’être. A partir de là il lui suffit de rester là et de se laisser faire non sans être parfaitement en conscience, éveillé et totalement désireux et acceptant.

La réalité prend le pas sur l’illusion, minutieusement. Comme un orfèvre l’être détruit et reconstruit le temple dans un même instant, pierre par pierre, dans tous les plans de la corporalité. C’est cela la transmutation, c’est la victoire de la nature sur l’illusion. Il n’en demeure pas moins que l’ego mentalisé voudra toujours se mêler de ce qui ne le regarde pas. La conscience éclairée par l’être saura reconnaître ses interventions. La discrimination permettra de distinguer ce qui est de la nature et ce qui est du mental. A ce moment seulement le poids de la conscience fera pencher la balance en faveur de l’un où de l’autre. Le poids d’une plume suffit à faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. On ne peut pas imaginer le pouvoir de la conscience. La conscience est présence. Elle ne peut se défaire de ses attributs sans quitter l’incarnation humaine, elle y est toujours liée. Elle est donc liée également à l’illusion qui colore ses attributs.

N’est pas saint qui veut. Seule la transmutation sanctifiera le sujet, pas la volonté. On pourra avoir la volonté d’être transfiguré par l’être en sachant que c’est lui seul, l’être, qui sera l’opérateur de la transmutation.

Cela me rappelle un séjour que j’avais effectué auprès de mon Maître, Amma. A peine arrivé, il m’a été totalement impossible de faire quoi que ce soit de ma propre volonté. Tout ce que je voulais faire s’avérait impossible. C’est comme cela que pendant 18 jours j’ai été conduit pas à pas dans une transmutation radicale. Le chemin était étroit et parfaitement balisé sans qu’à aucun moment je ne reçoive des informations verbales par mon Maître. Lorsque je suis arrivé Elle m’a donné son Darshan, Elle ne m’a pas regardé dans les yeux mais Elle a regardé au dessus de ma tête en disant « Oh Oh ». Elle ne m’a plus du tout regardé au cours du séjour, j’ai pourtant développé toutes sortes de stratégies pour y parvenir mais ce fut impossible. Le dernier jour, juste avant de repartir Elle m’a pris dans ses bras pour un Darshan improvisé, elle a regardé au dessus de ma tête et a dit « Oh Oh » avec un immense sourire mais Elle n’a pas croisé mon regard. Ce qui devait être fait avait été fait. Elle m’a bien fait comprendre qu’elle n’était absolument pas intéressée par ce que j’étais, par qui j’étais; Elle n’était intéressée que par mon être.

Toutes proportions gardées, c’est se qui se passe en thérapie initiatique. La conscience traverse les couches créées par le mental pour s’approcher de l’être et permettre la transmutation par le surgissement de l’être. Je constate tous les jours combien il est difficile de se laisser faire. L’ego mentalisé a peur et il croit tout savoir. Alors, se laisser faire, est une affaire bien difficile. Chacun met sa limite et pourtant il est bien souvent indispensable de franchir cette limite. Ce sera une négociation parfois bien longue avant d’obtenir l’acceptation et le laisser faire. Il en est ainsi, c’est la vie humaine.

Le consumérisme est comme toutes les choses en « isme » une exagération et dans ce cas une exagération de la consommation. Nous devons consommer pour vivre et survivre. C’est indéniable. Ce qui pousse à l’exagération est le manque qui ne diminue pas, ou seulement passagèrement, avec la consommation. Cette sensation de manque cherche une compensation permanente par tous les moyens possibles imaginables par le sujet.

Le manque vient du fait que l’homme n’est pas fini. Lorsque l’homme sera fini, réalisé totalement, il baignera dans ce que certains appellent le paradis. L’ancien testament nous dit que l’homme et la femme vivaient dans le paradis et qu’ils ont péché. En conséquence ils ont été chassés et ont du subvenir à leur besoin par leurs propres moyens. C’est une vision que je ne partage pas pour de multiples raisons que je ne peux détailler ici. Je préfère penser que l’homme n’est pas fini, qu’il est sur la voie de sa réalisation totale. En quoi n’est il pas fini? Il lui manque la plénitude de Dieu. Quand l’homme est parvenu à sa réalisation, il baigne dans la connaissance qui lui procure une totale sécurité et une plénitude absolue. Dans ce cas il n’a absolument pas besoin de consommer outre mesure les fruits de ce monde. Hélas nous n’en sommes pas là.

Nous baignons de plus en plus dans l’ignorance car nous sommes de plus en plus vides de Dieu. Pourtant tout est là au dedans de chacun. Le manque de Dieu ou d’Être, induit chez le sujet une insatisfaction considérable, une peur immense et une ignorance abyssale. De nos jours les hommes ne se tournent pas vers Dieu pour combler ce manque mais vers l’extérieur. Ils se tournent vers le conjoint, vers la famille ou la société et ce qu’elle produit. L’homme a besoin de se rassurer, de se satisfaire, et de savoir pour y parvenir. Tout cela il le puise dans le monde extérieur à lui.

Aujourd’hui on peut commencer à s’apercevoir que le consumérisme tourné vers les biens matériels plafonne et donne même quelques signes de régression. Ce qui alerte évidemment les responsables chargés de faire brouter les moutons là ou cela leur rapporte. Il faut booster la consommation, augmenter la croissance pour que les riches soient encore plus riches pour combler leur manque d’Être et leur donner l’illusion d’être quelque chose ou quelqu’un. Certains parlent de nouvel art de vivre en se tournant vers la spiritualité et prétendent diminuer le consumérisme en intégrant dans leur vie une dimension spirituelle. D’un point de vue théorique c’est tout à fait valide. Mais d’un point de vue objectif, ce n’est pas la même chose. Le phénomène me paraît assez simple. Les personnes déçues par la consommation de biens matériels se tournent vers l’immatériel. Ils assimilent le plus souvent la spiritualité à l’énergie, au savoir ésotérique, et aux pratiques qui en découlent, en fait tout ce qui est immatériel. Cet engouement attire son lot de marchands plus ou moins sérieux, plus ou moins scrupuleux. Précédemment les religions étaient une sorte de garde fou qui empêchait les gens de se tourner vers un peu n’importe quoi. Elles ont tellement perdu de leurs crédits que maintenant la plupart se tournent vers des propositions dites spirituelles qui ne sont pas en lien avec la tradition. Cette tendance ne fait qu’éloigner encore plus le sujet de lui-même. Au lieu d’aller chercher des plaisirs dans le supermarché du coin, il va chercher sa satisfactions dans les fruits que le ciel doit lui apporter. On s’éloigne de plus en plus de son centre, de plus en plus de soi donc de Dieu.

Ce n’est pas la quête qui change mais l’objet. En fait le quêteur est le même, il change juste d’objet. On passe de la fraise à la vanille. Le sujet veut obtenir satisfaction sans avoir changé lui-même. Il est impossible d’être totalement satisfait par une quête spirituelle authentique. Le manque sera toujours là jusqu’au jour de la réalisation totale. Le manque est une souffrance et personne ne veut accepter de souffrir, de vivre avec ce manque, avec cette absence qui est motrice. Celui ou celle qui est totalement comblé par sa démarche spirituelle ne peut l’être que passagèrement. Le manque revient après un moment de satisfaction. Ces moments étant comme des carottes qui nous aident à continuer sur la voie. C’est d’ailleurs pour cela qu’il ne faut pas s’y attacher. On peut être comblé, c’est mon cas, et malgré cela vivre avec le manque de Dieu. Je suis comblé mais tu me manques, quel paradoxe. Ce qui signifie, je suis porté par la foi mais Tu me manques.

Le consumérisme se caractérise par le fait que le sujet attend une satisfaction en provenance de l’extérieur. La spiritualité propose d’aller vers l’intérieur et de puiser à la source qui est au cœur de chacun. Pour cela il faut se mettre ne route dans la bonne direction et ne pas attendre de satisfactions importantes immédiates. Il faut accepter de perdre les satisfactions venues de l’extérieur pour pouvoir goûter aux joies de l’intériorité. Le changement est considérable. On ne peut pas boire à deux sources en même temps. L’une doit baisser pour que l’autre grandisse. Je constate très fréquemment que le besoin de satisfaction est tel qu’il doit se concrétiser immédiatement ou presque. La réalisation totale en trois jours. Les promesses sont absolument époustouflantes. Tout tout de suite, sans effort ni souffrances. Il faut bien cela pour attirer le consommateur. Ce sont ces propositions qui font recette. C’est bien la preuve que le consumérisme a encore de beaux jours devant lui.

Pourtant des personnes se tournent vers le cœur, elles ne sont pas légions mais elles se multiplieront.

Le changement de croyances ne signifie absolument pas qu’une personne ait changé. Un homme qui croyait fermement à l’individualisme et qui est devenu humaniste collectiviste ne veut pas dire qu’il soit passé de l’égocentrisme à la charité spirituelle. Son besoin profond a peut être simplement trouvé une plus grande satisfaction dans une nouvelle croyance plutôt que dans la précédente. C’est exactement comme l’athée qui deviendrait religieux.

En réalité ce ne sont pas les croyances qui importent mais ce qui les motive. Une véritable démarche spirituelle ou thérapeutique devrait donc s’intéresser aux tendances profondes qui motivent les croyances plutôt qu’aux croyances elles mêmes.

Ce sont les tendances profondes appelées vasanas dans l’hindouisme qui conditionnent le sujet à croire en quelque chose. Si ce quelque chose satisfait ses tendances il le conserve mais s’il ne les satisfait pas ou trouve quelque chose de plus satisfaisant il en changera sans problèmes. Il est donc complètement inutile de chercher à changer les croyances de qui que ce soit sauf, bien sûr, si celles ci deviennent dangereuses pour lui. Il est beaucoup plus intéressant de chercher à changer les vasanas mais c’est beaucoup plus difficile. D’autant plus difficile que ce réel changement ne peut pas être fait par soi-même mais uniquement par la croissance de l’Être. En règle générale, nous avons toujours tendance à changer ce qui est extérieur plutôt que ce qui est intérieur, c’est tellement plus facile.

Il est relativement aisé de comprendre ce que sont les vasanas primaires ou tendances égotiques primaires. L’absence ou l’insuffisance de présence de l’Être chez une personne engendre immédiatement trois conséquences fondamentales. Ce sont l’ignorance, la peur et l’insatisfaction. L’Être apporte la connaissance, la satisfaction totale et par conséquent l’innocence, l’insouciance et la confiance totale. L’ignorance, la peur et l’insatisfaction sont comblées par des acquisitions puisées dans l’extérieur. L’ignorance est comblée par le savoir, l’insatisfaction par une quête permanente de plaisir et de bonheur tirés d’une source extérieure, la peur par des garanties extérieures. Tous ces substituts constituent nos croyances fondamentales. Vous voyez bien que changer de croyance ne change en rien nos vasanas.

Seule une évolution spirituelle vraie peut changer profondément l’intensité des vasanas primaires. Tous les autres moyens sont des palliatifs qui ne sont que des adaptations de croyances pour vivre mieux ou moins mal.

En thérapie initiatique, je ne m’attache pas à changer les croyances des patients sauf si elles sont dangereuses pour lui à plus ou moins long terme. Bien des fois il sera obligatoire d’attendre que la personne commence à sentir les effets négatifs liés à sa croyance pour consentir à envisager de la remettre en question. Cela devient très gênant lorsque la croyance est satisfaisante pour l’égo mais nuisible à l’évolution de l’Être. Le patient ne sera pas prêt à consentir d’envisager un changement de sa croyance puisqu’elle lui fait du bien. Ce serait comme dire à quelqu’un d’arrêter de prendre une tisane de plante qui lui calme ses nausées mais qui insidieusement et silencieusement lui détruit l’intestin. Tant que vous ne lui apporterez pas la preuve irréfutable que son intestin est en train de se détérioré ou tant qu’il n’aura pas un problème intestinal évident vous ne pourrez pas lui faire abandonner sa tisane. Je vous laisse le soin de remplacer la tisane par d’autres croyances et l’intestin par ce que vous voudrez car je ne souhaite pas mettre en doute vos croyances. Il ne faut jamais scandaliser ou blesser l’égo. C’est pour cela qu’avec un patient il faudra être très patient et attendre que la preuve de la nuisance lui apparaisse plutôt que de lui mettre devant son nez. En thérapie initiatique, la croissance de l’Être est ralentie par les croyances mais elle n’est pas arrêtée. La croissance de l’Être mettra en évidence la nuisance ou l’inutilité de la croyance et le patient en changera ou l’abandonnera alors sans problèmes.

Une question intéressante m’a été posée récemment : Faut-il croire en quelque chose de particulier pour bénéficier de la thérapie initiatique ? Faut-il avoir une orientation vers la spiritualité ou un engagement ? Faut il croire à tout ce que vous racontez dans votre site à propos de Dieu ?

La réponse est simple : aucune croyance n’est nécessaire.

Il suffit d’avoir un minimum de confiance envers le praticien et une envie de guérir ou d’aller mieux. Cela est largement suffisant.

La thérapie initiatique que je pratique nécessite de calmer l’état de réactivité dans lequel se trouve le sujet pour parvenir à franchir la barrière créée par le mental. Se faisant il est possible de permettre à l’être de ré-informer les éléments de la corporalité qui étaient sous la dépendance du mental. Il faut donc que l’état de peur et de réactivité se calme. Or les croyances sont d’ordre intellectuel et orientent le sujet dans une direction particulière. Par exemple si vous croyez et pensez que votre ange gardien va venir du ciel pour vous apporter la guérison, vous allez vous tourner vers le ciel et attendre que cela arrive. Cet état de tension cognitif mobilisera le sujet dans une direction particulière qu’il faudra faire cesser pour pouvoir obtenir une action favorable de la thérapie. Donc on perd son temps. Ce sera pareil si vous croyez que vous ne pouvez pas guérir ou aller mieux. Même chose encore si vous croyez que c’est en respirant comme vous l’avez consciencieusement appris que vous aller faciliter le travail, toujours pareil si vous croyez qu’en vous plaçant dans un état de conscience particulier vous aller aider le praticien. J’ai eu l’occasion de rencontrer toutes ces formes de croyances et à chaque fois il faut attendre que le guignol se calme pour pouvoir commencer. C’est pire qu’un guignol bien souvent.

Vous me direz que les bonnes croyances sont utiles. La seule bonne croyance que je reconnaisse pour ma thérapie initiatique c’est la bonne volonté. Mais là encore ce n’est pas de la croyance, c’est un état naturel. Chacun est doué de bonne volonté. Si ce foutu mental truffé de croyances, de peurs et de prétentions, diminue son emprise, cette bonne volonté apparaît d’elle même. J’en reviens donc à une seule chose, le désir sincère de guérir, reconnaître un peu que l’on ne peut pas faire seul et s’abandonner le mieux possible entre les mains du praticien sont les conditions largement suffisantes pour bénéficier de la thérapie initiatique que je pratique.

Vous pouvez constater combien je fais de différence entre la foi et les croyances.

Un bon nombre de personnes m’ont fait part de leurs difficultés vis à vis de la traversée du désert dont je parlais dans le précédent billet. S’il faut encore souffrir, alors non. La vie n’est donc qu’une souffrance ? On souffre déjà assez comme ça alors si aller à Dieu c’est encore souffrir on en sort pas. Je comprends très bien votre réaction. J’aurais dit la même chose avant que j’expérimente cette traversée du désert. Revenons donc sur le sujet.

Cette période succède à l’apparition de la Grâce. La Grâce est un bonheur que rien ne peut égaler. On est prêt à tout pour la vivre en permanence. C’est la manifestation de la vie pure qui apparaît à la conscience. Nul ne peut s’en faire une idée avant de l’avoir vécu. Il y a une étape avant la manifestation consciente de la Grâce et une autre après. Ce sont deux périodes totalement différentes.

Dans la grande majorité des cas c’est un désir égocentrique qui conduit le sujet à se tourner vers la spiritualité. La personne cherche une satisfaction ou cherche à se guérir d’une souffrance. La peur, la souffrance et l’insatisfaction sont les principaux moteurs. Un autre moteur est l’orgueil qui conduit à la recherche d’une satisfaction orgueilleuse. Bref la motivation est égocentrique au départ et c’est normal. Ne vous flagellez pas pour ça, on ne peut pas faire autrement à moins d’être une exception à la règle, mais c’est autre chose et ce n’est pas fréquent. Cette première période doit conduire à la conscientisation de la Grâce sans quoi elle peut durer toute la vie. Durant tout ce temps le sujet oscille dans ces intentions, tantôt tout feu tout flamme tantôt il tourne le dos à la spiritualité et reprend sa vie précédente ou se tourne vers autre chose. Pas de problème, Dieu nous a fait libres et ne forcera jamais quelqu’un à aller là où il refuse d’aller.

Chacun a la responsabilité de sa vie future. Cette étape n’a rien d’un désert, elle sera ce que nous en ferons avec ce que nous sommes.

Un jour la Grâce se manifeste à la conscience. Le sujet est saisi, il ne peut en être autrement. Il est touché au plus profond de lui même et ne pourra jamais oublier ce qu’il vient de vivre. Jusque là c’était le sujet lui même qui traçait sa route si on peut dire. Maintenant c’est Dieu qui trace la route et qui laisse le sujet libre de la suivre ou de ne pas la suivre. La Grâce ne s’est pas manifestée par hasard, il fallait que le sujet soit prêt. C’est ce qu’il a fait pendant toute la première période. Il a préparé le chemin du seigneur. Tout ce qu’il a fait ou construit par lui-même sera détruit et rebâtit par Dieu. Il devient l’ouvrier, il n’est plus le maître d’œuvre. C’est là que commence la traversée du désert. Mais de quel désert?

Une fois que l’on a connu la Grâce, rien d’autre ne peut combler le sujet. Aucun plaisir du monde ne peut remplacer la Grâce. Pour gagner cette Grâce il faudra perdre un bon nombre de tendances égocentriques. Le désert sera donc l’absence de satisfaction profonde égocentrique. Le sujet perdra ses richesses c’est à dire qu’il perdra ses tendances égocentriques. Il ne perdra pas forcément sa fortune financière mais devra perdre la peur de manquer. Dieu choisira la façon de lui faire perdre cette tendance. Nul ne peut savoir de quoi demain sera fait. La vie sera conforme à la nécessité Divine. En contre partie, il y a bon nombre de satisfactions durant cette traversée du désert.

La plus grande satisfaction à mes yeux est la sensation de justesse. La conviction intime de savoir que l’on est sur la bonne route, à sa place, est une satisfaction formidable. Dieu confirme le sujet sur ses choix, sur son positionnement, il lui montre aussi ses erreurs avec douceur. Je rappelle ici que Dieu est pour moi la source de l’information juste. Cette information pointe à la conscience par la Grâce. Le chemin sera bordé d’encouragements, le sujet n’est jamais seul, il chemine en compagnie de lui-même qui n’est autre que Dieu. Certes il y aura des périodes très difficiles mais jamais le chercheur ne sera abandonné. Il aura parfois l’impression que Dieu l’a abandonné mais ce ne sera que pour renforcer sa soif et sa faim ou pour épuiser une tendance égotique.

Progressivement la présence de Dieu se fait plus intense et plus constante, La sortie du désert approche. ce n’est pas pour autant que la route est finie. Il reste encore bon nombre de tendances égocentriques à dissoudre. Je peux vous garantir que si cette période est difficile elle est aussi pleinement satisfaisante. Le désert, c’est donc l’absence, absence de satisfactions égotiques et parfois absence de Dieu, ou les deux à la fois.

Chacun peut renoncer en cours de route. Il ne lui en sera pas tenu rigueur. Certains ou certaines éprouveront le besoin de faire une pause, de s’arrêter sur une île paradisiaque pour un temps et reprendront leur route ensuite. Tous les chemins sont possibles, rien n’est jamais joué d’avance. L’ego est un malin, pour ne pas dire le malin. Il a plus d’un tour dans son sac.

Ce serait à refaire je le referais avec encore plus d’enthousiasme. Mais je ne suis pas au bout de la route et peut être que d’autres déserts m’attendent. A la Grâce de Dieu.

Vous trouverez toutes sortes d’interprétations de l’Éveil. Chaque culture, chaque tendance spirituelle, en donnent une conceptualisation particulière. Je voudrais vous communiquer mon expérience à ce sujet car elle me semble intéressante pour ceux qui cherchent.

L’Éveil de quoi ? Certainement pas de Dieu car il est partout tout le temps. L’Éveil de l’Être pas plus puisque c’est la même chose que Dieu au niveau individuel. Il n’y a que le mot qui change. Toutes nos capacités Spirituelles sont en permanence éveillées et efficientes. Je ne répéterai jamais assez que Dieu ne s’éveille pas, ne se dynamise pas et ne se canalise pas. L’homme n’a aucun pouvoir sur lui.

La seule chose qui nous permet de s’en éloigner est le mental. Le mental est virtuel, il est secrété par nos facultés cognitives qui sous l’emprise de la peur créent un monde rassurant pour calmer la peur et développent des stratégies pour trouver le bonheur. Chacun a son propre mental. Chacun ses tics et ses tocs.

La conscience est totalement prise par le mental. La conscience peut être vue comme un point au centre d’un œuf dont la densité est plus ou moins importante et la coquille plus ou moins solide et épaisse. Cet œuf mental est un monde virtuel. Il est fait de croyances, de savoirs, d’idées. Le mental isole la conscience du monde réel qui est Divin. Je dis bien que c’est la conscience qui est prisonnière à l’intérieur même du sujet. Mais le sujet baigne en permanence dans la divinité, Il ne faut pas chercher Dieu au dehors, Il est en chacun. En chacun se trouvent deux monde l’un illusoire, le mental, l’autre réel le Divin. Toutes les informations qui émanent de la réalité sont travesties par le mental. Chacun voit le monde et le comprends à partir de son mental individuel.

Il réagit à partir de ce mental.

L’Éveil pourrait être le moment où, pour la première fois, la conscience est saisie par une information en provenance de la réalité. L’information essentielle pénètre au travers du mental sans en être altérée et touche la conscience. C’est le plus souvent un moment merveilleux, plus ou moins intense et plus ou moins durable. Ce n’est pour moi qu’un préambule. La première fois est toujours importante pour celui qui le vit, c’est un instant très marquant. Je ne pense pas qu’il faille attribuer à ce fait le terme d’Éveil. Certes la conscience s’est éveillée à quelque chose d’inhabituel, considéré comme extraordinaire et Divin par celui qui le vit. Tout ce qui est revêtu du qualificatif extraordinaire n’est pas forcément divin, loin s’en faut. Je dirais plutôt que le sujet est interpellé. Il peut en être intrigué, stupéfait, exalté, enorgueilli et je ne sais quoi encore.

Si ce surgissement est d’ordre Divin, la curiosité du sujet va être mise en mouvement et il va chercher. Chercher quoi? il ne le sait pas mais il va se mettre en route. Il aura peut être des piqûres de rappel. De toutes façon il trouvera spontanément sur sa route tout ce qui lui faut pour le guider. Je dirai que c’est la première phase d’un cheminement participatif. Pendant ce temps, le sujet est généralement comblé de bonnes surprises et de gâteries. Il a l’impression que tout ou presque lui tombe du ciel. La durée ainsi que toutes les qualités de cette période sont très variables d’un sujet à l’autre.

Si tout va bien, l’Être va prendre de plus en plus de place, il va progressivement envahir le sujet et transmuter ses énergies. Arrive un moment où les encouragements se font plus rares, les cadeaux également, nous approchons du désert. Il va falloir le traverser. Durant la période précédente le chercheur aura fait provisions de détermination, de désir et de volonté grâce aux encouragements donnés par la perception de sensations très agréables. L’aspirant était sous le charme. Le voici maintenant sous le poids de sa pesanteur, sous le poids de ses tendances égocentriques. Il devra œuvrer s’il en a le courage pour s’en défaire, pour s’en extraire. Je compare volontiers cette situation à celle d’un asticot au milieu d’un pot de glu (je sais c’est pas gentil). Le temps passera jusqu’à ce qu’il sorte du désert.

En sortant du désert le chercheur retrouve Dieu en lui. Il est capable de le reconnaître. Il sait faire la différence entre ce qui est de son ego et ce qui est de son essence. Il est capable de discrimination, de reconnaissance (connaître ce qui a déjà été connu). Il trouve Dieu en lui et le reconnaît chez les autres. Le chemin est bien loin d’être terminé, c’est une nouvelle étape qui commence. A ce stade je pense que l’on peut dire que le sujet est éveillé. Il lui reste à se réaliser, c’est à dire devenir Dieu et pour cela il devra perdre totalement son ego mentalisé puis se fondre en Dieu en abandonnant son ego.

Le chemin est long mais il est heureux. Ne croyez pas que ce soit une torture permanente. Il est semé de merveilleux qui relativise les souffrances et fait les oublier.

Pourquoi la bataille serait-elle longue et difficile ?

Déjà ce n’est pas une condition nécessaire mais c’est ce qui va probablement se passer.

L’ego s’est construit sur la peur et a développé une importante armée pour se protéger, assurer sa survie et se satisfaire. La peur ne lâche pas aussi facilement qu’on le voudrait. Consciemment on pense que c’est possible et relativement aisé mais lorsqu’une situation difficile pointe le bout de son nez on s’aperçoit très vite combien les peurs sont présentes et facilement réactivables. D’autre part l’ego se prend pour le patron alors qu’il n’est que le premier ministre. Il ne lâchera pas non plus facilement son pouvoir et mettra tout en œuvre pour garder sa suprématie. Tels sont les principales raisons pour lesquelles ce ne sera pas facile.

En fait ça ne doit avoir aucune importance car si on pense qu’il faut atteindre le but et qu’après tout ira bien, c’est déjà mal parti. Nous ne pouvons pas savoir quel est le but. On peut bien dire que l’on veut être réalisé ou débarrassé de l’ego mais qui sait ce que cela signifie et quel est la nature de cet état. Seul celui qui y parvient le sait. Les autres ne peuvent que s’en faire une idée qui, comme toutes les idées, est fausse.

La seule chose importante, à mes yeux, est de se trouver sur le chemin qui mène à Dieu en essayant de faire le moins possible de zigzag. Tout le monde est guidé par Dieu qu’il le veuille ou non. Le sentiment le plus précieux dans la vie et qui sert de boussole est celui de justesse. Avec un minimum d’honnêteté on sait très bien si notre comportement est juste ou pas. Faisons ce qui nous semble juste, soyons ce qui nous semble être juste et nous serons sur le bon chemin. La vie se chargera de nous guider, de nous faire prendre conscience de nos erreurs, de créer les situations nécessaires. La vie est notre Guru. Ce qui ne nous empêche pas de prendre refuge en un maître parfaitement réalisé.

Inutile donc d’attendre d’arriver au but pour avoir une vie heureuse et enrichissante.

La souffrance, la peur, l’insatisfaction sont les principales raisons qui conduisent les personnes à se tourner vers la spiritualité. Elles se tournent vers le ciel comme elles se sont tournées précédemment vers le matérialisme. La quête est la même ou presque.

Le sujet attend ou espère que l’extérieur en l’occurrence Dieu extérieur vienne combler son insatisfaction, vienne le rassurer, vienne le soulager. La démarche est donc purement égotique. Dans le matérialisme le sujet allait chercher ce qui était autour de lui. dans sa recherche pseudo spirituelle il va chercher dans l’au-delà. Il s’éloigne encore plus de lui même et va même tenter dans certains cas de sortir de lui-même pour trouver un monde meilleur dans les mondes parallèles. Tout ceci n’a rien à voir avec la spiritualité, c’est de l’illusion pure et simple. Plus il se fuit en fuyant sa souffrance et son insatisfaction, moins il a de chance de s’éveiller à son intériorité. L’Être est là au cœur de chacun ici et maintenant. Certaines personnes rencontreront au cours de leur quête le guide qui saura les remettre dans la bonne direction. Certains le rencontrent et se sauvent car ils n’obtiennent pas satisfaction assez rapidement ou n’ont pas assez de confiance pour suivre ses enseignements.

Toutes les situations sont possibles. Chaque chemin est absolument individuel. Là ou nous passons est là ou nous devions passer. C’est indiscutable. Le premier enseignement d’un véritable guide sera d’amener le sujet à accepter sa situation car il faut commencer là ou nous sommes. La fuite est inutile.

Hors mis certaines rares exceptions la motivation est toujours égotique. Inutile de s’en offusquer, c’est comme ça et c’est ainsi qu’il faut l’accepter. Même l’altruisme, l’humanisme sont le plus souvent égotiques. C’est ainsi. Un jour le sujet est touché par son intériorité, il est surpris par ce quelque chose d’indéfinissable qui survient du dedans de lui-même, par ce numineux comme l’appelle Graf Dürckheim (http://www.fraternet.com/magazine/etr_0410.htm) ou ce charme selon Jankélévitch (http://www.jankelevitch.fr). Être touché, saisi, surpris, sans pouvoir le maîtriser, sans pouvoir l’expliquer. Là l’ego est mis à mal, il n’a pas de prise. Pourtant il se défendra bec et ongle pour garder sa suprématie. La bagarre commence, c’est Kurukshetra (https://fr.wikipedia.org/wiki/Mahabharata) qui s’annonce.

L’histoire d’Adam et Eve m’a toujours amusé. Ils étaient au paradis et tout allait à merveille quand soudain la femme offre la pomme à Adam qui la croque (la pomme) et ils se retrouvent chassés du paradis. Faut-il que Dieu soit méchant pour nous jouer un tour pareil. A en croire l’histoire, l’humain par sa propre faute est tombé en disgrâce et s’est retrouvé à devoir peiner pour trouver les moyens de survivre. Fini le bonheur extatique, place à la sueur et aux souffrances. Tu es puni. Pourtant je croyais que Dieu était juste et bon par nature; Je le crois toujours, j’en suis même intimement convaincu.

Je suis également intimement convaincu que l’humain n’est pas dans cet état de souffrance par punition. Il me plaît beaucoup plus de penser que l’homme n’est pas fini, que la création n’est pas finie. La création est en voie de manifestation, elle déroule son programme et l’homme en fait partie. Le programme a été lancé et il est complet, non modifiable et nul ne peut l’arrêter L’idée que l’homme descend du singe ne me séduit pas non plus. L’homme est, à mon avis, né de rien comme le reste de la création. Désolé pour Darwin.

Pour moi la peur est à l’origine de toutes nos souffrances. Si l’homme était totalement informé par son Être intérieur, il n’aurait aucune peur, ce serait le paradis. Il y a un moment ou la conscience de l’homme n’est plus totalement éclairée par l’Être. C’est le moment de la prise de conscience du « moi et l’autre », le moment de la distinction entre moi et le reste, accompagné d’un sentiment d’insécurité.Voyant la séparation, le sujet ne perçoit plus le tout pleinement sécurisant. L’environnement est considéré comme dangereux si l’homme se sent seul face à toutes les menaces que représente l’environnement. La conscience de la séparation engendre contemporainement la crainte de la disparition, la crainte de la mort.

Le cercle vicieux s’installe donc car la peur écarte l’homme de l’Être, ce qui le rend encore moins confiant, encore plus peureux. Plus le sujet est privé de la saveur heureuse et sécurisante procurée par l’efficience de l’Être plus il est insatisfait. Il développera toutes sortes de stratégies pour trouver son bonheur au dehors, avec les fruits du monde (la pomme). Plus il va chercher dehors plus il s’éloigne de l’Être qui est intérieur. Il devient dépendant de l’extérieur et perd toute l’autonomie procurée par l’Être. La seule façon de s’en sortir est de permettre à l’Être de reconquérir les territoires désertés. La seule façon d’y parvenir est la contagion de l’Être. Là où règne l’Être la peur disparaît ou s’amenuise permettant un surgissement de l’Être. L’Être n’est autre que la nature naturante, Dieu, la perfection. L’Être est au cœur de chacun.

A force d’observer, de méditer sur les causes de la maladie et de tous les désordres qui empoisonnent la vie de tout un chacun, j’en arrive à une conclusion simple et évidente. La peur est notre seule maladie. La conscience, l’ego, le « Je » prend peur lorsqu’il n’est pas informé, comblé par l’Être. La peur constitue rapidement une prison dont le prisonnier est l’ego. Privé de l’Être en plus ou moins grande partie, la corporalité dans son ensemble est fragilisée, la bonne nature ne peut plus œuvrer de façon optimale. L’homme peureux développe des compensations et des réactions extrêmement variées et complexes pour tenir debout et trouver une satisfaction dans le monde. Toutes ces réactions ne seraient pas là sans la peur. La physiopathologie et la psychopathologie ont pour cause primordiale unique la peur.

La présence de l’être est la seule possibilité pour calmer la peur et permettre l’émergence de l’Être.