« Vivre au présent » est une phrase qui revient sans cesse dans la bouche de tous ceux qui parlent de Spiritualité. On s’en fait presque une obligation pour être un bon élève. On va même jusqu’à ne plus rien faire ni entreprendre ni rêver pour être au présent comme le disent les livres. C’est intéressant de voir comment le mental s’approprie les qualités qui seront celles d’un sujet réalisé ou en passe de l’être pour être avant d’être. On confond bien souvent le résultat et le moyen. Vivre au présent est un résultat. Lorsque le mental se sera désagrégé, lorsque la conscience ne sera plus identifiée, qu’elle sera redevenue libre, alors il restera le présent. Ce présent sera celui de l’éternité dont on ne peut absolument pas imaginer ce que c’est avant d’y être. Peu y parviennent. En attendant mon présent est bien autre chose. Ce que je vis au jour le jour est mon présent, bien éloigné du présent absolu. Pourtant c’est avec lui que je dois vivre même si j’espère autre chose. C’est avec ce présent que je chemine. Là encore il faut accepter son imperfection. La perfection de mon imperfection. C’est à partir de ce que je suis que je peux évoluer vers Dieu. C’est celui que je suis qui est guidé vers Dieu par Dieu. Il est donc stupide de jouer à être une autre car c’est faire le propre du mental de faire que je sois un autre que ce que je suis réellement. La première qualité de l’aspirant est l’acceptation de ce qu’il est, avec ses particularités. On peut même s’apercevoir que l’on est celui qui est toujours en train d’être ce qu’il n’est pas.

Ce présent relatif et individuel, parfaitement singulier est le reflet de notre mental. toutes nos peurs toutes nos aspirations et toutes nos croyances teintent notre présent. Inutile de vouloir s’en débarrasser par la force du mental, ce serait ajouter une couche de plus. Il suffit d’apercevoir et de s’en remettre à Dieu.

Apercevoir, maître mot du chercheur de Dieu. Et la question revient : que dois-je faire lorsque j’ai aperçu ? La réponse est simple : fait ce que tu peux. Tu ne peux rien d’autre que ce que tu peux.

Ce que tu feras sera encore conditionné par ton mental. Tout ce que nous faisons est conditionné par l’Être et par le mental. Tant que nous serons identifiés au mental il en sera ainsi.

Apercevoir, faire ce qui nous semble juste et nous en remettre au Divin pour le reste. Vouloir être ceci ou cela c’est toujours vouloir, peu importe le ceci ou le cela. Vouloir c’est avoir une idée de ce qui est juste, mais ce n’est qu’une idée. Dans l’éternel présent la volonté a disparu, c’est ainsi que l’on dit que l’être réalisé ne fait rien, sous entendu de sa propre volonté, il se confère à la volonté du présent qui n’est autre que nécessité pour le dharma (le chemin qui mène à Dieu).

Celui ou celle qui adopte cette attitude verra progressivement les changements survenir. Ils surviendront naturellement sans avoir besoin d’adopter un comportement particulier. Le changement se fera à l’insu de la conscience. Soudain on s’aperçoit que quelque chose a changé, les sentiments, les émotions, le corps changent. Je ne me change pas mais je me découvre différent. Patience et persévérance.

Le cheminement m’amène aujourd’hui à une sensation très particulière quand je regarde devant moi, vers l’avenir. Cette sensation est tout d’abord apparue occasionnellement pour finir par s’établir continuellement. Il aura fallu plusieurs années pour qu’elle soit maintenant permanente. L’avenir est une infinité de possibilités dont aucune ne retient plus particulièrement mon attention.

Si je pense à essayer de définir l’avenir par anticipation, j’aperçois un immense espace à l’intérieur duquel je pourrais choisir de m’intéresser à l’une ou l’autre de toutes les possibilités qui se présentent. Cependant je ne vois aucune information qui me permette de choisir plus précisément une possibilité particulière. Tout est égal, tout est possible, mais il m’est impossible de choisir et de me diriger vers un avenir particulier. C’est une sensation très curieuse qui induit un comportement singulier. Je suis positionné au présent rien du passé ne me retient et rien d’un avenir ne me séduit. Mon avenir est donc totalement conditionné par le présent. Chaque pas me mène ou je dois aller sans savoir où je vais. Cette attitude non volontaire peut être très discutable. Je pourrais dire que je ne sais pas ce que je veux. Je sais très bien ce à quoi j’aspire. J’aspire à l’absolu, à Dieu, à la beauté, à la paix, à la liberté, à l’amour inconditionnel, à la compassion. Je n’ai cependant aucune idée du chemin que j’emprunterai pour y accéder. Avant je voulais, je savais ce qu’il fallait faire et par où ou par quoi il fallait que je passe. J’aurais levé des armées, construit des temples. Je me serais fait moine, ermite. Ce n’est pas que je voulais être moine au présent mais que je voulais être moine pour aller vers mon objectif. C’est très différent. Je disais, également, que je ne ferais jamais ceci ou cela. La vie m’a montré que toutes ces croyances étaient inutiles et vaines. J’ai fait ce que jamais je n’aurais voulu faire et pire encore je n’ai jamais réussi à mener à bien mes projets ambitieux pour parvenir à devenir ce que je croyais indispensable de devenir pour aller à Dieu.

Mon chemin me ramène de plus en plus au présent. A un présent de plus en plus immédiat. Je ne fais aucun effort pour cela, je n’ai fait aucun effort pour être comme cela. Je ne savais absolument pas ce que ça pouvait être que de se rapprocher du présent. Je pensais comme beaucoup que c’était « être à ce que l’on fait », contraindre son mental, sa pensée à être au moment présent et se détourner de tous les projets d’avenir ou de tous les regards vers le passé. Ca c’est une attitude, ce n’est pas un état naturel, il faut faire un effort pour être comme cela. Ca peut être un exercice mais ce n’est pas un résultat. Être au présent ne nécessite aucun effort, aucune volonté. Le passé et l’avenir sont dans le présent. Plus on s’en approche plus c’est vide de tout et plein de rien de distinguable. L’avenir est vu comme un ensemble de possibilités dont aucune ne remporte ma préférence pour me mettre en route vers elle. Il y a bien des « j’aimerais bien », des « ce serait sympa », des « surtout pas » Mais aucun élan vers ou contre. Il n’y a plus de mouvement vers. Oui c’est ça, il n’y a plus de mouvement vers. Tout est là, dans l’instant. Ma place est là, ici maintenant. Toutes les circonstances et les contingences sont idéales dans l’instant pour me conduire là où je dois aller. Au début, quand j’ai commencé à vivre occasionnellement dans cet état, c’était plutôt angoissant. J’avais encore peur de l’avenir, j’avais peur qu’il ne soit pas bon c’est-à-dire qu’il ne soit pas conforme à mes croyances, à mes idéaux, à mes espoirs. La peur s’est estompée avec toutes mes croyances en l’avenir. Encore une fois je n’ai pas fait d’effort pour les gommer, les effacer, les masquer, les remplacer. C’est le développement de l’être qui a permis toutes ces transformations. La transmutation s’est opérée progressivement et s’opère encore pas à pas. Je m’approche du véritable présent. Là où il n’y a plus rien, plus de distance, plus de temps, tout et dans ça, « béatitude ».

Cet état n’est pas facile pour les personnes qui me fréquentent. Tout engagement n’est véritable que dans l’instant. Je ne sais jamais de quoi demain sera fait. Tout peut changer, je ne suis sûr de rien. C’est vraiment très inconfortable pour ceux qui veulent des certitudes sur l’avenir.

On me dit que je souhaite aller à Dieu et que c’est un objectif d’avenir comme un autre. En fait, non, ce n’est pas pareil car Dieu est au présent, il est là ici maintenant, il n’est pas à demain il est là. La réalité est là, il suffit que le regard change, qu’il se décroche du passé et de l’avenir.

Je mesure combien c’est dans le présent que l’avenir se construit. C’est là que chacun peut œuvrer pour orienter sa vie vers les illusions du mental ou vers la réalité de l’Être.

« Elle est pas belle la vie ? »

Si au cours de l’année il y a des périodes particulières cela n’est pas contradictoire avec le fait que la transmutation s’opère pas à pas de façon constante. C’est point par point que l’être ré-informe toutes les parties de notre corporalité. J’entends par corporalité l’ensemble des éléments qui constituent notre personne humaine. Seul l’être est capable d’effectuer cette transmutation. On pourrait comparer en imaginant deux bases de données qui permettent de faire vivre le sujet; L’une est le mental, basé sur les acquisitions du passé, l’autre est l’être, basé sur la connaissance absolue, la nature. La première est une illusion la seconde la réalité. Dans l’évolution spirituelle, la connaissance se substitue progressivement au mental. L’ego qui est la conscience à laquelle sont attachés les attributs humains (ce qui le caractérise et lui offre des possibilités) se trouve sous la domination d’une base de donnée ou de l’autre. Actuellement nous sommes dans une phase de l’humanité où le mental est extrêmement prédominant ce qui conduit l’humanité vers une illusion de plus en plus importante qui est la source de toutes les souffrances. L’ego mentalisé veut être le maître et gouverner le monde et sa personne à sa guise. Le monde doit être conforme à ses souhaits, à ses exigences. Étant dans l’illusion, il lui est impossible d’imposer sa loi au-delà d’une limite fixée par les lois naturelles. Cette volonté égotique est extrêmement puissante. Lors de la transmutation, l’ego prend quelque peu conscience de ce qui se passe et souhaite y participer.

C’est un infernal petit bonhomme qui veut toujours tout faire, il est incapable de se laisser faire. Il faut qu’il participe, qu’il aide, il faut qu’il fasse quelque chose. Toute la difficulté est là car il doit se laisser faire totalement., Il n’a pas son mot à dire. Le seul qu’il puisse prononcer c’est « oui ».

Mais non, c’est vraiment très difficile. Combien de fois ai-je entendu cette fameuse phrase « je travaille sur moi », je n’ai presque pas entendu « je me livre à Lui ».

Lors des méditations, le sujet se place sur l’autel du sacrifice. Cela peut paraître prétentieux mais il n’en est rien, je m’en explique. Sacrifier signifie ici « rendre sacré ». C’est l’être qui sacralise le sujet pas à pas. L’ego, le sujet décide de méditer. Il se place comme il se doit, il se présente, s’installe sur l’autel et se livre aux pouvoirs de l’être. A partir de là il lui suffit de rester là et de se laisser faire non sans être parfaitement en conscience, éveillé et totalement désireux et acceptant.

La réalité prend le pas sur l’illusion, minutieusement. Comme un orfèvre l’être détruit et reconstruit le temple dans un même instant, pierre par pierre, dans tous les plans de la corporalité. C’est cela la transmutation, c’est la victoire de la nature sur l’illusion. Il n’en demeure pas moins que l’ego mentalisé voudra toujours se mêler de ce qui ne le regarde pas. La conscience éclairée par l’être saura reconnaître ses interventions. La discrimination permettra de distinguer ce qui est de la nature et ce qui est du mental. A ce moment seulement le poids de la conscience fera pencher la balance en faveur de l’un où de l’autre. Le poids d’une plume suffit à faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. On ne peut pas imaginer le pouvoir de la conscience. La conscience est présence. Elle ne peut se défaire de ses attributs sans quitter l’incarnation humaine, elle y est toujours liée. Elle est donc liée également à l’illusion qui colore ses attributs.

N’est pas saint qui veut. Seule la transmutation sanctifiera le sujet, pas la volonté. On pourra avoir la volonté d’être transfiguré par l’être en sachant que c’est lui seul, l’être, qui sera l’opérateur de la transmutation.

Cela me rappelle un séjour que j’avais effectué auprès de mon Maître, Amma. A peine arrivé, il m’a été totalement impossible de faire quoi que ce soit de ma propre volonté. Tout ce que je voulais faire s’avérait impossible. C’est comme cela que pendant 18 jours j’ai été conduit pas à pas dans une transmutation radicale. Le chemin était étroit et parfaitement balisé sans qu’à aucun moment je ne reçoive des informations verbales par mon Maître. Lorsque je suis arrivé Elle m’a donné son Darshan, Elle ne m’a pas regardé dans les yeux mais Elle a regardé au dessus de ma tête en disant « Oh Oh ». Elle ne m’a plus du tout regardé au cours du séjour, j’ai pourtant développé toutes sortes de stratégies pour y parvenir mais ce fut impossible. Le dernier jour, juste avant de repartir Elle m’a pris dans ses bras pour un Darshan improvisé, elle a regardé au dessus de ma tête et a dit « Oh Oh » avec un immense sourire mais Elle n’a pas croisé mon regard. Ce qui devait être fait avait été fait. Elle m’a bien fait comprendre qu’elle n’était absolument pas intéressée par ce que j’étais, par qui j’étais; Elle n’était intéressée que par mon être.

Toutes proportions gardées, c’est se qui se passe en thérapie initiatique. La conscience traverse les couches créées par le mental pour s’approcher de l’être et permettre la transmutation par le surgissement de l’être. Je constate tous les jours combien il est difficile de se laisser faire. L’ego mentalisé a peur et il croit tout savoir. Alors, se laisser faire, est une affaire bien difficile. Chacun met sa limite et pourtant il est bien souvent indispensable de franchir cette limite. Ce sera une négociation parfois bien longue avant d’obtenir l’acceptation et le laisser faire. Il en est ainsi, c’est la vie humaine.

Pour rassurer les fidèles lectrices et lecteurs, le blog n’est pas en panne, mais je n’ai que peu de temps pour écrire en ce moment.

La période du printemps qui est également liée à Pâques, est depuis bon nombre d’années un moment particulier dans ma vie intérieure. La vie intérieure et extérieure sont complètement liées. Il m’est tout à fait impossible de les dissocier.

Moment important qui m’amène à beaucoup plus de regard vers mon intériorité. C’est le temps où, tout ce qui a été touché lors de la plongée de l’automne, dans le fond de la nuit, arrive à maturité et s’épanouit dans un déploiement de plus en plus merveilleux. Autant dire que je suis très captivé. Ce serait comme un jardinier qui, après avoir patiemment cultivé une fleur rare et précieuse, dont le parfum promet d’être enchanteur, attend avec ferveur le moment où elle va enfin s’ouvrir. Ce moment est maintenant. Chaque année une nouvelle fleur éclot.

Durant tout le printemps et l’été, toutes les informations et toutes les énergies nouvellement disponibles pourront être largement utilisées. Je suis toujours émerveillé de constater combien le corps est lié à l’évolution spirituelle. La reprogrammation de l’incarnation par les énergies naturelles réalise la transmutation de la matière de l’émotion et du mental. Les trois modes sont transmutés simultanément. Une véritable évolution ne peut pas être sans cette transmutation dans les trois modes. Je constate quotidiennement cet état de fait dans mon corps et dans celui de mes patients.

Une question intéressante m’a été posée récemment : Faut-il croire en quelque chose de particulier pour bénéficier de la thérapie initiatique ? Faut-il avoir une orientation vers la spiritualité ou un engagement ? Faut il croire à tout ce que vous racontez dans votre site à propos de Dieu ?

La réponse est simple : aucune croyance n’est nécessaire.

Il suffit d’avoir un minimum de confiance envers le praticien et une envie de guérir ou d’aller mieux. Cela est largement suffisant.

La thérapie initiatique que je pratique nécessite de calmer l’état de réactivité dans lequel se trouve le sujet pour parvenir à franchir la barrière créée par le mental. Se faisant il est possible de permettre à l’être de ré-informer les éléments de la corporalité qui étaient sous la dépendance du mental. Il faut donc que l’état de peur et de réactivité se calme. Or les croyances sont d’ordre intellectuel et orientent le sujet dans une direction particulière. Par exemple si vous croyez et pensez que votre ange gardien va venir du ciel pour vous apporter la guérison, vous allez vous tourner vers le ciel et attendre que cela arrive. Cet état de tension cognitif mobilisera le sujet dans une direction particulière qu’il faudra faire cesser pour pouvoir obtenir une action favorable de la thérapie. Donc on perd son temps. Ce sera pareil si vous croyez que vous ne pouvez pas guérir ou aller mieux. Même chose encore si vous croyez que c’est en respirant comme vous l’avez consciencieusement appris que vous aller faciliter le travail, toujours pareil si vous croyez qu’en vous plaçant dans un état de conscience particulier vous aller aider le praticien. J’ai eu l’occasion de rencontrer toutes ces formes de croyances et à chaque fois il faut attendre que le guignol se calme pour pouvoir commencer. C’est pire qu’un guignol bien souvent.

Vous me direz que les bonnes croyances sont utiles. La seule bonne croyance que je reconnaisse pour ma thérapie initiatique c’est la bonne volonté. Mais là encore ce n’est pas de la croyance, c’est un état naturel. Chacun est doué de bonne volonté. Si ce foutu mental truffé de croyances, de peurs et de prétentions, diminue son emprise, cette bonne volonté apparaît d’elle même. J’en reviens donc à une seule chose, le désir sincère de guérir, reconnaître un peu que l’on ne peut pas faire seul et s’abandonner le mieux possible entre les mains du praticien sont les conditions largement suffisantes pour bénéficier de la thérapie initiatique que je pratique.

Vous pouvez constater combien je fais de différence entre la foi et les croyances.

Martha est venue m’apporter un cadeau de Noël. Un magnifique tableau où je devine une femme resplendissante d’Amour entourée de couleurs douces et charmantes. Le charme s’opère immédiatement et mon cœur en est profondément réjoui. Ce tableau c’est Martha qui l’a peint. Ce n’est pas banal quand je repense à l’état dans lequel elle était il n’y a que deux ans à peine. Très jeune elle s’était tournée spontanément vers la peinture et ses professeurs reconnaissaient en elle un véritable talent. Hélas à 14 ans ses bras se sont paralysés rendant toute pratique manuelle impossible. Ils étaient lourds, Martha avait l’impression de devoir faire des efforts inouïs pour lever sa main, elle était tout juste capable d’assurer par elle même ses besoins quotidiens élémentaires.

Les différents médecins ont diagnostiqué toutes sortes de maladies telles que la myopathie, la myasthénie, la sclérose en plaque et bien d’autres encore. Aucun traitement ne parvenait à la rendre plus active. Son désir de s’en sortir commençait à s’épuiser vers l’âge de 25 ans.

A cette période, c’est avec l’assistance d’une psychothérapeute et d’un chamane qu’elle parvient à récupérer un peu de force et peut de nouveau subvenir seule à ses besoins. Dès qu’elle essaye de se consacrer à autre chose qu’à des tâches de survie, la paralysie reprend le dessus. Elle est incapable de créativité. Chaque fois qu’elle tente de prendre un pinceau c’est encore pire, elle se trouve projetée dans une sorte de glu qui la paralyse totalement.

Elle a 38 ans quand elle vient me voir sur les conseils d’une amie. Évidemment elle n’y croit pas, elle a déjà tout essayé. Pourtant elle ressent lors de la séance une chaleur dans son cœur et quelques larmes coulent spontanément de ses yeux qui jusque là n’avaient jamais pu pleurer. Elle décide de poursuivre.

Progressivement la motricité revient, elle sent qu’elle peut à nouveau créer. Elle se remet à la peinture. Elle peut peindre, elle peut manier ses pinceaux mais ce qui se projette sur la toile n’est pas joli. Elle ne peut peindre que des choses sombres et violentes. La violence se manifeste dans tous les secteurs de sa vie. Elle quitte son compagnon ou plutôt elle le jette. Elle tente à plusieurs reprise de briser le lien thérapeutique avec toutes sortes de prétextes et toutes sortes de violences. Pourtant quelque chose tient, un lien qu’elle ne peut briser. Elle me dira plus tard qu’elle pressentait vaguement que si elle brisait ce lien elle se condamnait à la mort ou à la souffrance.

Nous sommes donc entrés au cœur de cet source de violence, de révolte, de rage et de haine pour y libérer le cristal de vie qui s’y trouvait emprisonné. Ce ne fut pas sans douleurs, sans doutes, sans peines. Martha a accepté ce parcours car en elle la foi était là. Pas la foi en son thérapeute mais une force intérieure la poussait a poursuivre au delà de sa raison et lui donnait confiance. Martha vient d’avoir 40 ans, l’Amour s’exprime pour la première fois dans sa créativité, elle peut maintenant pleurer de bonheur, de joie. La vie se poursuit avec l’Amour pour compagnon de route.

Le chemin n’est pas fini, une autre étape commence.

Ne vous identifiez pas à Martha, elle est unique comme chacun d’entre nous. Certaines, certains y trouveront des similitudes avec leur propre vie. Une seule chose me semble valable pour tous. Seul l’Amour contenu au cœur même de la pierre est capable de véritablement nous guérir. Nous guérir de quoi ? : de nous même.

Dès sa plus tendre enfance Martha a été élevée dans une famille où elle n’était pas considérée. Elle avait à boire et à manger, pour le reste elle devait se nourrir de l’air du temps. elle a manifesté très tôt une vive intelligence qui lui a rendu les études plutôt faciles mais là encore elle devait suivre la dictature familiale et se consacrer totalement à ses devoirs et à des lectures choisies interminables. Sa seule liberté était la rêverie qui lui était également reprochée car il faut travailler plutôt que de rêver. Elle avait le goût de la peinture mais malgré les encouragements de ses professeurs, sa famille lui a imposé le violon et interdit les pinceaux. 2 ans plus tard elle est paralysée. N’ayant pas été touchée et encouragée dans son essence par l’amour, son ego s’est développé seul et a pris le dessus. Étant très intelligente, elle a tissé une toile immensément dense de ressentiments envers sa famille et le monde. Cette carapace l’a totalement emprisonnée au point de la conduire a l’immobilité, au point de la rendre totalement inconsciente de ce qui s’était réellement passé. Ses forces essentielles ont du même coup été inhibées. Elle s’est emprisonnée elle même par la puissance de son mental égotique. Par vengeance et par orgueil, elle préférait être paralysée, risquer de mourir, plutôt que de se conformer à la dictature familiale. Une autre personne aurait très bien pu mener une double vie, par exemple.

On pourrait penser que sa famille fût mauvaise et que si elle était arrivée au monde dans une autre famille ça se serait mieux passé pour elle. Elle n’aurait probablement pas été malade. La véritable cause de la maladie n’est pas la famille. La véritable cause, ce sont les tendances égotiques héritées des vies antérieures. Ce sont elles qui ont emprisonné Martha. Une autre personne aurait très bien vécu dans les mêmes circonstances. La vie a proposé à Martha de guérir ses tendances égotiques. Ce n’est pas chose facile. Il faut parfois beaucoup de souffrances et de contrariétés pour parvenir a bloquer le pouvoir de l’ego et l’obliger a céder du terrain. C’est également ce que la vie propose a chacun d’entre nous avec plus ou moins d’évidence.

La thérapie pratiquée par la psychothérapeute et le chaman, lorsque Martha avait 25 ans, a permis de re-dynamiser les forces égotiques résiduelles. Ces thérapies n’ont pas permis de libérer l’égo des forces du mental. C’est pourtant grâce a cette thérapie que Martha a pu poursuivre son chemin.

Quand je la rencontre, elle n’a plus d’espoir. Elle vient parce qu’une amie a lourdement insisté. Elle ne croit plus à rien. Elle est en état de survie, sans espoir, sans joies, seule ou presque. Pourtant, dès le départ, elle est touchée là ou jamais elle n’avait été touchée auparavant, droit dans son cœur. Ce n’est pas moi qui décide que les choses se passent de telle ou telle façon, c’est la vie. Arrive ce qui doit arriver. Martha est touchée et elle pleure. Ses yeux étaient restés secs depuis sa plus tendre enfance. Il y a donc un réel espoir de progression favorable, mais en aucun cas on ne peut présager de l’avenir. Il nous faut reconquérir les territoires annexés par le mental chargé de ressentiments. Plus nous progressons plus le mental se manifeste, chaque tendance passe par la manifestation consciente avant d’être dissoute, transmutée. Martha passe de la haine à la jalousie, à la violence envers elle et les autres, elle veut tout casser, elle veut tout détruire. Elle ne détruira que ses forces égotiques. Au passage elle jette son compagnon sans aucun ménagement. il faut dire qu’il l’avait placée dans une situation de soumission perverse. Même les malheureux profitent l’un de l’autre pour assouvir leurs tendances. Il faut passer au travers de la carapace mentale pour créer un pont entre l’être et la conscience. Il nous faut relier la conscience aux informations de l’être. Seul l’être est suffisamment pur pour passer au travers du mental sans risquer de déclencher une recrudescence des forces égotiques.

A présent, Martha a retrouvé suffisamment de forces pour poursuivre son chemin vers l’être et manifester une personnalité plus essentielle que mentale. Elle a conscience que le chemin n’est pas fini mais que de merveilleuses possibilités s’offrent à elle.

C’est avec un grand bonheur que nous poursuivons le chemin.

La foi, en matière spirituelle, est généralement assimilée à une croyance religieuse particulière. Personnellement je n’assimile pas la foi à une croyance, même religieuse. La croyance est une adhésion du mental à la proposition. Lorsque je dis « je crois » cela signifie que la chose à laquelle je crois entre dans le chant de cohérence de mon savoir ou de mes croyances. Il se peut aussi que j’adhère par le simple fait que la chose soit énoncée par quelqu’un en qui j’ai pleine confiance, on devrait dire digne de croyance plutôt que digne de foi. La croyance aveugle n’est pas non plus la foi. On peut tout à fait croire en quelque chose dont on a absolument aucune connaissance. Le je crois en Dieu en est une formidable. Je crois ce que l’on m’a enseigné mais je n’en ai que ma pensée, mon raisonnement pour croire. La croyance collective suffit à me faire croire. Je peux aussi croire parce que cela m’arrange.

La foi, à mon sens, n’est pas une adhésion mentale. Je dirai même qu’elle force le mental. Je considère la foi comme la voix de l’être. L’être frappe à la porte de la salle obscure dans laquelle la conscience est enfermée. La prison c’est le mental. La conscience ne perçoit que le son du mental mais la voix de l’être arrive à s’insinuer et parvient à communiquer des informations à notre appareil cognitif, à notre intelligence. La conscience au début ne voit rien mais elle est tout de même touchée. Elle subodore, suppute, il y a quelque chose qui dérange le bel arrangement concocté par le mental. Elle est obligée d’admettre qu’il y a quelque chose. C’est en ce sens que la foi force le mental. Ceux qui ont vraiment la foi disent qu’ils ne l’ont pas par volonté mais qu’ils n’ont pas pu faire autrement. C’est tout à fait ce qui m’est arrivé, la foi s’est imposée à moi. Je ne peux pas dire que j’ai foi en quelque chose, ce serait une croyance. La foi m’habite c’est tout. En plus des informations cognitives, la foi alimente toute notre physiologie et notre psychologie. Ce sont les informations issues de l’être qui s’imposent. « Ta foi t’as guéri » signifie bien que la force et les informations issues de l’être ont guéri le sujet. C’est aussi le sens de la thérapie initiatique, elle éveille la foi. Ne pensez pas que la foi soit une propriété de la religion chrétienne. Elle n’est pas religieuse, elle est spirituelle.

Sans la foi je ne suis rien, autrement dit sans l’efficience de l’être je ne suis rien. Vous voyez encore une fois que sans l’être il est tout à fait vain de penser pouvoir aller à Dieu. C’est la foi qui nous guide pas à pas, c’est le langage de l’être.

Nous sommes toujours tiraillés entre la voix du mental et la foi. Il arrive un moment où il est possible de sentir quelle est l’origine de l’information, si elle vient de l’être ou du mental. C’est ce que l’on appelle la discrimination. Le poids plume de notre conscience peut alors faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Encore faut-il que la foi ait percé jusqu’à la conscience. Avant l’être agit dans l’ombre mais il nous mène quand même, Dieu guide tout le monde en permanence. Pour certains Dieu est un bel attelage qui tire et guide le char de la vie, pour d’autre ce sera un poisson rouge qui tentera de dévier la route d’un super tanker. Ainsi soit-il. Dieu arrive toujours à ses fins.

Sur le chemin il faudra que la foi se fasse entendre, sans quoi l’ego promènera le chercheur dans toutes les directions. Le mental fait tant de bruit qu’il est bien difficile d’entendre autre chose. On revient toujours à la même conclusion, il faut calmer le mental. Mais comment? A suivre…

Vous trouverez toutes sortes d’interprétations de l’Éveil. Chaque culture, chaque tendance spirituelle, en donnent une conceptualisation particulière. Je voudrais vous communiquer mon expérience à ce sujet car elle me semble intéressante pour ceux qui cherchent.

L’Éveil de quoi ? Certainement pas de Dieu car il est partout tout le temps. L’Éveil de l’Être pas plus puisque c’est la même chose que Dieu au niveau individuel. Il n’y a que le mot qui change. Toutes nos capacités Spirituelles sont en permanence éveillées et efficientes. Je ne répéterai jamais assez que Dieu ne s’éveille pas, ne se dynamise pas et ne se canalise pas. L’homme n’a aucun pouvoir sur lui.

La seule chose qui nous permet de s’en éloigner est le mental. Le mental est virtuel, il est secrété par nos facultés cognitives qui sous l’emprise de la peur créent un monde rassurant pour calmer la peur et développent des stratégies pour trouver le bonheur. Chacun a son propre mental. Chacun ses tics et ses tocs.

La conscience est totalement prise par le mental. La conscience peut être vue comme un point au centre d’un œuf dont la densité est plus ou moins importante et la coquille plus ou moins solide et épaisse. Cet œuf mental est un monde virtuel. Il est fait de croyances, de savoirs, d’idées. Le mental isole la conscience du monde réel qui est Divin. Je dis bien que c’est la conscience qui est prisonnière à l’intérieur même du sujet. Mais le sujet baigne en permanence dans la divinité, Il ne faut pas chercher Dieu au dehors, Il est en chacun. En chacun se trouvent deux monde l’un illusoire, le mental, l’autre réel le Divin. Toutes les informations qui émanent de la réalité sont travesties par le mental. Chacun voit le monde et le comprends à partir de son mental individuel.

Il réagit à partir de ce mental.

L’Éveil pourrait être le moment où, pour la première fois, la conscience est saisie par une information en provenance de la réalité. L’information essentielle pénètre au travers du mental sans en être altérée et touche la conscience. C’est le plus souvent un moment merveilleux, plus ou moins intense et plus ou moins durable. Ce n’est pour moi qu’un préambule. La première fois est toujours importante pour celui qui le vit, c’est un instant très marquant. Je ne pense pas qu’il faille attribuer à ce fait le terme d’Éveil. Certes la conscience s’est éveillée à quelque chose d’inhabituel, considéré comme extraordinaire et Divin par celui qui le vit. Tout ce qui est revêtu du qualificatif extraordinaire n’est pas forcément divin, loin s’en faut. Je dirais plutôt que le sujet est interpellé. Il peut en être intrigué, stupéfait, exalté, enorgueilli et je ne sais quoi encore.

Si ce surgissement est d’ordre Divin, la curiosité du sujet va être mise en mouvement et il va chercher. Chercher quoi? il ne le sait pas mais il va se mettre en route. Il aura peut être des piqûres de rappel. De toutes façon il trouvera spontanément sur sa route tout ce qui lui faut pour le guider. Je dirai que c’est la première phase d’un cheminement participatif. Pendant ce temps, le sujet est généralement comblé de bonnes surprises et de gâteries. Il a l’impression que tout ou presque lui tombe du ciel. La durée ainsi que toutes les qualités de cette période sont très variables d’un sujet à l’autre.

Si tout va bien, l’Être va prendre de plus en plus de place, il va progressivement envahir le sujet et transmuter ses énergies. Arrive un moment où les encouragements se font plus rares, les cadeaux également, nous approchons du désert. Il va falloir le traverser. Durant la période précédente le chercheur aura fait provisions de détermination, de désir et de volonté grâce aux encouragements donnés par la perception de sensations très agréables. L’aspirant était sous le charme. Le voici maintenant sous le poids de sa pesanteur, sous le poids de ses tendances égocentriques. Il devra œuvrer s’il en a le courage pour s’en défaire, pour s’en extraire. Je compare volontiers cette situation à celle d’un asticot au milieu d’un pot de glu (je sais c’est pas gentil). Le temps passera jusqu’à ce qu’il sorte du désert.

En sortant du désert le chercheur retrouve Dieu en lui. Il est capable de le reconnaître. Il sait faire la différence entre ce qui est de son ego et ce qui est de son essence. Il est capable de discrimination, de reconnaissance (connaître ce qui a déjà été connu). Il trouve Dieu en lui et le reconnaît chez les autres. Le chemin est bien loin d’être terminé, c’est une nouvelle étape qui commence. A ce stade je pense que l’on peut dire que le sujet est éveillé. Il lui reste à se réaliser, c’est à dire devenir Dieu et pour cela il devra perdre totalement son ego mentalisé puis se fondre en Dieu en abandonnant son ego.

Le chemin est long mais il est heureux. Ne croyez pas que ce soit une torture permanente. Il est semé de merveilleux qui relativise les souffrances et fait les oublier.

Kurukshetra est une grande bataille racontée dans le grand poème épique qu’est le Mahabharata.

Cette bataille oppose deux clans qui représentent les deux forces en chaque humain, l’Etre et l’ego. Cette guerre est intense et les batailles très dures. C’est ce qui se passe au sein du sujet lorsque celui-ci est en cours de transformation sous l’effet de la croissance de l’Être. Les conflits entre l’Être et l’égo sont très puissants et se vivent au travers de conflits intérieurs émotionnels, mentaux et physiques.

Celui qui me dit que son chemin spirituel est jalonné de belles fleurs, de douceurs et de joie, n’a pas commencé sa transmutation. Il est peut être en train de la préparer. Le véritable changement est douloureux et épuisant. Il faut pour cela une très forte détermination. La volonté égotique ne suffit pas, il est indispensable que la conscience soit touchée par la Grâce. C’est cette perception même fugace qui donne envie, force et intelligence à l’aspirant pour continuer le chemin. C’est la carotte, la boussole et la nourriture. Sans elle rien n’est possible. L’ego identifié au corps et au mental ne peut rien faire. Seule la Grâce peut conduire l’aspirant sincère. Dieu mène à Dieu.

On peut voir deux phases distinctes. La première est le début de la quête, l’ego cherche une satisfaction ou tente de fuir la souffrance. Puis, un jour, la conscience est touchée par la Grâce. A ce moment commence la deuxième phase. Ce moment particulier, charnière sur le chemin, peut être appelé l’éveil. Mais ce n’est que le début du chemin véritable, le début de la transmutation du sujet. Le début du véritable changement. La bataille sera rude et longue.

Il est tout à fait évident dans mon expérience personnelle que plus mon Être prend de l’importance et moins je suis malade, voir plus malade du tout. Ma dernière consultation médicale pour maladie doit remonter à une bonne quinzaine d’années. Les virus passent mais ne m’affaiblissent pas, je sens que mon corps réagit immédiatement sans laisser la place à un quelconque envahissement. Pourtant au cours de ce cheminement j’en ai éliminé par tous les pores de la peau et par tous les orifices, sans jamais me sentir en danger, ni manifester le moindre signe pouvant évoquer l’installation d’une maladie.

Personne n’est malade par hasard, la maladie est une expression liée à la nature du sujet. Les infections sont, à mon sens, la manifestation d’énergies perverses qui sont déjà présentes dans le corps du sujet. Le corps physique est à l’image de la personnalité égotique mentale et émotionnelle. Si le mental change le corps physique change également. Le corps physique est le substrat de toutes les énergies mentales et émotionnelles. Les toxines physiques sont donc la matérialisation de tendances mentales.

Il ne suffit pas de changer son alimentation et de prendre des draineurs et des détoxifiants à tour de bras pour purifier le corps. Si le mental ne change pas tout revient rapidement comme avant. Une bonne hygiène alimentaire est évidemment préférable à une alimentation riche en toxiques.

Je ne dis pas que les cures de détoxination sont inutiles, je dis juste qu’elles ne sont pas suffisantes.