Le séjour est maintenant terminé. Quatre semaines de plénitude, de sérénité, de contentement, d’immersion dans les profondeurs de l’infini.

Comment retourner dans le monde ordinaire, alors qu’ici je me sens comblé ? Tout simplement parce que la grâce Divine invite, pousse celui qui a trouvé le bonheur Divin à le répandre dans le monde par la force de la compassion véritable.

Comme d’habitude je ne choisis pas. C’est juste un « oui » à ce qui m’est proposé. Il n’y a même pas à dire oui car la force de dire non est totalement absente. C’est une évidence, pas de doute, c’est bien le bon chemin, ce n’est même pas un choix personnel. Alors en route pour de nouvelles aventures avec encore plus de joie et d’impulsion. Quelle forme cela va prendre, nul ne le sait. A chaque jour suffit sa peine.

Quand on est sur la bonne route de la vie, la grâce apporte tout ce qui est nécessaire pour accomplir ce qui doit l’être. Alors confiance. Infinie gratitude envers Amma, sans qui rien de ce que j’ai pu vivre de si merveilleux ne serait advenu.

Le seul obstacle à l’émergence du Divin au sein du sujet est la peur. C’est impressionnant de s’apercevoir en creusant un peu la problématique des personnes souffrantes que la seule cause véritable est la peur. Toutes les autres raisons ne sont que des conséquences de la peur.

A partir de la peur originelle, le sujet peut avoir peur de tout. Amusez vous à faire l’inventaire de toutes les peurs qui vous habitent. Je ne me lance pas dans un inventaire, ce serait trop long.

L’ego ne trouve pas de véritable solution à la peur. Il ne peut pas la dissoudre mais seulement la compenser. Parfois on appelle ça le courage, parfois la prudence, parfois l’intelligence. Combien de murs avons nous bâti autour de nous pour nous protéger, combien d’armées avons nous recrutées, combien de vigiles avons nous mis en place ? Dans quelle grotte secrète nous sommes nous réfugiés ?

Tous ces systèmes de protection, de défense que nous avons placés à l’extérieur de nous, dans le monde, dans la société sont présents et actifs au sein de notre propre personne. La peur rigidifie, contracte, immobilise, paralyse. Elle nous rend malade et malheureux.

C’est la peur qui nous prive du véritable bonheur.

« Le monde tel que je le perçois est tel que je suis moi-même ».

La seule solution pour retrouver le bonheur est de réhabiliter le Divin. Celui qui veut s’affranchir de la peur et retrouver le bonheur (pas les petits plaisirs du monde) doit rebâtir la trinité en lui. Cette trinité sera Dieu, moi et le monde. Ce n’est pas la place ici de développer cette trinité. En prenant refuge en Dieu, nous pouvons lui permettre de reconquérir les territoires mangés par la peur. Nous retrouverons la confiance, l’aisance, la paix, la sérénité, l’Amour, la compassion véritable. C’est ce que j’ai réalisé par la Grâce de mon Maître, je peux témoigner du bonheur immense que cela me procure. La sérénité obtenue n’a pas d’égal dans le monde extérieur. Aucun plaisir ne peut remplacer ce bonheur intérieur. Rien d’autre ne peut procurer ce sentiment de totale liberté. J’avais écrit il y a quelque temps « Sans Toi les plus beaux fruits du monde ont le goût de l’absence ». A goûter le monde sans Dieu, il manque toujours quelque chose. Ce quelque chose n’est autre que la présence agissante de Dieu au sein de nous même. Il y a toujours un manque un pas assez, un trop peu, un « ce sera mieux la prochaine fois ».

La nature libérée de l’ego est d’une beauté et d’une perfection absolues.

La nature libérée n’est autre que l’image de Dieu.

Celle ou celui qui s’y intéresse doit se mettre en route, décider d’y aller avec courage et détermination. C’est un choix qu’il faut poser. Il faut s’engager. Comme disait Sri Ramana Maharshi « Si tu veux aller à l’est ne va pas vers l’ouest ».

Comme l’année précédente je suis revenu à l’Ashram d’Amma en Inde pour y passer quatre semaines dans la Divine présence d’Amma.

Comme l’an passé, l’impulsion a précédé la raison. Je ne suis pas venu par raison ou pour des raisons particulières. Je suis venu parce qu’il me fallait venir sans savoir pourquoi. On pourra objecter que ce n’est pas raisonnable. C’est effectivement pas raisonnable du point de vue de la raison ordinaire, celle qui se base sur les règles, la logique, la morale ou le politiquement correct sur la raison de la pensée collective. Par contre la raison de l’être est toute différente. Ne dit-on pas que Dieu a ses raisons que la raison ignore. L’appel par le Divin existe. Je le vis au quotidien mais je n’aurais jamais pu le croire avant de l’avoir vécu. C’est un peu comme les hirondelles qui se rassemblent pour partir faire leur migration. Elles n’ont pas internet ou Facebook pour sonner le rassemblement. On appelle cela l’instinct animal, avec un peu de mépris, pour nous faire croire que nous avons un cerveau plus développé qui a d’autres moyens de savoir ce qu’il faut faire ou pas, l’homme a la raison, il est raisonnable, raisonné. Grâce a cette raison surabondante, nous passons à côté de l’évidence que la vie nous procure en permanence. Nous passons à côté du bon sens. Par contre il serait stupide de s’affranchir de la raison ordinaire si notre conscience n’est pas en relation avec l’Être, n’est pas informée par l’Être. Le sujet est vaste et j’aurai certainement l’occasion d’y revenir.

Voilà maintenant trente ans que je chemine consciemment vers la réalisation du Soi. Toutes ces années ont été très riches en événement et aussi en découvertes. Tout ceci m’a permis de me rapprocher du Divin et d’en vivre les plus belles manifestations dans mon intériorité. Après tout cela je me ressens aujourd’hui bloqué, limité, je me sens lourd et intoxiqué.

Qu’est-ce que cela signifie ?

Je pourrais me dire que je régresse ou que je suis fatigué, intoxiqué par la nourriture ou une mauvaise hygiène de vie. Mais rien de tout cela.

En présence d’un véritable Maître, les limitations qui se cachent bien dans l’inconscient se révèlent. Comme on dit la lumière révèle l’ombre. Plutôt qu’une régression c’est au contraire une avancée qui demande de purifier d’avantage l’ego. C’est une nouvelle étape à franchir, une nouvelle porte qui va s’ouvrir pour avancer sur le chemin qui mène à Dieu.

Sans la Divine Présence du Guru ceci ne serait pas réalisable. J’ai toujours pensé que seul on ne peut rien faire. Tout juste peut-on s’illusionner sur nos capacités et sur notre évolution spirituelle. Pour pouvoir avancer dans cette voie de la Spiritualité opérationnelle, Il faut absolument être en relation avec un Maître. On peut aussi être guidé par une personne plus avancée sur le chemin qui elle aussi est en relation avec un Maître vivant et poursuit sa quête honnêtement.

Le chemin se fait par étapes et beaucoup pourront penser que ce ne sera jamais fini. Il arrive fréquemment que des personnes engagées sur la voie manifestent un certain découragement, une certaine lassitude à toujours devoir faire un effort. Le paradis n’est pas derrière la porte d’à côté. Il faudra peut être plusieurs vies consacrées à la spiritualité pour parvenir au but, à la réalisation, ou pour tout simplement s’éveiller aux manifestations intérieures du Divin.

Le plus important sur cette route n’est pas de parvenir au but dans cette vie ou dans une autre. Un but qui avant d’être atteint ne peut être que le fruit de l’imagination. Le plus important, je ne cesse de le répéter, est de se sentir à sa place, sur le bon chemin. Ce sentiment de justesse apporte beaucoup de paix et de douceur dans la vie. Il est accompagné de confiance et de quiétude. Le doute est aujourd’hui le plus souvent présent et place le sujet dans une insécurité majeure. Cela devient parfois une véritable torture de se demander tous les jours si on fait bien ou mal, si on est sur la bonne route, si il y a un avenir qui pourra apporter un peu de bonheur dans la vie.

Se sentir à sa place n’a pas d’équivalent. C’est, je pense, un des premiers bénéfices et le plus important que la voie spirituelle puisse offrir.

Le doute est un poison subtile qui s’insinue partout et assombrit toutes les expériences de vie. La motivation principale du doute est la peur de ne pas obtenir ce que l’on attend de la vie ou plus simplement de son conjoint ou de son patron. La référence commune est que nous devons jouir de la vie. Il n’est écrit nulle part que la vie doit être une partie de jouissance dans les plaisirs du monde. Le bonheur n’est pas autre chose que de se sentir à sa place, en confiance, en chemin, en route. C’est une saveur délicieuse et je la goûte profondément aujourd’hui même si ce n’est pas facile de se retrouver à devoir encore faire un effort pour poursuivre la route. Le goût de l’effort nous est donné par l’impulsion de l’Être. Le Soi nous donne toute l’énergie nécessaire pour cheminer. Il suffit de ne pas se laisser prendre par le chant des sirènes qui invitent à l’abandon dans les marécages de la vie extérieure ou à la jouissance des plaisirs du monde.

Nous avons le choix et nous devons choisir, Dieu nous laisse libre.

 » Bonjour Gérard, Merci pour ces nouveaux articles. Je me réjouis de voire que tu chemines dans la joie et la bonne humeur. Je profite de ton temps pour te poser quelques questions issues de ma lecture de ton livre « Ainsi sommes-nous » et que j’avais mises de côté. Si je comprends bien : l’homme comprend 3 éléments fondamentaux : le corps, l’âme et l’Esprit (ou Dieu ou Etre). L’Esprit n’est pas notre individualité puisqu’il est en nous comme dans tout le vivant, il ne nous appartient pas. L’âme (l’ensemble de nos énergies passées et présentes) est notre singularité. Elle se réincarne indéfiniment jusqu’à ce qu’elle soit complètement libérée/accomplie. Etre complètement libéré/accompli signifie-t-il atteindre l’état des personnes comme Jésus, Amma…? Si oui cela peut prendre un temps très long et donc un grand nombre de réincarnation. Toutes les âmes avant de se réincarner errent-elles (les âmes qui peuvent interagir avec certaines personnes sur terre qui en ont la capacité) ou certaines accèdent-elles à un autre état intermédiaire? Que devient l’âme une fois totalement libérée? Se dissout-elle dans l’Un Divin ou continue-t-elle à exister en tant que telle? Tout au long de son parcours l’âme est-elle consciente d’elle-même? ET…je n’oublie pas, malgré ces questions, que seul compte le présent ! Mais au cas où les moments de présent dureraient pour l’éternité il vaut mieux se préparer car, comme dirait Woody Allen, « l’éternité c’est long, surtout sur la fin. « 

Bien à toi.
Emmanuel

Merci pour ta question.

La dissociation corps, âme, Esprit (source de la réalité et de la création) est bien comprise.

On trouve toujours une trinité qui en fait ne font qu’un. De même on peut penser mental, émotion, physique, tu ne peux pas en enlever un sans rendre le sujet non viable. Chaque partie peut être détériorée mais ne peut pas être supprimée. C’est un tout indissociable que l’on dissocie pour faire plaisir à notre intellect discursif. Tu sais bien qu’on veut toujours tout savoir. C’est mignon, on a beau le savoir on en demande quand même.

Ce que je voudrais exprimer, pour répondre à ta question, ce sont mes interrogations et mes compréhensions limitées tirées de mon vécu et j’éviterai de répéter ce que les grandes âmes nous disent. C’est amusant car quelqu’un a posé à peu près la même question à Amma lors de son Satsang de la semaine dernière. Je ne vais donc pas recopier sa réponse, qui à mon sens est plus faite pour nous permettre d’arrêter de se poser des questions que d’apporter une réponse précise indiscutable et logique. Notre logique ne trouve pas sa place quand elle veut comprendre le mystère de la création. Comme je disais on attrape mal à la tête et on se perd dans un labyrinthe sans issue. A force de se faire mal on arrive un jour peut être à s’abandonner à Dieu et à accepter que le mystère reste mystérieux sans s’en inquiéter.

Donc après ce long préambule, je dirais tout d’abord que ce qui, à mon sens, se réincarne, ce sont les mémoires du sujet sous forme de tendances. La conscience individualisée est comme enveloppée d’un cocon représentant l’ensemble de ses tendances à purifier. Par exemple une personne avide d’argent, dans l’insécurité permanente et la peur de manquer va se réincarner dans l’état où elle est morte.

Nous avons des centaines de tendances qui sont, inhibées, exaltées ou entre les deux, qui définissent notre personnalité. Les combinaisons sont multiples, ce qui nous rend unique. La notion de Karma (loi de cause à effet) se retrouve bien dans cette conceptualisation car suivant les bonnes ou mauvaises actions que je vais faire dans cette vie, suivant que je progresse sur une voie spirituelle ou pas, ces actions et l’état dans lequel je suis quand je les réalise, vont modifier mes tendances en les rendant plus ou moins justes. Si bien qu’en se réincarnant cette âme va trouver dans le monde ce qui est nécessaire à son accomplissement. L’accomplissement étant la perfection de toutes les tendances. La perfection doit être vue comme un univers de possibilités (les tendances) qui se manifestent parfaitement sous l’impulsion de la nécessité. Sans la nécessité il n’y a rien. La nécessité est dans ce cas la volonté Divine. Mère disait : « lorsque chaque élément sera à sa place, le tout reflétera l’image du Divin » Cette vision satisfait à ma curiosité.

Je pense qu’à notre mort, la conscience réflexive que nous avons de nous même disparaît. A ma mort le sujet nommé Gérard disparaîtra.

Ce « Je » nommé Gérard n’existe que dans cet espace temps, dans cette incarnation. L’homme a cette particularité de se sentir, de se voir, de s’entendre ce qui lui donne la sensation d’exister. L’existence n’est autre que cette capacité réflexive de notre intellect. Conscience, aperception, identification, mémorisation sont l’enchaînement qui se produit dans notre intellect à chaque instant. Je pense que cette conscience de soi-même qui est une de nos caractéristiques existentielles, disparaît après la mort. Je pense que l’arbre n’a pas conscience de lui même. Lors de mes méditations, j’ai eu à plusieurs reprises la grâce de vivre au présent, dans cet instant sans temps. A posteriori, de retour de ces expériences, je me souviens que je n’avais aucune conscience de moi-même, mon corps n’existait pas et la pensée de moi-même en qualité d’homme n’existait pas non plus. Il n’y avait rien et il y avait cette sensation que tout était parfait. Une seule chose était de trop c’était que la conscience avait conscience d’elle même, elle avait la conscience d’être séparée de ce tout. C’était de trop car le désir était de se fondre dans cet océan de rien comme la goutte d’eau se fond dans l’océan. Le témoin qui n’est rien sinon témoin veut disparaître pour se fondre dans la perfection. Cet instant, je l’appellerais la dissolution finale (retour à la source).

Après la mort je pense que la conscience n’est plus identifiée à un individu humain et qu’elle a peut être cette conscience d’être. Je ne peux pas te dire où va cette conscience. Je n’ai pas de réponse personnelle à ce sujet.

Par contre, à propos des « âmes errantes », ayant eu plusieurs fois l’occasion d’en rencontrer et de les libérer pour libérer les personnes qui en étaient affectées, je dirais ceci. Une très forte pensée, au moment de la mort, généralement une pensée de peur ou de volonté, rattache l’âme au plan terrestre où nous vivons. C’est comme si le sujet voulait s’accrocher à la terre et à son passé. Les attachements des proches à ces personnes mourantes peuvent également créer un lien qui empêche l’âme de poursuivre sa route. Ces âmes ont besoin d’énergie pour rester dans ce plan et pompent de l’énergie sur les personnes ou les créatures animales, végétales, ou minérales sur lesquelles elles sont fixées. Ou alors elles survivent par l’énergie donnée par les personnes qui s’y intéressent ou qui y sont attachées. Elles sont en grande souffrance et attendent d’être libérées de ce plan pour pouvoir poursuivre leur route. Ces âmes errantes demeurent dans l’intention qu’elles avaient au moment de la mort. Elles ne peuvent pas agir suivant leur bon plaisir comme nous le faisons de notre vivant.

Je dois reconnaître que dans tout ce que j’ai pu rencontrer et vivre, il y a beaucoup de choses que je n’ai pas compris et que je ne comprends toujours pas. La plupart du temps j’ai pu apporter un soulagement ou une « guérison » aux personnes en souffrance sans pour autant comprendre dans le détail ce qui se passait pour elles. Le Divin connaît tout et j’essaye de n’être que son instrument. Ce qui me convient à merveille.

Je voudrais préciser que dans ce plan intermédiaire ou les âmes et toutes sortes d’énergies pullulent, il es très difficile de s’y retrouver. On pourrait comparer cet espace à l’atmosphère qui est entre l’infini du ciel et la terre. Cet espace est rempli d’énergies diverses et variées. C’est un espace intermédiaire ou règnent la loi Divine et la loi égotique comme sur terre. C’est un espace ou l’ego peut y mettre son grain de sel et y faire régner sa propre volonté. C’est un lieu dangereux où il n’est pas prudent de s’aventurer sans être bien accompagné. C’est le lieu de prédilection des voyants, des manipulateurs d’énergies de toute sorte, des chamans, et de tous les bricoleurs énergétiques. C’est aussi l’espace où toutes les croyances trouvent une justification.

Nous avons effectivement du chemin à parcourir pour arriver à la purification totale et à vivre dans un état de pure conscience permanente dans ce plan terrestre. Comme tu dis on en a pour un bon moment et un bon nombre de réincarnations. Je suis tout à fait d’accord.

Ma question est : qu’est-ce que ça peut faire ? Quelle en est l’importance ?

On se demande si on va souffrir entre les réincarnations. Je pense que le paradis, le purgatoire et l’enfer sont ici sur cette terre à chaque instant. Je ne crains pas de me faire rôtir les pieds par le diable quand je serai mort parce que j’ai péché. J’ai visité les tréfonds de la mort, là où la matière est dissoute, je pense avoir rencontré la mort, ce n’est pas ce qui rend joyeux mais je n’y ai pas ressenti de souffrance.

C’est une activité naturelle. Notre corps se décompose à la mort ce sont donc des énergies particulières qui œuvrent à cette dissolution de la matière. L’âme ne meurt pas.

Le but de la vie n’est pas pour moi de me réaliser c’est à dire de me dissoudre en toute fin dans cet océan de pureté. Si cela m’est donné tant mieux ou tant pis, mais mon but est d’être en chemin et heureux sur ce chemin. Me sentir à ma place, en évolution Spirituelle et servir le Divin en servant la création me suffit. C’est mon but. Comme tu dis c’est au présent. C’est en étant à ma place, inspiré par l’Être, que je suis utile au monde.

Gérard disparaîtra à ma mort. Je ne sais pas comment je m’appelais avant, j’ai des milliers ou des milliards de vies derrière moi ; heureusement que tous mes noms ne sont pas écrits sur mon passeport. Je n’ai aucun souvenir de qui j’ai été ni où ni quand. Toutes ces histoires racontées par des voyants sur nos personnalités passées ne sont que des balivernes tirées du mental des consultants. Comme je ne me souviens pas de mon grand passé sous la forme d’une personne particulière, il n’y a aucune raison pour que je me souvienne de moi la prochaine fois. La mémoires factuelles de cette incarnation disparaît totalement après la mort. Alors des fois je me dis : « à quoi bon m’en faire pour après puisque ce en sera pas moi qui vivrai cet après ». La réponse qui survient immédiatement est : « fais ton devoir d’enfant de Dieu ici et maintenant et t’occupes pas du reste ». C’est pas plus simple comme ça ?

J’espère avoir répondu à ta question. Si ce n’est pas le cas tu peux en poser une autre.

C’est avec grand plaisir que je te répondrai.

Il est 8h30 je reviens de la plage après avoir récité les noms de la mère Divine à 4h50, médité au bord de la plage et pratiqué une séance de yoga.

Je suis à mi parcours de mon séjour à l’Ashram. Je ne sais toujours pas où cela va me mener. Je ressens une nécessité d’intensifier ma pratique et ma concentration sur l’essentiel. Ici ce n’est pas luxueux, mais il y a tout ce qu’il faut pour transformer un lieu de travail spirituel et de concentration sur le Divin en « club méd » de la Spiritualité. Le rythme de la journée est laissé à l’appréciation de chacun, il n’y a personne pour vous dire ce que vous devez faire ou pas, des règles sont affichées et les programmes de la journée sont également affichés sur un tableau. C’est à peu près la même chose toutes les semaines. Chacun fait donc ce qu’il veut. Heureusement que la « loi de la mère Divine » s’impose sans qu’on s’en rende compte sans quoi ce serait un beau bazar. C’est ainsi que procède Amma, elle inspire chacun et fait son œuvre à l’insu de la conscience individuelle. A chacun de se rendre perméable à la Grâce.

Hier je suis allé au Darshan pour la deuxième fois de ce séjour. En faisant la queue, j’ai senti un désir irrésistible d’acheter une guirlande de fleurs pour la passer autour du cou d’Amma avant qu’elle me prenne dans ses bras. Dans la file d’attente, je tenais ma guirlande dans mes deux mains et la caressait affectueusement. J’avais l’impression de la remplir d’Amour pour offrir à mon Maître tout l’Amour que j’éprouvais pour Elle et toute la gratitude pour tout ce qu’elle a fait pour moi depuis tout ce temps. Mon cœur s’échauffait par le feu de l’Amour. Mes mains commençaient à trembler puis des larmes pointaient leur nez au bord de mes yeux. Que du bonheur…

Depuis que je suis arrivé à l’Ashram, Amma ne veut pas croiser mon regard. Je n’avais pas acheté la guirlande pour qu’elle s’intéresse à moi, je voulais juste lui offrir mon cœur. Je n’attendais rien en retour. Heureusement pour mon égo je n’avais aucune attente. Et bien sûr, elle a détourné la tête au moment où je passais la guirlande autour de son cou, m’a posé la tête sur son épaule et donné son Darshan. Ce fut rapide, efficace, net et sans bavure. Une véritable œuvre d’art. C’est clair elle ne veut pas me regarder dans les yeux. Heureusement pour moi j’ai déjà expérimenté la même chose la première fois que je suis venu à l’Ashram, le premier jour elle a regardé au dessus de ma tête en disant « ahahah » comme pour dire « oh c’est intéressant tout ça » et elle a fait la même chose le jour de mon départ. De tout mon séjour de trois semaines elle ne m’a pas regardé. 19 ans plus tard c’est le même scénario sauf que je n’ai pas eu le « ahahah ».

Que faut il en penser ? Si mon mental était dominant, ça tournerait vite au cauchemar. Je me demanderais pourquoi il en est ainsi et des tas de raisons pourraient surgir. La culpabilité pourrait poindre son nez ou la révolte ou la colère. Face à l’incompréhension, à l’insatisfaction, à un sentiment d’injustice ou « d’injustesse », tout peut arriver. L’ego peut devenir la bête féroce qui sommeil au fond de l’inconscient, il peut devenir extrêmement destructeur pour finalement parvenir à se détruire lui même et réduire à zéro les bénéfices d’un tel séjour. Dieu soit loué je ne suis pas dans ce cas de figure.

Je m’observe et essaye d’avoir des informations, je suis à l’affût des sensations qui pourraient s’éveiller. Pour l’instant rien à l’horizon, aucun sentiment négatif et aucune explication. Je suis habité d’un calme et d’un bonheur intérieur permanent, sans me sentir auto-satisfait ou imbu de moi-même. L’idée est : « continue, intensifie tes pratiques, ne perd pas de temps dans des futilités, concentre toi encore plus sur Amma et laisse toi faire ». Je suis persuadé que j’aurai la réponse. Ma confiance en Amma est telle que je crois qu’elle peut tout faire, que je peux tout entendre et que quoiqu’il arrive je lui resterai fidèle. Sans ces conditions, je pense qu’il est impossible de changer radicalement son ego. Je me souviens d’une phrase mais je ne sais plus de qui elle est « il faut être comme le cadavre dans les mains de son embaumeur ». Je vous accorde qu’on peut trouver une image plus agréable mais elle est bien signifiante. Je prendrais bien l’image du patient subissant l’intervention du chirurgien sans anesthésie mais je sais que ça va vous faire froid dans le dos. Pourtant ça y ressemble parfois. Amma dit « quand une dent est pourrie il faut l’extraire et y verser le baume de l’Amour pendant l’opération ». C’est bien comme ça que ça marche.

L’Amour permet cela, la douleur reste là mais la souffrance n’est plus là.

Il faut se laisser faire par l’Être, par le Guru, c’est la même chose. L’ego ne peut pas se changer lui-même. c’est du fond des profondeurs que la graine germe et se développe délivrant progressivement les informations qui vont transformer le sujet et transmuter toutes les mémoires.

J’ai l’habitude de dire que je n’y suis pour rien dans tout ce qui m’est arrivé. La grâce du Guru est irremplaçable. J’ai commencé consciemment mon cheminement en 1982 et n’ai rencontré physiquement mon Maître que dix ans plus tard. Confiance, détermination, patience sont des maîtres mots sur le chemin.

A suivre…

La thérapie manuelle initiatique n’exerce aucune force sur le patient pour contraindre celui-ci à s’orienter suivant les directives du thérapeute. Le thérapeute n’est donc pas la véritable force de guérison. Il se contente de permettre à l’essence même du sujet de venir ré-informer l’ensemble des éléments de la corporalité concernés par la pathologie.
Plusieurs thérapies proposent la même chose et le discours est souvent semblable. Le reiki, l’ostéopathie fluidique, la fasciathérapie, certains guérisseurs, et bien d’autres thérapies énergétiques emploient les mêmes termes et parlent de force intérieure ou d’énergie vitale.
La pratique de la thérapie manuelle initiatique est pourtant bien différente et originale. Pour saisir la différence, il est évident que l’expérience vaudra bien mieux qu’un discours. Mais avant de s’aventurer dans l’expérience, beaucoup ont besoin d’explications.

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La démarche qui m’a conduit à cette pratique de thérapie manuelle initiatique fut totalement empirique. Je pratiquais et j’enseignais une autre thérapie manuelle et, en pratiquant, je me suis aperçu que mes mains ne respectaient pas les protocoles appris. Les manifestations vécues par mes patients étaient inhabituelles et plutôt surprenantes. C’est l’expérience quotidienne qui m’a montré le chemin à suivre et révélé progressivement les possibilités de cette pratique manuelle initiatique. La compréhension n’est venue que plus tard, comme une évidence.
Au départ, j’allais de surprise en surprise. Je plongeais totalement dans l’inconnu avec une confiance absolue. Ce n’était pas de l’aveuglement car la conscience était toujours présente et, avec elle, la vigilance. Cette progression était en étroite relation avec mon évolution spirituelle personnelle.
Il est en effet certain qu’on ne peut accéder en l’autre qu’à ce que l’on accède en soi-même.
Une caractéristique importante était qu’il ne fallait rien faire. Je ne me sentais pas autorisé à manipuler quoi que ce soit avec ma propre volonté et mes propres forces, suivant des idées personnelles de justesse, de bien, de bon, de normal, de pathologique, de sain, que j’aurais pu avoir.
En fait, je n’avais pas d’idée du tout, tellement tout cela me dépassait. Je ne savais que faire de toutes ces sensations et manifestations. La seule chose importante était d’aller avec mes mains et avec ma conscience à la rencontre de l’autre, de plus en plus intimement, de plus en plus profondément.
L’attitude était identique à celle d’une personne voulant entendre ce qui se passe de l’autre côté de la porte. Je ne collais pas mon oreille contre la porte mais mes mains contre la résistance de la matière.
C’était de l’autre côté de la résistance que se trouvait la clé, le guérisseur. Lorsque je passais de l’autre côté de la résistance, je pénétrais de plus en plus profondément au cœur de la matière, comme l’on descend d’étage en étage au fond de la mine pour y trouver le diamant. Je ne peux pas décrire toutes les sensations que j’ai pu avoir, tellement elles sont nombreuses et variées.

Dire que je n’ai jamais été inquiet serait mentir mais j’avais confiance. Je me sentais et je me sens toujours dans la réalité. Il n’y a pas de place pour le phantasme. Ma conscience est totalement mobilisée dans l’instant présent. Elle pénètre en l’autre, dans l’intimité de son intériorité, parce qu’il m’y autorise. La volonté égocentrique ne peut pas pénétrer dans l’intériorité. L’ego de l’un fait obstacle à l’ego de l’autre. La capacité de pénétration du thérapeute dans l’intériorité du patient dépend exclusivement de l’importance du mental égotique du thérapeute. Je dirais volontiers que la carapace mentale incarnée dans la matière est une sorte de filet dont les mailles sont plus ou moins serrées. Le thérapeute doit passer au travers des mailles et des interstices pour accéder à l’intériorité du patient. Plus le mental du thérapeute est important, plus il lui sera difficile de passer au travers des mailles les plus fines, car il sera trop grossier.

Une fois parvenu à un niveau particulier de relation intérieure avec le patient, des forces se mettaient en marche, avec une intelligence extraordinairement aiguisée. Un processus de ré- information et de restructuration s’opérait. J’ai compris plus tard qu’il s’agissait là de la transmutation de la matière. Ce n’était pas moi qui décidais du lieu corporel, de l’émotion et des données mentales qu’il fallait transmuter.

Le sujet possède dans son intériorité une intelligence et des forces que personne ne peut soupçonner avant de les avoir vécues par soi-même. C’est lui le véritable guérisseur.
Mais qui est-il ? Ce qui est particulièrement curieux et intéressant, c’est qu’il y a une rencontre avec rien. Au niveau de relation où l’émergence de forces transformatrices se fait sentir, je ne rencontre rien de particulier. Je ne peux pas dire que je touche ou que je voie quelque chose. Je ne perçois que les conséquences, au sein de la corporalité, de l’émergence des nouvelles informations qui se substituent aux précédentes.

Deux critères parmi tant d’autres marquent bien la différence entre la thérapie manuelle initiatique et les autres thérapies manuelles.
    • La matière est vivante. Elle présente donc la caractéristique essentielle de la vie, qui est le mouvement. Elle est en mouvement permanent. La vie de la matière est une danse perpétuelle ordonnancée. Quand les mains rencontrent la mouvance de la matière, elles peuvent distinguer des mouvements, des micromouvements, des sensations de mouvement ou de mouvance. Le thérapeute évalue, la plupart du temps, la qualité et l’orientation du mouvement, qu’il compare à ce qu’il pense être juste, c’est-à-dire comme on lui a enseigné. Chaque ostéopathe sait quel est le micromouvement juste pour le foie, l’estomac, les os, les articulations, les os du crâne, etc.
Il se trouve que tout cela ne m’intéresse pas du tout et que je n’ai aucune idée de ce qui peut être juste. Ma main accompagne ces mouvements, que je qualifie de transversaux. Ils correspondent à une sensation de déplacement en trois dimensions. Pour moi, ces sensations sont celles de la manifestation du sujet dans son bien-être ou son mal-être. Comme je ne sais pas ce qui est bien pour lui, je ne tente pas de modifier quoi que ce soit par mes propres forces pour amener ces sensations à une situation qui correspondrait à mes croyances. Je me contente de les suivre au plus près pour ne pas les déranger et ne pas induire de réactions de défense. Par contre, je cherche à passer de l’autre côté, à un étage plus profond, qui est au-delà de la manifestation. Lorsque je parviens à passer la barrière et que j’accède à un certain niveau de profondeur, les mouvements changent spontanément et de façon durable, voire définitive. C’est l’émergence de l’information intérieure qui modifie la manifestation. En revanche, il est totalement impossible de matérialiser la source de ces informations.
Je sais qu’elle est atteinte par les effets qui s’ensuivent mais pas parce que je l’ai vue ou identifiée.
Encore une fois, je ne peux pas dire que je l’ai rencontrée mais j’en ai perçu les manifestations. Je reviendrai sur tout cela dans le développement du toucher spécifique.

    • Les thérapies, qui s’intéressent plus aux sensations provenant d’un contact immatériel, ce qui est improprement qualifié de toucher énergétique, comme le reiki par exemple, ont un contact qui s’établit en dehors de la matière ou à sa surface. Le thérapeute perçoit des corps immatériels en dehors du sujet. Là encore, la différence est fondamentale car, dans ma pratique, je cherche ce qui est au-delà de la matière, dans l’intimité profonde de la matière. Beaucoup de thérapeutes énergétiques pensent faire la même chose mais ils sont extrêmement surpris lorsque je leur fais vivre ce dont il s’agit. Après l’expérience, on ne discute plus et les croyances s’envolent. Je ne nie pas qu’il y ait des modifications après un travail sur les énergies superficielles, mais ce n’est tout simplement pas la même chose. Ces changements proviennent de la « contagion animique ». Il n’est pas nécessaire d’avoir fait des études de thérapeute pour obtenir cette contagion. Deux personnes placées dans une relation de proximité suffisante se modifient réciproquement au niveau de leurs énergies manifestées.
Le thérapeute se caractérise par son intention et la connaissance qu’il a acquise de sa pratique.
L’intention est le plus souvent suffisante car les connaissances apprises ne sont que des croyances qui autorisent le sujet à pratiquer en qualité de thérapeute. Sans ce soi-disant savoir, le résultat serait le même, voire bien meilleur, car plus authentique et plus conforme à la réalité.

La croyance écarte de la réalité du présent. Je l’ai particulièrement bien vécu lors de mes études. Savoir n’est rien, il faut être. Dans la thérapie manuelle initiatique, je vais là encore chercher une source au-delà du manifesté, je ne cherche pas à modifier les manifestations suivant mes croyances. Je les accompagne et cherche à m’approcher de ce qui est au-delà de ces énergies, dans la profondeur mais pas dans l’éther environnant. Comme pour la matière physique, tout se modifie dès l’instant où la source délivre ses informations. Il suffit alors d’accompagner et d’accueillir le changement. Surtout ne rien faire mais laisser faire en maintenant sa présence et la relation avec l’intériorité.

Je parle souvent de source et c’est bien comme cela que je le vis. Il y a une source de justesse au cœur de chacun. Elle est au fond de la matière, par delà la manifestation. Elle sous-tend toute la vie. Après plusieurs années de cheminement, j’ai dû me rendre à l’évidence que le guérisseur n’était pas autre chose que l’Être du sujet.
L’Être est une dénomination qui est employée par beaucoup de monde, mais le sens donné est parfois bien différent. L’Être, le Soi, Dieu, être soi-même, l’enfant intérieur, la vraie nature, la vraie personnalité sont des termes qui se confondent pour la plupart des personnes. Nous assistons à une sorte de lissage du vocabulaire. Si l’on demandait à plusieurs personnes de définir précisément le vocabulaire qu’elles emploient, on serait surpris.
Le Soi est considéré dans la tradition comme la source de toutes les informations et de toutes les énergies qui contribuent à la manifestation de chaque créature au sein de la création.
On sait que, dans notre galaxie, la source de la lumière du jour est le soleil. On sait d’où vient la lumière du jour, on en connaît le lieu d’origine, on a identifié l’objet source qui est le soleil et on a une idée assez précise de son mode de fonctionnement.
En ce qui concerne le Soi, c’est beaucoup plus problématique car, lorsque l’on parle de source, on voudrait bien en avoir une description précise comme pour le soleil, il nous faut un objet. C’est là que se trouve le mystère du mystique car il n’y a aucune description possible de cette source qui n’est pas identifiable. Il est impossible de lui attribuer un lieu et une forme. Il est donc impossible de la voir, de l’apercevoir, de la décrire ou de la situer.
Cette source présente au sein de chaque créature n’est autre que Dieu. En sanskrit, on le nomme JivAtman, ce qui signifie l’Atman (Dieu) au sein de l’individu. Cette acception de Dieu est bien loin de celle qui est accréditée par ceux qui font de Dieu un super homme, par ceux qui l’humanisent ou l’anthropomorphisent. Il est devenu très délicat d’employer le mot « Dieu ». Il est tellement connoté, coloré par des croyances diverses et variées, qu’il est quasiment impossible de l’utiliser sans déclencher des réactions négatives et être identifié à une croyance ou à une autre.
J’emploierai donc le mot « Soi » plutôt que « Dieu ». Mais là encore, le mot « Soi » est déjà très utilisé et les sens sont bien différents. Le mot « Soi » étant un pronom qui s’adresse au sujet, à l’individu, il sera plus approprié que le mot « Dieu » qui est plus impersonnel et qui semble plus à l’extérieur du sujet.
Je ne différencie pas les mots « Soi » et « Être ».
En psychologie, le terme « Soi » est utilisé pour décrire, le plus souvent, une personnalité particulière, qui serait la véritable nature du sujet, avant qu’elle ne soit travestie par les conséquences de la vie dans ce monde. Autrement dit, le sujet vient au monde par la naissance avec une personnalité singulière, le « soi », qui est très rapidement sollicité lors de sa relation avec le monde. Cette relation plus ou moins harmonieuse engendre des réactivités qui colorent cette personnalité originelle. Dans cette acception, le « soi » est identifié à quelque chose, c’est une personnalité particulière et singulière. On peut en faire une description, il est chosifié. Il ne doit donc pas être confondu avec le « Soi » spirituel qui est une source d’informations et d’énergie. Le Soi est sans attribut. Il est par conséquent indescriptible, impalpable, comme Dieu au sens purement spirituel et non au sens usité par la plupart des religions.
Le Soi spirituel sera donc pour moi le véritable sens du Soi. Si j’emploie le terme « Soi » en dehors du sens spirituel, je ne manquerai pas de le préciser.

Il apparaît bien prétentieux de prétendre toucher Dieu ou le Soi. Il est d’autant plus fou de penser le dynamiser ou le canaliser. Mais alors, que se passe-t-il pour qu’enfin il délivre ses informations ?
Pourquoi les garde-t-il pour lui et laisse-t-il les humains errer dans le monde avec leurs croyances qui conduisent à la souffrance ?

En réalité, tout est disponible tout le temps pour tout le monde. La source est partout en tout lieu et en toute chose en permanence. Le Soi est là, au cœur de chacun, et délivre en continu les informations justes et les forces nécessaires pour manifester la réalité en permanence. Il est donc inutile de le dynamiser puisqu’il est partout et à pleine puissance, si l’on peut s’exprimer ainsi. Qui peut prétendre avoir un pouvoir sur Dieu si ce n’est un imposteur.
En reprenant la comparaison avec le soleil, on sait bien que personne n’a le pouvoir d’en contrôler la puissance ni d’en modifier l’intensité de rayonnement. Par contre, on peut s’en cacher, on peut se tapir dans l’ombre ou dans la cave, on peut fermer les volets de la maison. C’est bien ce que nous faisons avec le Soi. Nous nous en distancions par un voile, plus ou moins épais, qui est le mental.
C’est comme une toile d’araignée qui enveloppe le bouton de rose et l’empêche ainsi de se développer et de manifester sa beauté au monde. Chez nous les humains, la toile est faite de nos propres fibres, si bien que, si nous voulions l’enlever avec une force extérieure, comme fait le jardinier avec ses doigts pour la rose, on déchirerait le sujet. Ce qui est impossible. Seul le surgissement des informations de l’Être pourra se substituer à celles du mental. Ainsi, la toile contraignante se transformera en pétale de rose.

Il ne reste donc qu’une solution, puisque nous ne pouvons pas intervenir sur l’Être. Il nous faut affaiblir le mental. C’est le but de toutes les démarches spirituelles authentiques et de la thérapie manuelle initiatique.
Le mental, au sens où je l’entends, est un ensemble de mémoires gravées dans le sujet. Le mental fera l’objet d’un chapitre entier mais, pour l’instant, nous pouvons dire que tout notre comportement au présent est conditionné par ces mémoires. Notre référenciel est lié au passé, aux expériences du passé, si bien que, au présent, les informations issues de l’Être ne sont pas prises en compte dans leur originalité et leur singularité. Elles sont teintées, colorées, travesties par le mental, avant d’être prises en compte pour ordonnancer la matière. L’Être délivre en permanence les informations nécessaires et utiles pour une parfaite adaptation du sujet au présent.
La reine (le Soi) délivre une information et le premier ministre (le mental) l’intercepte et la transforme à sa façon, si bien que le pays part en déroute.
Le mental dominant nous contraint à vivre au passé. Prenons un exemple très simple. Dans le passé, j’ai subi des traumatismes graves liés à un abus d’autorité de la part d’une autre personne.
Aujourd’hui, je ne supporte plus l’autorité, ni même les conseils ou les propositions issus de l’extérieur. Je suis donc handicapé d’une partie de la vie, car l’autorité ou les conseils ne sont pas toujours négatifs. Prenons un autre exemple dans un sens différent. J’ai vécu une très belle relation avec une personne aux cheveux bruns. Je sais inconsciemment que seule une personne brune peut m’apporter du bonheur. Je me détourne donc d’une part importante des possibilités. Ces deux exemples fort simples et même caricaturaux sont très différents l’un de l’autre par leur manière de s’engrammer et de limiter les possibilités. Nous verrons cela plus tard.
Ici, il y a deux possibilités pour traiter le problème : soit nous passons par-dessus l’engramme, soit nous le dissolvons.
    • Dans le premier cas, nous ne guérissons pas mais nous développons des forces qui domineront le problème et l’occulteront. Le sujet élargit quelque peu l’espace de liberté dont il a conscience mais ne se libère pas des restrictions engrammées dans l’inconscient. Le sujet est alors soigné mais pas guéri. L’engramme resurgira occasionnellement ou se manifestera plus tard. Cette manière de soigner est celle de la plupart des thérapies.
    • La seconde manière est de dissoudre l’engramme et tout ce qui y est attaché. Seule l’émergence de l’Être est capable de réaliser cela. Lui seul est capable d’effacer définitivement les mémoires erronées et inconscientes liées au passé. Pour avoir soigné bon nombre de thérapeutes, notamment des psychologues, des psychanalystes et des énergéticiens de toutes obédiences, j’ai toujours été étonné de constater, en même temps que ces patients, que le passé qu’ils pensaient avoir résolu était toujours présent. Je ne veux pas dire par là que ces thérapies ne sont pas utiles mais elles n’apportent pas un changement des données du mental lui-même. Elles permettent de mieux vivre avec un mental moins dominant et une conscience plus au clair avec la réalité quotidienne. Ce qui, de toute façon, est indispensable pour aller plus loin dans l’exploration de l’inconscient.

Pour permettre l’émergence de l’Être, il faut donc calmer le mental, le rendre moins actif, moins dominant. Je parle ici de mémoires totalement inconscientes et se situant dans des structures profondes de la mémoire. Pour se fixer, ces mémoires utilisent tous les éléments de la corporalité.
C’est ce que j’appellerais volontiers la cause des manifestations dites psychosomatiques. La matière, les émotions et le psychisme sont conditionnés par le mental. La mémoire n’est pas un simple souvenir. Elle est faite de tout ce qui a été lié à cet événement passé. L’hypnose par exemple ne parvient pas à toucher l’ensemble de ces structures dans le même instant.
La seule façon de réduire l’action du mental est la présence de l’Être. Ce sera le Soi présent au sein du thérapeute qui pourra calmer le mental du patient. Pour cela, il faut déjà que l’Être du thérapeute soit plus accompli que celui du patient. Autrement dit, que le thérapeute soit plus gouverné par le Soi que le patient. L’Être de l’un et l’Être de l’autre sont les mêmes, il n’y a qu’un « Soi », il n’y a qu’une source omniprésente et présente en chacun. La qualité de cette présence est apportée par l’état personnel du thérapeute. La qualité de son toucher, la liberté de sa conscience, la liberté des différents éléments de sa corporalité, son équanimité, son absence de volonté pour l’autre, l’efficience de son Être, définissent la qualité de la présence. C’est cette présence globale, précisée par le toucher et la conscience, qui permet aux restrictions du mental de se desserrer globalement ou localement. Dès que le mental desserre son étau, les informations issues de l’Être prennent immédiatement la place de celles du mental. La transformation du mental s’opère et se prolonge tant que le thérapeute reste présent et accompagne la transmutation et ses conséquences sur les différents éléments de la corporalité du sujet. Après la séance, le patient a passé une étape et continuera son adaptation, suite à l’apport des nouvelles données. Toute sa corporalité, dans les dimensions physique, émotionnelle et cognitive, a été modifiée, et il va poursuivre seul cette transformation en s’adaptant aux changements survenus pendant la séance.
Les techniques de relaxation, de sophrologie, d’hypnose, ainsi que les méditations ordinaires, ne peuvent pas parvenir à ce type de lâcher prise du mental. Elles permettent un lâcher prise de l’emprise du mental sur la conscience mais pas du mental lui-même. Par exemple, on peut faire lâcher la prise de la pince d’un crabe sur votre peau en l’endormant mais le crabe existe toujours. Dès que vous arrêtez ce qui l’empêche de pincer, il repince à nouveau, au même endroit ou ailleurs. La présence de l’Être quant à elle permet de modifier le crabe, de le changer et, progressivement, de le dissoudre totalement. Parfois, c’est toute une colonie qu’il faut dissoudre avec tous ses ascendants. La différence entre l’anesthésie et la transmutation est très importante et ne donne absolument pas le même résultat. Certains penseront qu’il suffit de tuer le crabe mais, dans ce cas, c’est le sujet lui- même qu’ils doivent tuer. Le mental est notre seul ennemi.
Ce n’est pas le thérapeute qui décide de la chronologie des changements nécessaires pour guérir ou soulager le sujet. L’Être possède sa propre intelligence et commencera par transformer ce qui est nécessaire et indispensable. On ne peut pas dire que l’Être choisisse, ni qu’il ait une préférence, comme nous choisissons ou préférons une glace à la fraise plutôt qu’un chocolat chaud.
L’Être apporte la loi de la nécessité. Cela est fait parce que c’est nécessaire et c’est tout et c’est incontournable. Il n’y a pas d’autre alternative possible. Le déroulement du traitement sera, par conséquent, sous la gouverne de l’Être. Il amènera les différents éléments à se modifier suivant une succession chronologique que seul l’Être connaît. Par exemple, il arrive que, pour soulager ou guérir une simple difficulté à marcher à cause d’une douleur dans le pied, l’Être invite à une transformation au niveau de la hanche, voire de la colonne vertébrale, pour revenir au genou puis aux intestins et enfin libérer le pied. Imaginez ce que cela peut être si le motif de la consultation est une dépression de plus de vingt ans. Cela ne préjuge en rien de la rapidité du traitement. On peut guérir d’une dépression profonde en trois séances et, pourquoi pas, en une séance, comme j’ai pu le constater, et guérir d’une douleur mal définie au bout de vingt séances. Ce qui compte n’est pas l’importance du mal dont on souffre mais la disponibilité de l’Être, c’est-à-dire la ténacité du mental. Cette ténacité du mental n’a rien à voir avec la volonté consciente. Ce serait trop simple. Nous y reviendrons. L’Être est donc doué d’une connaissance qui n’est pas dépendante de notre savoir mémoriel.

Il faut bien remarquer que l’Être du thérapeute n’est pas le guérisseur, même s’il est identique.
Il est impératif que l’Être du patient (ce sera la même chose pour un aspirant spirituel) vienne lui-même ré-informer la corporalité. Il serait facile de penser, étant donné que l’Être du patient et celui du thérapeute sont identiques, qu’il soit égal que la transmutation s’opère par l’Être de l’un ou par celui de l’autre. S’il était possible que l’Être d’une personne extérieure au sujet puisse modifier le sujet lui-même, ce serait un acte de domination, de pouvoir de l’un sur l’autre. Heureusement, cette action est totalement impossible.
Même le plus parfait des Maîtres spirituels ne transformera pas une personne par sa propre force ou volonté. Par contre, ce Maître permettra au sujet de se transformer lui-même. Ce qui est fondamentalement différent. Nous sommes donc doués d’une certaine liberté, d’une autonomie relative. Cette autonomie peut être perdue par l’influence d’une domination extérieure. Il faut bien faire la distinction entre un changement, qui intervient suite à une libération des conditionnements grâce à un surgissement de l’Être, et une autre transformation qui s’opère par une nouvelle domination extérieure. Le changement est bien différent de l’endoctrinement ou de la contrainte.

Il y a donc deux phases dans la thérapie. La première dépend de la présence ontique du thérapeute, qui permet de relâcher la vigilance et l’emprise du mental inconscient du patient.
La seconde dépend de l’Être du patient qui vient ré-informer la corporalité.
    • Dans la première phase, le thérapeute pourra libérer le sujet de toutes les emprises énergétiques extérieures. Par emprises extérieures, il faut comprendre toutes les influences énergétiques extérieures. Les plus connues sont les influences magiques, les prises de pouvoir par d’autres personnes, communément appelées « les mauvais sorts », les entités, les âmes errantes, les possessions. Il est tout à fait possible par la même pratique de libérer un lieu, une maison, un objet, de toute présence étrangère à la nature. Une fois ce travail effectué, s’il était nécessaire, le cheminement vers l’intériorité du patient commence. Il est impossible de prévoir le temps nécessaire à cette phase car on ne peut pas prédire ce que l’on va rencontrer. Si vous partez de Paris pour aller à Berlin, vous ne pouvez pas savoir ce que la vie vous réserve en chemin. C’est bien la même chose en thérapie.
    • La seconde phase commence à partir du moment où la carapace égotique, ou la prison mentale, a été suffisamment pénétrée par l’Être du thérapeute. La transmutation des éléments de la corporalité commence et, comme pour la première phase, il est impossible de savoir ce qui se passera.
C’est donc une aventure en terres totalement inconnues.

Le patient perçoit très nettement la différence entre ces deux phases. La phase de guérison est la seconde. La première est une phase d’approche ou préparatoire. Il est fréquent de voir les symptômes s’améliorer au cours de la première phase et le patient pense parfois qu’il n’est plus utile de poursuivre. Hélas, lorsqu’il en reste là, il n’est pas guéri mais juste soigné. Le mal reprendra inévitablement quelque temps plus tard. Cette amélioration n’est pas durable. C’est un argument supplémentaire pour dire que l’Être du thérapeute ne peut pas guérir le patient. Toute la puissance de la vie est au cœur de chacun.
Lorsque la phase de guérison est enclenchée, le patient ressent bien souvent des sensations peu agréables, voire parfois douloureuses. Ces sensations sont compensées par un sentiment profond de justesse et de nécessité. C’est cela qui permet d’accepter la pénibilité du travail intérieur.
L’expression bien connue « Tu enfanteras dans la douleur » prend tout son sens. Le corps doit se décristalliser, le plomb doit se changer en or et la pierre en éther. Les douleurs sont le témoin de deux forces qui s’affrontent, le mental (ou l’illusion) contre le Soi (ou la réalité). Des états d’âme désagréables comme la peur, la tristesse, la colère, la fatigue peuvent être vécus. Ils témoignent du fait que ces énergies gravées dans l’inconscient sont en train d’être transmutées. La présence du thérapeute permet de minimiser de façon importante les difficultés. La présence essentialisée du praticien apporte une aide précieuse à la transmutation ; c’est ce que l’on appelle la compassion. C’est bien dans la chair que se trouvent les ancrages de notre mental. Ce n’est pas dans notre cerveau. Nous avons le corps de notre mental. Le corps est aussi le temple du Soi. Ce sera le Soi qui détruira et reconstruira le corps pour en faire une manifestation parfaite de la perfection du Divin.

Je me suis souvent demandé pourquoi j’étais amené à penser que c’était bien le Soi qui se substituait au mental et pas une autre énergie. Cela paraît au premier abord prétentieux de penser que l’on puisse permettre une émergence du Divin au sein d’un patient ou d’un aspirant à la spiritualité. Prétendre c’est une chose, mais quelles sont les preuves ?
Une fois convaincu que c’était bien du Soi dont il s’agissait, et après en avoir eu confirmation par mon Maître spirituel, en qui j’ai toute confiance, je me suis interrogé sur la manière de présenter cela à d’autres et de le leur faire comprendre. C’est en effet facile de dire : « C’est cela et vous n’avez qu’à me croire ». Mais apporter les arguments les moins contournables possibles ne me paraissait pas évident. La meilleure façon de le faire, à mon avis, est de vous exposer le cheminement qui m’a convaincu en me conduisant à l’évidence.
Tout commence par une expérience personnelle, je veux dire un vécu, pas une croyance ou une logique. Il s’agit de l’évidence. L’évidence que c’est bien la source de la vie, la source de ce que je suis, qui se manifeste par les sensations particulières que je perçois en moi, lorsqu’elle me comble de sa présence, lorsque je deviens ce qu’en réalité je suis. L’évidence, car notre conscience n’est autre que cette source en nous. Notre conscience, désidentifiée de la prison du mental, de toutes nos mémoires réactionnelles, de nos croyances et de nos tendances égocentriques, s’aperçoit de ce qu’elle est en réalité. Elle se reconnaît elle-même. C’est bien une Re-connaissance car la conscience a déjà eu conscience de ce qu’elle était à l’origine, avant sa séparation du tout, avant son individuation au sein d’un humain. Lorsque le parfum du Soi se manifeste, chacun le reconnaît et n’a curieusement aucun doute dans l’instant présent sur la réalité de son identité.
« Oui, c’est bien lui, je le reconnais. C’est lui, c’est moi, c’est ce que je suis ». Combien de patients ou d’élèves ont vécu cette expérience et ont abouti à cette même conclusion, se sont rendus à l’évidence. Une fois l’expérience passée, le mental reprend les choses en main et recommence à installer le doute car il doit sauver sa peau : « C’est lui ou moi. Il n’y a pas de place pour deux ».
C’est ainsi, hélas, qu’après avoir vécu ce moment intense et incontournable de la reconnaissance, des personnes tournent le dos et sont prêtes à tout pour nier l’évidence et sauver leur ego mentalisé.
C’est donc après l’avoir reconnu en moi-même que j’ai pu le reconnaître en une autre personne. Nul ne peut trouver en l’autre ce qu’il n’a pas déjà trouvé en lui. Le reconnaître, ce n’est pas le rencontrer sur son nuage, avec sa belle barbe et sa couronne, assis sur son trône. « Tiens te voilà, comment ça va aujourd’hui ? ». Ou pire encore : « Il est là, je le vois ». Le Soi est invisible, nous ne pouvons percevoir que ses manifestations. C’est comme l’électricité, elle est invisible mais nous savons qu’elle est là quand nous mettons les doigts dans la prise ou lorsque la lampe s’allume.

Les manifestations du Soi se produisent dans tous les plans de la corporalité, au niveau physique, émotionnel et cognitif. Ces manifestations ne sont pas programmées par le thérapeute. Je ne cherche pas tel ou tel effet ou sensation. J’accepte ce qui survient. L’Être n’obéit pas à l’ego de l’homme. C’est un premier point très important. Si je pouvais le manipuler, ce ne serait pas le Soi.
    • Sur le plan physique, j’assiste à une mise en mouvement de tous les éléments. La matière retrouve du mouvement et, en même temps, de l’élasticité, de la fluidité, de la légèreté. J’ai la sensation que les éléments constitutifs acceptent de prendre un peu de distance dans leurs rapports, si bien que le mouvement peut de nouveau prendre de l’amplitude. Il ne s’agit pas d’un mouvement induit par un autre élément en mouvement, mais bien d’une information qui change et permet au mouvement, présent mais quasiment imperceptible, de reprendre de l’amplitude. Pour redonner du mouvement, à une boule par exemple, on peut la percuter avec autre chose, et elle se mettra en mouvement. Ici, il s’agit d’un mouvement autonome qui naît et se perpétue. La boule se met en mouvement en elle-même, sans avoir reçu une force extérieure à elle. Ce fait est très important et caractéristique de l’Être. L’immobilité du Soi donne naissance au mouvement. Autrement dit, c’est de l’immobilité que naît le mouvement. Par cette renaissance du mouvement, c’est toute la physiologie du corps qui retrouve ses possibilités. À la source de la pathologie, il y a toujours une fixité, une densification, un point d’arrêt. Le mouvement c’est la vie. Progressivement, par la renaissance du mouvement, localement ou globalement, le corps se décristallise, les toxines s’éliminent, la matière se restructure. C’est un véritable rajeunissement.
    • Sur le plan émotionnel, j’assiste à une libération des capacités émotionnelles du patient. Habituellement, le sujet est fixé dans une cartographie émotionnelle réduite et permanente. Une ou deux émotions dominent, par exemple la peur et la colère. Elles empêchent, par leur état permanent, de vivre d’autres émotions telles que la joie, le contentement, alors même que les situations de la vie sont joyeuses pour le patient. La fixité caractérise la pathologie. L’Être apporte une libération des émotions fixées mais, en plus il amène la personne à un état particulier. La joie, le contentement, la légèreté, la douceur, la paix, la beauté, la chaleur, l’amour sont autant de sensations émotionnelles qui, progressivement, s’installent, alors que les situations extérieures n’ont pas changé ou presque.
Ces états ne sont pas générés par une persuasion mentale, par la volonté du patient ou celle du thérapeute. Ces émotions naturelles s’installent spontanément et progressivement. Ce sont bien là les caractéristiques d’une personne essentialisée par un surgissement du Soi.
    • Sur le plan cognitif, c’est toujours surprenant de voir comment une personne, cloisonnée et restreinte dans les domaines de la pensée, se retrouve soudainement plus libre et peut envisager dans sa pensée des données ou des aspects de la vie qui, jusque là, étaient inenvisageables. La pathologie se matérialise encore une fois par la restriction, la fixité. L’ego mentalisé a besoin de permanence, de choses établies pour longtemps. Il faut que l’avenir soit conforme à ce que l’on en attend et l’ego rumine en permanence le passé, avec tous les ressentiments qui l’accompagnent. Par la thérapie ou l’initiation, le sujet retrouve sa liberté car une sécurité intérieure, inconsciente puis consciente, naturelle, spontanée, l’amène à une acceptation du présent. Contemporainement, il aperçoit aisément son positionnement, et un sentiment de justesse apparaît. La vie n’est plus vécue en termes de bien et de mal mais en qualité de justesse. Je trouve que le sentiment de justesse est le plus beau que nous puissions avoir. Les informations nécessaires à notre adaptation nous apparaissent naturellement. Tout devient plus facile, plus léger, même si les conditions de vie n’ont pas changé.
L’Être délivre la connaissance, qui est une information en temps réel, contrairement au savoir qui est une somme d’informations mémorisées. Le savoir se réfère au passé, alors que la connaissance se réfère au présent. C’est bien le Soi qui apporte la connaissance, qui délivre de la peur, qui efface les ressentiments. C’est encore lui qui apporte le sens de la vie et du présent. Il devient inutile de réfléchir, cela vient comme une évidence. Chacun trouve son propre sens. Si tout le monde trouvait le même sens, ce serait un endoctrinement ou une contagion. Mais je peux aisément m’apercevoir que chaque personne est conduite dans sa propre direction. Chacun suit son propre itinéraire, guidé par le Soi. Je ne me permets pas de dire aux personnes ce qu’elles doivent faire ou de leur donner une réponse à un questionnement sur le bien et le mal, le bon ou le mauvais. Seul le patient saura ce qui est bon pour lui. Il s’ensuit une vie plus autonome, plus ouverte au monde, plus en relation étroite avec le monde et les autres, mais aussi avec soi-même. Nous nous sentons intégrés au monde, dans et avec le monde et ses créatures.
Comme la beauté s’éveille au-dedans, elle se perçoit au dehors. Nous ne voyons du monde que ce que nous voyons de nous-mêmes. Tout cela n’est pas le fruit d’un endoctrinement mais le résultat de l’émergence du Soi. La singularité de chacun est respectée et se manifeste spontanément. Le sujet aperçoit le sens de sa vie et se trouve muni de tout ce dont il a besoin pour l’accomplir.

Globalement, nous pouvons définir la direction vers laquelle une personne s’orientera progressivement, au fil de son évolution, au cours de la thérapie initiatique ou de l’initiation.

Amélioration de l’état de santé, avec une amélioration de la physiologie localement ou globalement.
Le sujet est de moins en moins dérangé par les manifestions diverses et variées en provenance de son corps. Il les apprécie à leur juste valeur et se comporte de façon adéquate pour préserver sa santé et le bon état de son corps physique. Il ne s’en inquiète pas mais y est attentif et diligent naturellement.
Rarement fatigué, il est capable, sans se forcer, de travailler beaucoup et longtemps si la nécessité le demande. Aucune tâche ne le rebute. Il est capable de tout faire avec la même équanimité. Il n’obéit qu’à la nécessité.
Il respecte son corps et en prend soin sans peur ni exagération.

Autonomie.
Le sujet perçoit naturellement la réalité des choses et des événements. Il trouve une réponse en lui- même, sans avoir besoin de se référer à une culture particulière.
Les événements difficiles sont vécus comme des occasions de développer des forces et des capacités qui, jusque-là, étaient en sommeil. Ces événements permettent également de prendre conscience et de se libérer de comportements automatiques inculqués, non adaptés au présent, mais liés au passé.

Adéquation parfaite au présent.
Le sujet ne réagit pas en prenant le passé pour modèle.

Indépendance de jugement, sans besoin de se référer à une culture ou à un groupe.
Le sujet est indépendant vis-à-vis de la pensée collective. Il se fait sa propre opinion. Il n’accepte pas l’endoctrinement, ni pour lui-même ni pour les autres. Il respecte les différences. Reconnaît la singularité des personnes et ne cherche pas à les modeler à sa façon.

Réelles valeurs d’humanité, de fraternité, sans fusion ni confusion.
Le sujet s’intéresse aux autres et au monde, sans chercher à imposer sa vision, mais il est attentif et prêt à apporter son soutien et son aide si nécessaire. Il développe une compassion spontanée et sincère. Prend soin de ne jamais blesser les autres créatures. Aime la nature et se sent en lien avec elle. Il perçoit dans le monde la beauté de la création et s’en réjouit.
Spontané, naturel, il est joyeux, aimant, créatif. Il aime vivre et jouer comme un enfant en toute innocence. Il ne manifeste pas de passions excessives et se comporte en toutes choses avec tact et mesure.
Il n’a pas de volonté pour les autres et le monde. Il vit au présent, en suivant son bon sens naturel. Il ne cherche pas à imposer son point de vue mais n’hésite pas à le partager. Il ne se cache pas mais garde pudeur et réserve. Il peut développer une vie relationnelle intense avec beaucoup de monde mais ne garde qu’une poignée d’amis vraiment intimes. Il ne se déballe pas sur la place publique mais vit avec humilité et respect. Il aime se retrouver avec lui-même. Il développe naturellement une vie contemplative et active.

Liberté par rapport au monde, ses modes et ses modèles.
Ayant peu ou pas d’attaches, le sujet peut tout changer en permanence, en fonction de la nécessité du présent. Il reste cependant fidèle à lui-même.

Développement envers le Divin d’une dévotion naturelle, empreinte d’humilité et de respect, sans aucun fanatisme ni excès de religiosité.
Le sujet se place spontanément au service du monde, tout en respectant ses propres convictions. Il se caractérise par une indépendance qui empêche tout comportement grégaire. Son moteur est en lui, son futur est au présent.

Toutes ces caractéristiques se retrouvent chez toutes les personnes animées par le Soi. Si bien que je ne peux qu’admettre que c’est bien le Soi qui transforme le sujet au cours de la thérapie ou de l’initiation puisque, spontanément, les patients qui font un travail relativement long et suivi manifestent ces caractéristiques.
Le but de la thérapie n’est pas d’amener tout le monde à ce type de personnalité mais, comme l’on dit souvent : « Qui peut le plus peut le moins ».
Chacun trouvera ce dont il a besoin, sans jamais se sentir obligé.
J’accorde la même importance à une personne qui me demande de soigner son mal de dos qu’à une personne qui cherche le Divin. Il n’est pas nécessaire de croire en quoi que ce soit pour bénéficier de cette thérapie. Il suffit d’être sincère dans sa demande.

Le Soi, véritable guérisseur, apportera au sujet ce dont il a besoin sans jamais le contraindre.
C’est en calmant le mental que le Soi se manifestera. Or il est impossible de contraindre le mental. Ce serait un exercice de pouvoir, ce qui n’est pas compatible avec un lâcher prise du mental.

Martha est venue m’apporter un cadeau de Noël. Un magnifique tableau où je devine une femme resplendissante d’Amour entourée de couleurs douces et charmantes. Le charme s’opère immédiatement et mon cœur en est profondément réjoui. Ce tableau c’est Martha qui l’a peint. Ce n’est pas banal quand je repense à l’état dans lequel elle était il n’y a que deux ans à peine. Très jeune elle s’était tournée spontanément vers la peinture et ses professeurs reconnaissaient en elle un véritable talent. Hélas à 14 ans ses bras se sont paralysés rendant toute pratique manuelle impossible. Ils étaient lourds, Martha avait l’impression de devoir faire des efforts inouïs pour lever sa main, elle était tout juste capable d’assurer par elle même ses besoins quotidiens élémentaires.

Les différents médecins ont diagnostiqué toutes sortes de maladies telles que la myopathie, la myasthénie, la sclérose en plaque et bien d’autres encore. Aucun traitement ne parvenait à la rendre plus active. Son désir de s’en sortir commençait à s’épuiser vers l’âge de 25 ans.

A cette période, c’est avec l’assistance d’une psychothérapeute et d’un chamane qu’elle parvient à récupérer un peu de force et peut de nouveau subvenir seule à ses besoins. Dès qu’elle essaye de se consacrer à autre chose qu’à des tâches de survie, la paralysie reprend le dessus. Elle est incapable de créativité. Chaque fois qu’elle tente de prendre un pinceau c’est encore pire, elle se trouve projetée dans une sorte de glu qui la paralyse totalement.

Elle a 38 ans quand elle vient me voir sur les conseils d’une amie. Évidemment elle n’y croit pas, elle a déjà tout essayé. Pourtant elle ressent lors de la séance une chaleur dans son cœur et quelques larmes coulent spontanément de ses yeux qui jusque là n’avaient jamais pu pleurer. Elle décide de poursuivre.

Progressivement la motricité revient, elle sent qu’elle peut à nouveau créer. Elle se remet à la peinture. Elle peut peindre, elle peut manier ses pinceaux mais ce qui se projette sur la toile n’est pas joli. Elle ne peut peindre que des choses sombres et violentes. La violence se manifeste dans tous les secteurs de sa vie. Elle quitte son compagnon ou plutôt elle le jette. Elle tente à plusieurs reprise de briser le lien thérapeutique avec toutes sortes de prétextes et toutes sortes de violences. Pourtant quelque chose tient, un lien qu’elle ne peut briser. Elle me dira plus tard qu’elle pressentait vaguement que si elle brisait ce lien elle se condamnait à la mort ou à la souffrance.

Nous sommes donc entrés au cœur de cet source de violence, de révolte, de rage et de haine pour y libérer le cristal de vie qui s’y trouvait emprisonné. Ce ne fut pas sans douleurs, sans doutes, sans peines. Martha a accepté ce parcours car en elle la foi était là. Pas la foi en son thérapeute mais une force intérieure la poussait a poursuivre au delà de sa raison et lui donnait confiance. Martha vient d’avoir 40 ans, l’Amour s’exprime pour la première fois dans sa créativité, elle peut maintenant pleurer de bonheur, de joie. La vie se poursuit avec l’Amour pour compagnon de route.

Le chemin n’est pas fini, une autre étape commence.

Ne vous identifiez pas à Martha, elle est unique comme chacun d’entre nous. Certaines, certains y trouveront des similitudes avec leur propre vie. Une seule chose me semble valable pour tous. Seul l’Amour contenu au cœur même de la pierre est capable de véritablement nous guérir. Nous guérir de quoi ? : de nous même.

Dès sa plus tendre enfance Martha a été élevée dans une famille où elle n’était pas considérée. Elle avait à boire et à manger, pour le reste elle devait se nourrir de l’air du temps. elle a manifesté très tôt une vive intelligence qui lui a rendu les études plutôt faciles mais là encore elle devait suivre la dictature familiale et se consacrer totalement à ses devoirs et à des lectures choisies interminables. Sa seule liberté était la rêverie qui lui était également reprochée car il faut travailler plutôt que de rêver. Elle avait le goût de la peinture mais malgré les encouragements de ses professeurs, sa famille lui a imposé le violon et interdit les pinceaux. 2 ans plus tard elle est paralysée. N’ayant pas été touchée et encouragée dans son essence par l’amour, son ego s’est développé seul et a pris le dessus. Étant très intelligente, elle a tissé une toile immensément dense de ressentiments envers sa famille et le monde. Cette carapace l’a totalement emprisonnée au point de la conduire a l’immobilité, au point de la rendre totalement inconsciente de ce qui s’était réellement passé. Ses forces essentielles ont du même coup été inhibées. Elle s’est emprisonnée elle même par la puissance de son mental égotique. Par vengeance et par orgueil, elle préférait être paralysée, risquer de mourir, plutôt que de se conformer à la dictature familiale. Une autre personne aurait très bien pu mener une double vie, par exemple.

On pourrait penser que sa famille fût mauvaise et que si elle était arrivée au monde dans une autre famille ça se serait mieux passé pour elle. Elle n’aurait probablement pas été malade. La véritable cause de la maladie n’est pas la famille. La véritable cause, ce sont les tendances égotiques héritées des vies antérieures. Ce sont elles qui ont emprisonné Martha. Une autre personne aurait très bien vécu dans les mêmes circonstances. La vie a proposé à Martha de guérir ses tendances égotiques. Ce n’est pas chose facile. Il faut parfois beaucoup de souffrances et de contrariétés pour parvenir a bloquer le pouvoir de l’ego et l’obliger a céder du terrain. C’est également ce que la vie propose a chacun d’entre nous avec plus ou moins d’évidence.

La thérapie pratiquée par la psychothérapeute et le chaman, lorsque Martha avait 25 ans, a permis de re-dynamiser les forces égotiques résiduelles. Ces thérapies n’ont pas permis de libérer l’égo des forces du mental. C’est pourtant grâce a cette thérapie que Martha a pu poursuivre son chemin.

Quand je la rencontre, elle n’a plus d’espoir. Elle vient parce qu’une amie a lourdement insisté. Elle ne croit plus à rien. Elle est en état de survie, sans espoir, sans joies, seule ou presque. Pourtant, dès le départ, elle est touchée là ou jamais elle n’avait été touchée auparavant, droit dans son cœur. Ce n’est pas moi qui décide que les choses se passent de telle ou telle façon, c’est la vie. Arrive ce qui doit arriver. Martha est touchée et elle pleure. Ses yeux étaient restés secs depuis sa plus tendre enfance. Il y a donc un réel espoir de progression favorable, mais en aucun cas on ne peut présager de l’avenir. Il nous faut reconquérir les territoires annexés par le mental chargé de ressentiments. Plus nous progressons plus le mental se manifeste, chaque tendance passe par la manifestation consciente avant d’être dissoute, transmutée. Martha passe de la haine à la jalousie, à la violence envers elle et les autres, elle veut tout casser, elle veut tout détruire. Elle ne détruira que ses forces égotiques. Au passage elle jette son compagnon sans aucun ménagement. il faut dire qu’il l’avait placée dans une situation de soumission perverse. Même les malheureux profitent l’un de l’autre pour assouvir leurs tendances. Il faut passer au travers de la carapace mentale pour créer un pont entre l’être et la conscience. Il nous faut relier la conscience aux informations de l’être. Seul l’être est suffisamment pur pour passer au travers du mental sans risquer de déclencher une recrudescence des forces égotiques.

A présent, Martha a retrouvé suffisamment de forces pour poursuivre son chemin vers l’être et manifester une personnalité plus essentielle que mentale. Elle a conscience que le chemin n’est pas fini mais que de merveilleuses possibilités s’offrent à elle.

C’est avec un grand bonheur que nous poursuivons le chemin.

Je disais dans le précédent billet que pour le débutant la motivation principale était le plus souvent égocentrique. Pourtant il va bien falloir que cela change car si on poursuit sa recherche spirituelle en souhaitant satisfaire son ego on risque bien sûr de tourner en rond. Il suffit de remarquer que le candidat à la spiritualité abandonne religion, maître ou guide dès l’instant ou son ego n’est pas satisfait. Quitte à en chercher un autre ou à saisir une nouvelle opportunité dans une autre direction pour trouver son bonheur. Ce qui est humain « trop humain » comme disait Nietzsche.

Il faut donc autre chose pour avancer sur le chemin de la spiritualité. Si on écarte la motivation égocentrique, que reste t-il ? Je disais que Dieu nous guide sans que l’on s’en aperçoive. Cette guidance s’appelle la foi. C’est cette foi qui permet d’avancer, qui donne envie d’y aller. Aller où? nul ne le sait avant d’y être. Si je ne sais pas où je vais pourquoi irai-je? C’est bien là tout le mystère. Celui qui est animé par la foi va sans savoir. C’est comme un amoureux qui cherche sa dulcinée sans jamais l’avoir rencontrée. Pourtant il connaît son parfum mais ne l’a jamais senti et serait incapable de le décrire. C’est donc qu’il l’a déjà connue mais qu’il ne s’en souvient pas. En allant à Dieu nous retournons d’où nous venons, ce n’est donc pas étonnant que nous l’ayons déjà connu. La foi ce serait donc ce souvenir de Dieu et cette nostalgie qui nous pousse à le retrouver. C’est l’Être qui au fond de nous, nous pousse à retourner vers notre Père et notre Mère ontologiques.

Pour être saisi par la foi il ne faut pas être totalement absorbé dans la recherche des plaisirs du monde, des plaisirs dont la source est extérieure à l’Être. Celui qui souhaite trouver la foi doit déjà calmer son appétit, ses appétits. Jean de la Croix en fait la condition absolument indispensable, tous les maîtres authentiques également. Ce n’est pas évident de rester dans l’insatisfaction. il ne faudrait pas tout couper d’un coup au risque de déclencher une révolte de l’ego qui est toujours dévastatrice. Encore une fois le guide est nécessaire. Le dosage doit être précis, ni trop ni trop peu. Ne dit-on pas quand l’élève est prêt le maître arrive

La période qui précède la prise de conscience des manifestations de la grâce et de la présence agissante et efficiente de Dieu est la plus sujette à de multiples possibilités. Je dirai qu’il y aura autant de possibilités que d’individus. Chaque cheminement vers Dieu est complètement personnel même si chacun passera par les mêmes étapes.

Le sujet s’intéresse à la spiritualité car son ego souhaite trouver le bonheur ou une satisfaction ou échapper à la souffrance ou à la difficulté. La démarche est égotique et même égocentrique puisque le sujet cherche un mieux pour lui-même. Ceci est tout à fait normal et il ne faut pas s’en cacher. Cette attitude changera plus tard. Si l’intention est juste et pure, le chemin le sera aussi. C’est donc l’ego qui cherche pour lui-même. Chaque personne est majoritairement dominée par son ego. C’est pour cela que chacun cherchera à conforter ses propres tendances égotiques dans sa quête de Dieu. Ceci peut vous paraître paradoxal mais je ne fais que le constater. Ce n’est pas un problème je le répète. Très rares sont ceux qui peuvent faire autrement. Le paresseux choisira une voie où on prônera le fait que Dieu est omnipotent et fera tout pour celui qui le cherche et l’aspirant ne fera rien en attendant que Dieu fasse tout. Au contraire une personne très active et volontaire choisira une voie tournée vers l’action, n’hésitant pas à faire des efforts démesurés pour parvenir à son objectif. Une autre, spontanément tournée vers la contemplation se dirigera vers une voie où on lui proposera de contempler Dieu au travers de représentation ou au travers de son imagination. L’orgueilleux choisira un maître qui le reconnaîtra et lui donnera de l’importance. Je pourrais multiplier les exemples à l’infini et vous montrer avec quelle subtilité et quelle malice l’ego cherche à se nourrir lui-même au cours de cette première étape.

Vous en conclurez qu’il n’y a donc pas d’issue car ce sera toujours l’ego qui sera conforté et qui se renforcera au cours de la recherche de Dieu. Il en serait ainsi si Dieu n’était pas présent et actif même si on ne s’en aperçoit pas. Plus la démarche sera sincère, plus l’intention sera pure et plus le chemin sera efficace. C’est le premier point, l’intention est primordiale. Elle s’affinera au cours de la progression. Comment pourrions nous savoir où nous allons et ce vers quoi nous nous dirigeons lorsque l’on souhaite aller à Dieu? Nous n’en connaissons rien et pourtant nous allons à lui. C’est bien souvent en désespoir de cause ou par ouïe dire que nous entreprenons une quête spirituelle. Personnellement nous n’avons aucune vision réelle de ce vers quoi nous nous dirigeons. Nous en avons une idée ou des idées mais ce ne sont que des idées imaginaires. L’ego cherche donc ce qui lui conviendrait.

La vie, qui n’est autre que la manifestation de Dieu, se chargera de placer sur la route du chercheur ce qui lui est nécessaire pour aller à lui. Chacun trouvera ce dont il aura besoin. Chacun est guidé par la vie. Le chemin ressemble à un entonnoir au départ nous avons un grand espace de liberté apparente, les bords de l’entonnoir qui représentent les limites infranchissables sont assez éloignées, l’espace entre les deux berges est vaste et autorise un grand nombre de possibilités. Au fil de la progression vers le bout de l’entonnoir, les berges se rapprochent, l’espace de pseudo-liberté se rétrécit. Le flot de la vie nous emmène vers notre destination. Ceci est valable pour tout le monde. Il n’est pas nécessaire d’être un chercheur de Dieu. Toute l’humanité est ainsi guidée. Pour celui qui aspire à Dieu les choses deviennent plus précises et plus rapides si l’intention est juste. La route n’est pas faite uniquement de contraintes mais aussi d’appétence. Le sujet aspire à quelque chose qu’il ne peut pas définir. C’est comme si il l’avait déjà vécu, il sent que quelque chose est bon pour lui dans une direction particulière. La boussole intérieure le guide sans en avoir conscience précisément. Le sujet est donc limité d’une part et attiré d’autre part.

Dieu guide chacun d’entre nous que nous le souhaitions ou pas.

Au cours de cette période il est quasiment indispensable d’être guidé par une personne étant déjà bien avancée sur le chemin. L’ego fera tout ce qui est en son pouvoir pour détourner le chercheur de son but. On peut dire que bien souvent il nous fait prendre des vessies pour des lanternes. Le guide pourra alors éclairer le chemin. Il est bien entendu préférable de rencontrer un véritable Guru qui a totalement réalisé Dieu. C’est une grande grâce que de rencontrer ces lumières pour l’humanité. Sans Dieu rien n’est possible. L’ego ne peut rien faire seul pour aller à Dieu. Il essayera pourtant de devenir Dieu. Il lui faudra pourtant y renoncer et se laisser faire par Lui.

Un bon nombre de personnes m’ont fait part de leurs difficultés vis à vis de la traversée du désert dont je parlais dans le précédent billet. S’il faut encore souffrir, alors non. La vie n’est donc qu’une souffrance ? On souffre déjà assez comme ça alors si aller à Dieu c’est encore souffrir on en sort pas. Je comprends très bien votre réaction. J’aurais dit la même chose avant que j’expérimente cette traversée du désert. Revenons donc sur le sujet.

Cette période succède à l’apparition de la Grâce. La Grâce est un bonheur que rien ne peut égaler. On est prêt à tout pour la vivre en permanence. C’est la manifestation de la vie pure qui apparaît à la conscience. Nul ne peut s’en faire une idée avant de l’avoir vécu. Il y a une étape avant la manifestation consciente de la Grâce et une autre après. Ce sont deux périodes totalement différentes.

Dans la grande majorité des cas c’est un désir égocentrique qui conduit le sujet à se tourner vers la spiritualité. La personne cherche une satisfaction ou cherche à se guérir d’une souffrance. La peur, la souffrance et l’insatisfaction sont les principaux moteurs. Un autre moteur est l’orgueil qui conduit à la recherche d’une satisfaction orgueilleuse. Bref la motivation est égocentrique au départ et c’est normal. Ne vous flagellez pas pour ça, on ne peut pas faire autrement à moins d’être une exception à la règle, mais c’est autre chose et ce n’est pas fréquent. Cette première période doit conduire à la conscientisation de la Grâce sans quoi elle peut durer toute la vie. Durant tout ce temps le sujet oscille dans ces intentions, tantôt tout feu tout flamme tantôt il tourne le dos à la spiritualité et reprend sa vie précédente ou se tourne vers autre chose. Pas de problème, Dieu nous a fait libres et ne forcera jamais quelqu’un à aller là où il refuse d’aller.

Chacun a la responsabilité de sa vie future. Cette étape n’a rien d’un désert, elle sera ce que nous en ferons avec ce que nous sommes.

Un jour la Grâce se manifeste à la conscience. Le sujet est saisi, il ne peut en être autrement. Il est touché au plus profond de lui même et ne pourra jamais oublier ce qu’il vient de vivre. Jusque là c’était le sujet lui même qui traçait sa route si on peut dire. Maintenant c’est Dieu qui trace la route et qui laisse le sujet libre de la suivre ou de ne pas la suivre. La Grâce ne s’est pas manifestée par hasard, il fallait que le sujet soit prêt. C’est ce qu’il a fait pendant toute la première période. Il a préparé le chemin du seigneur. Tout ce qu’il a fait ou construit par lui-même sera détruit et rebâtit par Dieu. Il devient l’ouvrier, il n’est plus le maître d’œuvre. C’est là que commence la traversée du désert. Mais de quel désert?

Une fois que l’on a connu la Grâce, rien d’autre ne peut combler le sujet. Aucun plaisir du monde ne peut remplacer la Grâce. Pour gagner cette Grâce il faudra perdre un bon nombre de tendances égocentriques. Le désert sera donc l’absence de satisfaction profonde égocentrique. Le sujet perdra ses richesses c’est à dire qu’il perdra ses tendances égocentriques. Il ne perdra pas forcément sa fortune financière mais devra perdre la peur de manquer. Dieu choisira la façon de lui faire perdre cette tendance. Nul ne peut savoir de quoi demain sera fait. La vie sera conforme à la nécessité Divine. En contre partie, il y a bon nombre de satisfactions durant cette traversée du désert.

La plus grande satisfaction à mes yeux est la sensation de justesse. La conviction intime de savoir que l’on est sur la bonne route, à sa place, est une satisfaction formidable. Dieu confirme le sujet sur ses choix, sur son positionnement, il lui montre aussi ses erreurs avec douceur. Je rappelle ici que Dieu est pour moi la source de l’information juste. Cette information pointe à la conscience par la Grâce. Le chemin sera bordé d’encouragements, le sujet n’est jamais seul, il chemine en compagnie de lui-même qui n’est autre que Dieu. Certes il y aura des périodes très difficiles mais jamais le chercheur ne sera abandonné. Il aura parfois l’impression que Dieu l’a abandonné mais ce ne sera que pour renforcer sa soif et sa faim ou pour épuiser une tendance égotique.

Progressivement la présence de Dieu se fait plus intense et plus constante, La sortie du désert approche. ce n’est pas pour autant que la route est finie. Il reste encore bon nombre de tendances égocentriques à dissoudre. Je peux vous garantir que si cette période est difficile elle est aussi pleinement satisfaisante. Le désert, c’est donc l’absence, absence de satisfactions égotiques et parfois absence de Dieu, ou les deux à la fois.

Chacun peut renoncer en cours de route. Il ne lui en sera pas tenu rigueur. Certains ou certaines éprouveront le besoin de faire une pause, de s’arrêter sur une île paradisiaque pour un temps et reprendront leur route ensuite. Tous les chemins sont possibles, rien n’est jamais joué d’avance. L’ego est un malin, pour ne pas dire le malin. Il a plus d’un tour dans son sac.

Ce serait à refaire je le referais avec encore plus d’enthousiasme. Mais je ne suis pas au bout de la route et peut être que d’autres déserts m’attendent. A la Grâce de Dieu.