Je disais dans le précédent billet que pour le débutant la motivation principale était le plus souvent égocentrique. Pourtant il va bien falloir que cela change car si on poursuit sa recherche spirituelle en souhaitant satisfaire son ego on risque bien sûr de tourner en rond. Il suffit de remarquer que le candidat à la spiritualité abandonne religion, maître ou guide dès l’instant ou son ego n’est pas satisfait. Quitte à en chercher un autre ou à saisir une nouvelle opportunité dans une autre direction pour trouver son bonheur. Ce qui est humain « trop humain » comme disait Nietzsche.
Il faut donc autre chose pour avancer sur le chemin de la spiritualité. Si on écarte la motivation égocentrique, que reste t-il ? Je disais que Dieu nous guide sans que l’on s’en aperçoive. Cette guidance s’appelle la foi. C’est cette foi qui permet d’avancer, qui donne envie d’y aller. Aller où? nul ne le sait avant d’y être. Si je ne sais pas où je vais pourquoi irai-je? C’est bien là tout le mystère. Celui qui est animé par la foi va sans savoir. C’est comme un amoureux qui cherche sa dulcinée sans jamais l’avoir rencontrée. Pourtant il connaît son parfum mais ne l’a jamais senti et serait incapable de le décrire. C’est donc qu’il l’a déjà connue mais qu’il ne s’en souvient pas. En allant à Dieu nous retournons d’où nous venons, ce n’est donc pas étonnant que nous l’ayons déjà connu. La foi ce serait donc ce souvenir de Dieu et cette nostalgie qui nous pousse à le retrouver. C’est l’Être qui au fond de nous, nous pousse à retourner vers notre Père et notre Mère ontologiques.
Pour être saisi par la foi il ne faut pas être totalement absorbé dans la recherche des plaisirs du monde, des plaisirs dont la source est extérieure à l’Être. Celui qui souhaite trouver la foi doit déjà calmer son appétit, ses appétits. Jean de la Croix en fait la condition absolument indispensable, tous les maîtres authentiques également. Ce n’est pas évident de rester dans l’insatisfaction. il ne faudrait pas tout couper d’un coup au risque de déclencher une révolte de l’ego qui est toujours dévastatrice. Encore une fois le guide est nécessaire. Le dosage doit être précis, ni trop ni trop peu. Ne dit-on pas quand l’élève est prêt le maître arrive