Le consumérisme est comme toutes les choses en « isme » une exagération et dans ce cas une exagération de la consommation. Nous devons consommer pour vivre et survivre. C’est indéniable. Ce qui pousse à l’exagération est le manque qui ne diminue pas, ou seulement passagèrement, avec la consommation. Cette sensation de manque cherche une compensation permanente par tous les moyens possibles imaginables par le sujet.

Le manque vient du fait que l’homme n’est pas fini. Lorsque l’homme sera fini, réalisé totalement, il baignera dans ce que certains appellent le paradis. L’ancien testament nous dit que l’homme et la femme vivaient dans le paradis et qu’ils ont péché. En conséquence ils ont été chassés et ont du subvenir à leur besoin par leurs propres moyens. C’est une vision que je ne partage pas pour de multiples raisons que je ne peux détailler ici. Je préfère penser que l’homme n’est pas fini, qu’il est sur la voie de sa réalisation totale. En quoi n’est il pas fini? Il lui manque la plénitude de Dieu. Quand l’homme est parvenu à sa réalisation, il baigne dans la connaissance qui lui procure une totale sécurité et une plénitude absolue. Dans ce cas il n’a absolument pas besoin de consommer outre mesure les fruits de ce monde. Hélas nous n’en sommes pas là.

Nous baignons de plus en plus dans l’ignorance car nous sommes de plus en plus vides de Dieu. Pourtant tout est là au dedans de chacun. Le manque de Dieu ou d’Être, induit chez le sujet une insatisfaction considérable, une peur immense et une ignorance abyssale. De nos jours les hommes ne se tournent pas vers Dieu pour combler ce manque mais vers l’extérieur. Ils se tournent vers le conjoint, vers la famille ou la société et ce qu’elle produit. L’homme a besoin de se rassurer, de se satisfaire, et de savoir pour y parvenir. Tout cela il le puise dans le monde extérieur à lui.

Aujourd’hui on peut commencer à s’apercevoir que le consumérisme tourné vers les biens matériels plafonne et donne même quelques signes de régression. Ce qui alerte évidemment les responsables chargés de faire brouter les moutons là ou cela leur rapporte. Il faut booster la consommation, augmenter la croissance pour que les riches soient encore plus riches pour combler leur manque d’Être et leur donner l’illusion d’être quelque chose ou quelqu’un. Certains parlent de nouvel art de vivre en se tournant vers la spiritualité et prétendent diminuer le consumérisme en intégrant dans leur vie une dimension spirituelle. D’un point de vue théorique c’est tout à fait valide. Mais d’un point de vue objectif, ce n’est pas la même chose. Le phénomène me paraît assez simple. Les personnes déçues par la consommation de biens matériels se tournent vers l’immatériel. Ils assimilent le plus souvent la spiritualité à l’énergie, au savoir ésotérique, et aux pratiques qui en découlent, en fait tout ce qui est immatériel. Cet engouement attire son lot de marchands plus ou moins sérieux, plus ou moins scrupuleux. Précédemment les religions étaient une sorte de garde fou qui empêchait les gens de se tourner vers un peu n’importe quoi. Elles ont tellement perdu de leurs crédits que maintenant la plupart se tournent vers des propositions dites spirituelles qui ne sont pas en lien avec la tradition. Cette tendance ne fait qu’éloigner encore plus le sujet de lui-même. Au lieu d’aller chercher des plaisirs dans le supermarché du coin, il va chercher sa satisfactions dans les fruits que le ciel doit lui apporter. On s’éloigne de plus en plus de son centre, de plus en plus de soi donc de Dieu.

Ce n’est pas la quête qui change mais l’objet. En fait le quêteur est le même, il change juste d’objet. On passe de la fraise à la vanille. Le sujet veut obtenir satisfaction sans avoir changé lui-même. Il est impossible d’être totalement satisfait par une quête spirituelle authentique. Le manque sera toujours là jusqu’au jour de la réalisation totale. Le manque est une souffrance et personne ne veut accepter de souffrir, de vivre avec ce manque, avec cette absence qui est motrice. Celui ou celle qui est totalement comblé par sa démarche spirituelle ne peut l’être que passagèrement. Le manque revient après un moment de satisfaction. Ces moments étant comme des carottes qui nous aident à continuer sur la voie. C’est d’ailleurs pour cela qu’il ne faut pas s’y attacher. On peut être comblé, c’est mon cas, et malgré cela vivre avec le manque de Dieu. Je suis comblé mais tu me manques, quel paradoxe. Ce qui signifie, je suis porté par la foi mais Tu me manques.

Le consumérisme se caractérise par le fait que le sujet attend une satisfaction en provenance de l’extérieur. La spiritualité propose d’aller vers l’intérieur et de puiser à la source qui est au cœur de chacun. Pour cela il faut se mettre ne route dans la bonne direction et ne pas attendre de satisfactions importantes immédiates. Il faut accepter de perdre les satisfactions venues de l’extérieur pour pouvoir goûter aux joies de l’intériorité. Le changement est considérable. On ne peut pas boire à deux sources en même temps. L’une doit baisser pour que l’autre grandisse. Je constate très fréquemment que le besoin de satisfaction est tel qu’il doit se concrétiser immédiatement ou presque. La réalisation totale en trois jours. Les promesses sont absolument époustouflantes. Tout tout de suite, sans effort ni souffrances. Il faut bien cela pour attirer le consommateur. Ce sont ces propositions qui font recette. C’est bien la preuve que le consumérisme a encore de beaux jours devant lui.

Pourtant des personnes se tournent vers le cœur, elles ne sont pas légions mais elles se multiplieront.

Une question intéressante m’a été posée récemment : Faut-il croire en quelque chose de particulier pour bénéficier de la thérapie initiatique ? Faut-il avoir une orientation vers la spiritualité ou un engagement ? Faut il croire à tout ce que vous racontez dans votre site à propos de Dieu ?

La réponse est simple : aucune croyance n’est nécessaire.

Il suffit d’avoir un minimum de confiance envers le praticien et une envie de guérir ou d’aller mieux. Cela est largement suffisant.

La thérapie initiatique que je pratique nécessite de calmer l’état de réactivité dans lequel se trouve le sujet pour parvenir à franchir la barrière créée par le mental. Se faisant il est possible de permettre à l’être de ré-informer les éléments de la corporalité qui étaient sous la dépendance du mental. Il faut donc que l’état de peur et de réactivité se calme. Or les croyances sont d’ordre intellectuel et orientent le sujet dans une direction particulière. Par exemple si vous croyez et pensez que votre ange gardien va venir du ciel pour vous apporter la guérison, vous allez vous tourner vers le ciel et attendre que cela arrive. Cet état de tension cognitif mobilisera le sujet dans une direction particulière qu’il faudra faire cesser pour pouvoir obtenir une action favorable de la thérapie. Donc on perd son temps. Ce sera pareil si vous croyez que vous ne pouvez pas guérir ou aller mieux. Même chose encore si vous croyez que c’est en respirant comme vous l’avez consciencieusement appris que vous aller faciliter le travail, toujours pareil si vous croyez qu’en vous plaçant dans un état de conscience particulier vous aller aider le praticien. J’ai eu l’occasion de rencontrer toutes ces formes de croyances et à chaque fois il faut attendre que le guignol se calme pour pouvoir commencer. C’est pire qu’un guignol bien souvent.

Vous me direz que les bonnes croyances sont utiles. La seule bonne croyance que je reconnaisse pour ma thérapie initiatique c’est la bonne volonté. Mais là encore ce n’est pas de la croyance, c’est un état naturel. Chacun est doué de bonne volonté. Si ce foutu mental truffé de croyances, de peurs et de prétentions, diminue son emprise, cette bonne volonté apparaît d’elle même. J’en reviens donc à une seule chose, le désir sincère de guérir, reconnaître un peu que l’on ne peut pas faire seul et s’abandonner le mieux possible entre les mains du praticien sont les conditions largement suffisantes pour bénéficier de la thérapie initiatique que je pratique.

Vous pouvez constater combien je fais de différence entre la foi et les croyances.

Comment peut on imaginer que Dieu puisse voir, penser, réfléchir et ensuite agir ? Si telle était le cas ce serait monstrueux.

La foi, en matière spirituelle, est généralement assimilée à une croyance religieuse particulière. Personnellement je n’assimile pas la foi à une croyance, même religieuse. La croyance est une adhésion du mental à la proposition. Lorsque je dis « je crois » cela signifie que la chose à laquelle je crois entre dans le chant de cohérence de mon savoir ou de mes croyances. Il se peut aussi que j’adhère par le simple fait que la chose soit énoncée par quelqu’un en qui j’ai pleine confiance, on devrait dire digne de croyance plutôt que digne de foi. La croyance aveugle n’est pas non plus la foi. On peut tout à fait croire en quelque chose dont on a absolument aucune connaissance. Le je crois en Dieu en est une formidable. Je crois ce que l’on m’a enseigné mais je n’en ai que ma pensée, mon raisonnement pour croire. La croyance collective suffit à me faire croire. Je peux aussi croire parce que cela m’arrange.

La foi, à mon sens, n’est pas une adhésion mentale. Je dirai même qu’elle force le mental. Je considère la foi comme la voix de l’être. L’être frappe à la porte de la salle obscure dans laquelle la conscience est enfermée. La prison c’est le mental. La conscience ne perçoit que le son du mental mais la voix de l’être arrive à s’insinuer et parvient à communiquer des informations à notre appareil cognitif, à notre intelligence. La conscience au début ne voit rien mais elle est tout de même touchée. Elle subodore, suppute, il y a quelque chose qui dérange le bel arrangement concocté par le mental. Elle est obligée d’admettre qu’il y a quelque chose. C’est en ce sens que la foi force le mental. Ceux qui ont vraiment la foi disent qu’ils ne l’ont pas par volonté mais qu’ils n’ont pas pu faire autrement. C’est tout à fait ce qui m’est arrivé, la foi s’est imposée à moi. Je ne peux pas dire que j’ai foi en quelque chose, ce serait une croyance. La foi m’habite c’est tout. En plus des informations cognitives, la foi alimente toute notre physiologie et notre psychologie. Ce sont les informations issues de l’être qui s’imposent. « Ta foi t’as guéri » signifie bien que la force et les informations issues de l’être ont guéri le sujet. C’est aussi le sens de la thérapie initiatique, elle éveille la foi. Ne pensez pas que la foi soit une propriété de la religion chrétienne. Elle n’est pas religieuse, elle est spirituelle.

Sans la foi je ne suis rien, autrement dit sans l’efficience de l’être je ne suis rien. Vous voyez encore une fois que sans l’être il est tout à fait vain de penser pouvoir aller à Dieu. C’est la foi qui nous guide pas à pas, c’est le langage de l’être.

Nous sommes toujours tiraillés entre la voix du mental et la foi. Il arrive un moment où il est possible de sentir quelle est l’origine de l’information, si elle vient de l’être ou du mental. C’est ce que l’on appelle la discrimination. Le poids plume de notre conscience peut alors faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Encore faut-il que la foi ait percé jusqu’à la conscience. Avant l’être agit dans l’ombre mais il nous mène quand même, Dieu guide tout le monde en permanence. Pour certains Dieu est un bel attelage qui tire et guide le char de la vie, pour d’autre ce sera un poisson rouge qui tentera de dévier la route d’un super tanker. Ainsi soit-il. Dieu arrive toujours à ses fins.

Sur le chemin il faudra que la foi se fasse entendre, sans quoi l’ego promènera le chercheur dans toutes les directions. Le mental fait tant de bruit qu’il est bien difficile d’entendre autre chose. On revient toujours à la même conclusion, il faut calmer le mental. Mais comment? A suivre…

Je disais dans le précédent billet que pour le débutant la motivation principale était le plus souvent égocentrique. Pourtant il va bien falloir que cela change car si on poursuit sa recherche spirituelle en souhaitant satisfaire son ego on risque bien sûr de tourner en rond. Il suffit de remarquer que le candidat à la spiritualité abandonne religion, maître ou guide dès l’instant ou son ego n’est pas satisfait. Quitte à en chercher un autre ou à saisir une nouvelle opportunité dans une autre direction pour trouver son bonheur. Ce qui est humain « trop humain » comme disait Nietzsche.

Il faut donc autre chose pour avancer sur le chemin de la spiritualité. Si on écarte la motivation égocentrique, que reste t-il ? Je disais que Dieu nous guide sans que l’on s’en aperçoive. Cette guidance s’appelle la foi. C’est cette foi qui permet d’avancer, qui donne envie d’y aller. Aller où? nul ne le sait avant d’y être. Si je ne sais pas où je vais pourquoi irai-je? C’est bien là tout le mystère. Celui qui est animé par la foi va sans savoir. C’est comme un amoureux qui cherche sa dulcinée sans jamais l’avoir rencontrée. Pourtant il connaît son parfum mais ne l’a jamais senti et serait incapable de le décrire. C’est donc qu’il l’a déjà connue mais qu’il ne s’en souvient pas. En allant à Dieu nous retournons d’où nous venons, ce n’est donc pas étonnant que nous l’ayons déjà connu. La foi ce serait donc ce souvenir de Dieu et cette nostalgie qui nous pousse à le retrouver. C’est l’Être qui au fond de nous, nous pousse à retourner vers notre Père et notre Mère ontologiques.

Pour être saisi par la foi il ne faut pas être totalement absorbé dans la recherche des plaisirs du monde, des plaisirs dont la source est extérieure à l’Être. Celui qui souhaite trouver la foi doit déjà calmer son appétit, ses appétits. Jean de la Croix en fait la condition absolument indispensable, tous les maîtres authentiques également. Ce n’est pas évident de rester dans l’insatisfaction. il ne faudrait pas tout couper d’un coup au risque de déclencher une révolte de l’ego qui est toujours dévastatrice. Encore une fois le guide est nécessaire. Le dosage doit être précis, ni trop ni trop peu. Ne dit-on pas quand l’élève est prêt le maître arrive

La période qui précède la prise de conscience des manifestations de la grâce et de la présence agissante et efficiente de Dieu est la plus sujette à de multiples possibilités. Je dirai qu’il y aura autant de possibilités que d’individus. Chaque cheminement vers Dieu est complètement personnel même si chacun passera par les mêmes étapes.

Le sujet s’intéresse à la spiritualité car son ego souhaite trouver le bonheur ou une satisfaction ou échapper à la souffrance ou à la difficulté. La démarche est égotique et même égocentrique puisque le sujet cherche un mieux pour lui-même. Ceci est tout à fait normal et il ne faut pas s’en cacher. Cette attitude changera plus tard. Si l’intention est juste et pure, le chemin le sera aussi. C’est donc l’ego qui cherche pour lui-même. Chaque personne est majoritairement dominée par son ego. C’est pour cela que chacun cherchera à conforter ses propres tendances égotiques dans sa quête de Dieu. Ceci peut vous paraître paradoxal mais je ne fais que le constater. Ce n’est pas un problème je le répète. Très rares sont ceux qui peuvent faire autrement. Le paresseux choisira une voie où on prônera le fait que Dieu est omnipotent et fera tout pour celui qui le cherche et l’aspirant ne fera rien en attendant que Dieu fasse tout. Au contraire une personne très active et volontaire choisira une voie tournée vers l’action, n’hésitant pas à faire des efforts démesurés pour parvenir à son objectif. Une autre, spontanément tournée vers la contemplation se dirigera vers une voie où on lui proposera de contempler Dieu au travers de représentation ou au travers de son imagination. L’orgueilleux choisira un maître qui le reconnaîtra et lui donnera de l’importance. Je pourrais multiplier les exemples à l’infini et vous montrer avec quelle subtilité et quelle malice l’ego cherche à se nourrir lui-même au cours de cette première étape.

Vous en conclurez qu’il n’y a donc pas d’issue car ce sera toujours l’ego qui sera conforté et qui se renforcera au cours de la recherche de Dieu. Il en serait ainsi si Dieu n’était pas présent et actif même si on ne s’en aperçoit pas. Plus la démarche sera sincère, plus l’intention sera pure et plus le chemin sera efficace. C’est le premier point, l’intention est primordiale. Elle s’affinera au cours de la progression. Comment pourrions nous savoir où nous allons et ce vers quoi nous nous dirigeons lorsque l’on souhaite aller à Dieu? Nous n’en connaissons rien et pourtant nous allons à lui. C’est bien souvent en désespoir de cause ou par ouïe dire que nous entreprenons une quête spirituelle. Personnellement nous n’avons aucune vision réelle de ce vers quoi nous nous dirigeons. Nous en avons une idée ou des idées mais ce ne sont que des idées imaginaires. L’ego cherche donc ce qui lui conviendrait.

La vie, qui n’est autre que la manifestation de Dieu, se chargera de placer sur la route du chercheur ce qui lui est nécessaire pour aller à lui. Chacun trouvera ce dont il aura besoin. Chacun est guidé par la vie. Le chemin ressemble à un entonnoir au départ nous avons un grand espace de liberté apparente, les bords de l’entonnoir qui représentent les limites infranchissables sont assez éloignées, l’espace entre les deux berges est vaste et autorise un grand nombre de possibilités. Au fil de la progression vers le bout de l’entonnoir, les berges se rapprochent, l’espace de pseudo-liberté se rétrécit. Le flot de la vie nous emmène vers notre destination. Ceci est valable pour tout le monde. Il n’est pas nécessaire d’être un chercheur de Dieu. Toute l’humanité est ainsi guidée. Pour celui qui aspire à Dieu les choses deviennent plus précises et plus rapides si l’intention est juste. La route n’est pas faite uniquement de contraintes mais aussi d’appétence. Le sujet aspire à quelque chose qu’il ne peut pas définir. C’est comme si il l’avait déjà vécu, il sent que quelque chose est bon pour lui dans une direction particulière. La boussole intérieure le guide sans en avoir conscience précisément. Le sujet est donc limité d’une part et attiré d’autre part.

Dieu guide chacun d’entre nous que nous le souhaitions ou pas.

Au cours de cette période il est quasiment indispensable d’être guidé par une personne étant déjà bien avancée sur le chemin. L’ego fera tout ce qui est en son pouvoir pour détourner le chercheur de son but. On peut dire que bien souvent il nous fait prendre des vessies pour des lanternes. Le guide pourra alors éclairer le chemin. Il est bien entendu préférable de rencontrer un véritable Guru qui a totalement réalisé Dieu. C’est une grande grâce que de rencontrer ces lumières pour l’humanité. Sans Dieu rien n’est possible. L’ego ne peut rien faire seul pour aller à Dieu. Il essayera pourtant de devenir Dieu. Il lui faudra pourtant y renoncer et se laisser faire par Lui.

Un bon nombre de personnes m’ont fait part de leurs difficultés vis à vis de la traversée du désert dont je parlais dans le précédent billet. S’il faut encore souffrir, alors non. La vie n’est donc qu’une souffrance ? On souffre déjà assez comme ça alors si aller à Dieu c’est encore souffrir on en sort pas. Je comprends très bien votre réaction. J’aurais dit la même chose avant que j’expérimente cette traversée du désert. Revenons donc sur le sujet.

Cette période succède à l’apparition de la Grâce. La Grâce est un bonheur que rien ne peut égaler. On est prêt à tout pour la vivre en permanence. C’est la manifestation de la vie pure qui apparaît à la conscience. Nul ne peut s’en faire une idée avant de l’avoir vécu. Il y a une étape avant la manifestation consciente de la Grâce et une autre après. Ce sont deux périodes totalement différentes.

Dans la grande majorité des cas c’est un désir égocentrique qui conduit le sujet à se tourner vers la spiritualité. La personne cherche une satisfaction ou cherche à se guérir d’une souffrance. La peur, la souffrance et l’insatisfaction sont les principaux moteurs. Un autre moteur est l’orgueil qui conduit à la recherche d’une satisfaction orgueilleuse. Bref la motivation est égocentrique au départ et c’est normal. Ne vous flagellez pas pour ça, on ne peut pas faire autrement à moins d’être une exception à la règle, mais c’est autre chose et ce n’est pas fréquent. Cette première période doit conduire à la conscientisation de la Grâce sans quoi elle peut durer toute la vie. Durant tout ce temps le sujet oscille dans ces intentions, tantôt tout feu tout flamme tantôt il tourne le dos à la spiritualité et reprend sa vie précédente ou se tourne vers autre chose. Pas de problème, Dieu nous a fait libres et ne forcera jamais quelqu’un à aller là où il refuse d’aller.

Chacun a la responsabilité de sa vie future. Cette étape n’a rien d’un désert, elle sera ce que nous en ferons avec ce que nous sommes.

Un jour la Grâce se manifeste à la conscience. Le sujet est saisi, il ne peut en être autrement. Il est touché au plus profond de lui même et ne pourra jamais oublier ce qu’il vient de vivre. Jusque là c’était le sujet lui même qui traçait sa route si on peut dire. Maintenant c’est Dieu qui trace la route et qui laisse le sujet libre de la suivre ou de ne pas la suivre. La Grâce ne s’est pas manifestée par hasard, il fallait que le sujet soit prêt. C’est ce qu’il a fait pendant toute la première période. Il a préparé le chemin du seigneur. Tout ce qu’il a fait ou construit par lui-même sera détruit et rebâtit par Dieu. Il devient l’ouvrier, il n’est plus le maître d’œuvre. C’est là que commence la traversée du désert. Mais de quel désert?

Une fois que l’on a connu la Grâce, rien d’autre ne peut combler le sujet. Aucun plaisir du monde ne peut remplacer la Grâce. Pour gagner cette Grâce il faudra perdre un bon nombre de tendances égocentriques. Le désert sera donc l’absence de satisfaction profonde égocentrique. Le sujet perdra ses richesses c’est à dire qu’il perdra ses tendances égocentriques. Il ne perdra pas forcément sa fortune financière mais devra perdre la peur de manquer. Dieu choisira la façon de lui faire perdre cette tendance. Nul ne peut savoir de quoi demain sera fait. La vie sera conforme à la nécessité Divine. En contre partie, il y a bon nombre de satisfactions durant cette traversée du désert.

La plus grande satisfaction à mes yeux est la sensation de justesse. La conviction intime de savoir que l’on est sur la bonne route, à sa place, est une satisfaction formidable. Dieu confirme le sujet sur ses choix, sur son positionnement, il lui montre aussi ses erreurs avec douceur. Je rappelle ici que Dieu est pour moi la source de l’information juste. Cette information pointe à la conscience par la Grâce. Le chemin sera bordé d’encouragements, le sujet n’est jamais seul, il chemine en compagnie de lui-même qui n’est autre que Dieu. Certes il y aura des périodes très difficiles mais jamais le chercheur ne sera abandonné. Il aura parfois l’impression que Dieu l’a abandonné mais ce ne sera que pour renforcer sa soif et sa faim ou pour épuiser une tendance égotique.

Progressivement la présence de Dieu se fait plus intense et plus constante, La sortie du désert approche. ce n’est pas pour autant que la route est finie. Il reste encore bon nombre de tendances égocentriques à dissoudre. Je peux vous garantir que si cette période est difficile elle est aussi pleinement satisfaisante. Le désert, c’est donc l’absence, absence de satisfactions égotiques et parfois absence de Dieu, ou les deux à la fois.

Chacun peut renoncer en cours de route. Il ne lui en sera pas tenu rigueur. Certains ou certaines éprouveront le besoin de faire une pause, de s’arrêter sur une île paradisiaque pour un temps et reprendront leur route ensuite. Tous les chemins sont possibles, rien n’est jamais joué d’avance. L’ego est un malin, pour ne pas dire le malin. Il a plus d’un tour dans son sac.

Ce serait à refaire je le referais avec encore plus d’enthousiasme. Mais je ne suis pas au bout de la route et peut être que d’autres déserts m’attendent. A la Grâce de Dieu.

Vous trouverez toutes sortes d’interprétations de l’Éveil. Chaque culture, chaque tendance spirituelle, en donnent une conceptualisation particulière. Je voudrais vous communiquer mon expérience à ce sujet car elle me semble intéressante pour ceux qui cherchent.

L’Éveil de quoi ? Certainement pas de Dieu car il est partout tout le temps. L’Éveil de l’Être pas plus puisque c’est la même chose que Dieu au niveau individuel. Il n’y a que le mot qui change. Toutes nos capacités Spirituelles sont en permanence éveillées et efficientes. Je ne répéterai jamais assez que Dieu ne s’éveille pas, ne se dynamise pas et ne se canalise pas. L’homme n’a aucun pouvoir sur lui.

La seule chose qui nous permet de s’en éloigner est le mental. Le mental est virtuel, il est secrété par nos facultés cognitives qui sous l’emprise de la peur créent un monde rassurant pour calmer la peur et développent des stratégies pour trouver le bonheur. Chacun a son propre mental. Chacun ses tics et ses tocs.

La conscience est totalement prise par le mental. La conscience peut être vue comme un point au centre d’un œuf dont la densité est plus ou moins importante et la coquille plus ou moins solide et épaisse. Cet œuf mental est un monde virtuel. Il est fait de croyances, de savoirs, d’idées. Le mental isole la conscience du monde réel qui est Divin. Je dis bien que c’est la conscience qui est prisonnière à l’intérieur même du sujet. Mais le sujet baigne en permanence dans la divinité, Il ne faut pas chercher Dieu au dehors, Il est en chacun. En chacun se trouvent deux monde l’un illusoire, le mental, l’autre réel le Divin. Toutes les informations qui émanent de la réalité sont travesties par le mental. Chacun voit le monde et le comprends à partir de son mental individuel.

Il réagit à partir de ce mental.

L’Éveil pourrait être le moment où, pour la première fois, la conscience est saisie par une information en provenance de la réalité. L’information essentielle pénètre au travers du mental sans en être altérée et touche la conscience. C’est le plus souvent un moment merveilleux, plus ou moins intense et plus ou moins durable. Ce n’est pour moi qu’un préambule. La première fois est toujours importante pour celui qui le vit, c’est un instant très marquant. Je ne pense pas qu’il faille attribuer à ce fait le terme d’Éveil. Certes la conscience s’est éveillée à quelque chose d’inhabituel, considéré comme extraordinaire et Divin par celui qui le vit. Tout ce qui est revêtu du qualificatif extraordinaire n’est pas forcément divin, loin s’en faut. Je dirais plutôt que le sujet est interpellé. Il peut en être intrigué, stupéfait, exalté, enorgueilli et je ne sais quoi encore.

Si ce surgissement est d’ordre Divin, la curiosité du sujet va être mise en mouvement et il va chercher. Chercher quoi? il ne le sait pas mais il va se mettre en route. Il aura peut être des piqûres de rappel. De toutes façon il trouvera spontanément sur sa route tout ce qui lui faut pour le guider. Je dirai que c’est la première phase d’un cheminement participatif. Pendant ce temps, le sujet est généralement comblé de bonnes surprises et de gâteries. Il a l’impression que tout ou presque lui tombe du ciel. La durée ainsi que toutes les qualités de cette période sont très variables d’un sujet à l’autre.

Si tout va bien, l’Être va prendre de plus en plus de place, il va progressivement envahir le sujet et transmuter ses énergies. Arrive un moment où les encouragements se font plus rares, les cadeaux également, nous approchons du désert. Il va falloir le traverser. Durant la période précédente le chercheur aura fait provisions de détermination, de désir et de volonté grâce aux encouragements donnés par la perception de sensations très agréables. L’aspirant était sous le charme. Le voici maintenant sous le poids de sa pesanteur, sous le poids de ses tendances égocentriques. Il devra œuvrer s’il en a le courage pour s’en défaire, pour s’en extraire. Je compare volontiers cette situation à celle d’un asticot au milieu d’un pot de glu (je sais c’est pas gentil). Le temps passera jusqu’à ce qu’il sorte du désert.

En sortant du désert le chercheur retrouve Dieu en lui. Il est capable de le reconnaître. Il sait faire la différence entre ce qui est de son ego et ce qui est de son essence. Il est capable de discrimination, de reconnaissance (connaître ce qui a déjà été connu). Il trouve Dieu en lui et le reconnaît chez les autres. Le chemin est bien loin d’être terminé, c’est une nouvelle étape qui commence. A ce stade je pense que l’on peut dire que le sujet est éveillé. Il lui reste à se réaliser, c’est à dire devenir Dieu et pour cela il devra perdre totalement son ego mentalisé puis se fondre en Dieu en abandonnant son ego.

Le chemin est long mais il est heureux. Ne croyez pas que ce soit une torture permanente. Il est semé de merveilleux qui relativise les souffrances et fait les oublier.

Pourquoi la bataille serait-elle longue et difficile ?

Déjà ce n’est pas une condition nécessaire mais c’est ce qui va probablement se passer.

L’ego s’est construit sur la peur et a développé une importante armée pour se protéger, assurer sa survie et se satisfaire. La peur ne lâche pas aussi facilement qu’on le voudrait. Consciemment on pense que c’est possible et relativement aisé mais lorsqu’une situation difficile pointe le bout de son nez on s’aperçoit très vite combien les peurs sont présentes et facilement réactivables. D’autre part l’ego se prend pour le patron alors qu’il n’est que le premier ministre. Il ne lâchera pas non plus facilement son pouvoir et mettra tout en œuvre pour garder sa suprématie. Tels sont les principales raisons pour lesquelles ce ne sera pas facile.

En fait ça ne doit avoir aucune importance car si on pense qu’il faut atteindre le but et qu’après tout ira bien, c’est déjà mal parti. Nous ne pouvons pas savoir quel est le but. On peut bien dire que l’on veut être réalisé ou débarrassé de l’ego mais qui sait ce que cela signifie et quel est la nature de cet état. Seul celui qui y parvient le sait. Les autres ne peuvent que s’en faire une idée qui, comme toutes les idées, est fausse.

La seule chose importante, à mes yeux, est de se trouver sur le chemin qui mène à Dieu en essayant de faire le moins possible de zigzag. Tout le monde est guidé par Dieu qu’il le veuille ou non. Le sentiment le plus précieux dans la vie et qui sert de boussole est celui de justesse. Avec un minimum d’honnêteté on sait très bien si notre comportement est juste ou pas. Faisons ce qui nous semble juste, soyons ce qui nous semble être juste et nous serons sur le bon chemin. La vie se chargera de nous guider, de nous faire prendre conscience de nos erreurs, de créer les situations nécessaires. La vie est notre Guru. Ce qui ne nous empêche pas de prendre refuge en un maître parfaitement réalisé.

Inutile donc d’attendre d’arriver au but pour avoir une vie heureuse et enrichissante.

Kurukshetra est une grande bataille racontée dans le grand poème épique qu’est le Mahabharata.

Cette bataille oppose deux clans qui représentent les deux forces en chaque humain, l’Etre et l’ego. Cette guerre est intense et les batailles très dures. C’est ce qui se passe au sein du sujet lorsque celui-ci est en cours de transformation sous l’effet de la croissance de l’Être. Les conflits entre l’Être et l’égo sont très puissants et se vivent au travers de conflits intérieurs émotionnels, mentaux et physiques.

Celui qui me dit que son chemin spirituel est jalonné de belles fleurs, de douceurs et de joie, n’a pas commencé sa transmutation. Il est peut être en train de la préparer. Le véritable changement est douloureux et épuisant. Il faut pour cela une très forte détermination. La volonté égotique ne suffit pas, il est indispensable que la conscience soit touchée par la Grâce. C’est cette perception même fugace qui donne envie, force et intelligence à l’aspirant pour continuer le chemin. C’est la carotte, la boussole et la nourriture. Sans elle rien n’est possible. L’ego identifié au corps et au mental ne peut rien faire. Seule la Grâce peut conduire l’aspirant sincère. Dieu mène à Dieu.

On peut voir deux phases distinctes. La première est le début de la quête, l’ego cherche une satisfaction ou tente de fuir la souffrance. Puis, un jour, la conscience est touchée par la Grâce. A ce moment commence la deuxième phase. Ce moment particulier, charnière sur le chemin, peut être appelé l’éveil. Mais ce n’est que le début du chemin véritable, le début de la transmutation du sujet. Le début du véritable changement. La bataille sera rude et longue.