Perdre l’un et l’autre pour un Autre qui n’est rien.
Je ne sais rien de Toi.
Je sais seulement que tu me transfigures inlassablement.
Je suis en pleine confiance et pourtant ignorant.
Tu me tortures, me brises, me cajoles, m’emplis de joie, de paix et de douceur.
Mais tout ceci ce n’est pas Toi.
Qui es Tu ?
Je ne sais rien de Toi.
Je T’attends avec impatience.
Je Te prie avec ferveur.
Je ne T’espère plus car je sais que Tu viens.
C’est devenir par Toi qui remplit ma vie de contentement, sans fierté ni orgueil.
Tu m’as enseigné la patience et la persévérance, insufflé la confiance.
C’est sur le chemin du devenir que Tu m’as placé.
Sans Toi je ne suis rien.
Avec Toi je ne suis rien.
Par Toi je vais à Toi.
Pour enfin devenir Toi.

La période qui précède la prise de conscience des manifestations de la grâce et de la présence agissante et efficiente de Dieu est la plus sujette à de multiples possibilités. Je dirai qu’il y aura autant de possibilités que d’individus. Chaque cheminement vers Dieu est complètement personnel même si chacun passera par les mêmes étapes.

Le sujet s’intéresse à la spiritualité car son ego souhaite trouver le bonheur ou une satisfaction ou échapper à la souffrance ou à la difficulté. La démarche est égotique et même égocentrique puisque le sujet cherche un mieux pour lui-même. Ceci est tout à fait normal et il ne faut pas s’en cacher. Cette attitude changera plus tard. Si l’intention est juste et pure, le chemin le sera aussi. C’est donc l’ego qui cherche pour lui-même. Chaque personne est majoritairement dominée par son ego. C’est pour cela que chacun cherchera à conforter ses propres tendances égotiques dans sa quête de Dieu. Ceci peut vous paraître paradoxal mais je ne fais que le constater. Ce n’est pas un problème je le répète. Très rares sont ceux qui peuvent faire autrement. Le paresseux choisira une voie où on prônera le fait que Dieu est omnipotent et fera tout pour celui qui le cherche et l’aspirant ne fera rien en attendant que Dieu fasse tout. Au contraire une personne très active et volontaire choisira une voie tournée vers l’action, n’hésitant pas à faire des efforts démesurés pour parvenir à son objectif. Une autre, spontanément tournée vers la contemplation se dirigera vers une voie où on lui proposera de contempler Dieu au travers de représentation ou au travers de son imagination. L’orgueilleux choisira un maître qui le reconnaîtra et lui donnera de l’importance. Je pourrais multiplier les exemples à l’infini et vous montrer avec quelle subtilité et quelle malice l’ego cherche à se nourrir lui-même au cours de cette première étape.

Vous en conclurez qu’il n’y a donc pas d’issue car ce sera toujours l’ego qui sera conforté et qui se renforcera au cours de la recherche de Dieu. Il en serait ainsi si Dieu n’était pas présent et actif même si on ne s’en aperçoit pas. Plus la démarche sera sincère, plus l’intention sera pure et plus le chemin sera efficace. C’est le premier point, l’intention est primordiale. Elle s’affinera au cours de la progression. Comment pourrions nous savoir où nous allons et ce vers quoi nous nous dirigeons lorsque l’on souhaite aller à Dieu? Nous n’en connaissons rien et pourtant nous allons à lui. C’est bien souvent en désespoir de cause ou par ouïe dire que nous entreprenons une quête spirituelle. Personnellement nous n’avons aucune vision réelle de ce vers quoi nous nous dirigeons. Nous en avons une idée ou des idées mais ce ne sont que des idées imaginaires. L’ego cherche donc ce qui lui conviendrait.

La vie, qui n’est autre que la manifestation de Dieu, se chargera de placer sur la route du chercheur ce qui lui est nécessaire pour aller à lui. Chacun trouvera ce dont il aura besoin. Chacun est guidé par la vie. Le chemin ressemble à un entonnoir au départ nous avons un grand espace de liberté apparente, les bords de l’entonnoir qui représentent les limites infranchissables sont assez éloignées, l’espace entre les deux berges est vaste et autorise un grand nombre de possibilités. Au fil de la progression vers le bout de l’entonnoir, les berges se rapprochent, l’espace de pseudo-liberté se rétrécit. Le flot de la vie nous emmène vers notre destination. Ceci est valable pour tout le monde. Il n’est pas nécessaire d’être un chercheur de Dieu. Toute l’humanité est ainsi guidée. Pour celui qui aspire à Dieu les choses deviennent plus précises et plus rapides si l’intention est juste. La route n’est pas faite uniquement de contraintes mais aussi d’appétence. Le sujet aspire à quelque chose qu’il ne peut pas définir. C’est comme si il l’avait déjà vécu, il sent que quelque chose est bon pour lui dans une direction particulière. La boussole intérieure le guide sans en avoir conscience précisément. Le sujet est donc limité d’une part et attiré d’autre part.

Dieu guide chacun d’entre nous que nous le souhaitions ou pas.

Au cours de cette période il est quasiment indispensable d’être guidé par une personne étant déjà bien avancée sur le chemin. L’ego fera tout ce qui est en son pouvoir pour détourner le chercheur de son but. On peut dire que bien souvent il nous fait prendre des vessies pour des lanternes. Le guide pourra alors éclairer le chemin. Il est bien entendu préférable de rencontrer un véritable Guru qui a totalement réalisé Dieu. C’est une grande grâce que de rencontrer ces lumières pour l’humanité. Sans Dieu rien n’est possible. L’ego ne peut rien faire seul pour aller à Dieu. Il essayera pourtant de devenir Dieu. Il lui faudra pourtant y renoncer et se laisser faire par Lui.

Vous trouverez toutes sortes d’interprétations de l’Éveil. Chaque culture, chaque tendance spirituelle, en donnent une conceptualisation particulière. Je voudrais vous communiquer mon expérience à ce sujet car elle me semble intéressante pour ceux qui cherchent.

L’Éveil de quoi ? Certainement pas de Dieu car il est partout tout le temps. L’Éveil de l’Être pas plus puisque c’est la même chose que Dieu au niveau individuel. Il n’y a que le mot qui change. Toutes nos capacités Spirituelles sont en permanence éveillées et efficientes. Je ne répéterai jamais assez que Dieu ne s’éveille pas, ne se dynamise pas et ne se canalise pas. L’homme n’a aucun pouvoir sur lui.

La seule chose qui nous permet de s’en éloigner est le mental. Le mental est virtuel, il est secrété par nos facultés cognitives qui sous l’emprise de la peur créent un monde rassurant pour calmer la peur et développent des stratégies pour trouver le bonheur. Chacun a son propre mental. Chacun ses tics et ses tocs.

La conscience est totalement prise par le mental. La conscience peut être vue comme un point au centre d’un œuf dont la densité est plus ou moins importante et la coquille plus ou moins solide et épaisse. Cet œuf mental est un monde virtuel. Il est fait de croyances, de savoirs, d’idées. Le mental isole la conscience du monde réel qui est Divin. Je dis bien que c’est la conscience qui est prisonnière à l’intérieur même du sujet. Mais le sujet baigne en permanence dans la divinité, Il ne faut pas chercher Dieu au dehors, Il est en chacun. En chacun se trouvent deux monde l’un illusoire, le mental, l’autre réel le Divin. Toutes les informations qui émanent de la réalité sont travesties par le mental. Chacun voit le monde et le comprends à partir de son mental individuel.

Il réagit à partir de ce mental.

L’Éveil pourrait être le moment où, pour la première fois, la conscience est saisie par une information en provenance de la réalité. L’information essentielle pénètre au travers du mental sans en être altérée et touche la conscience. C’est le plus souvent un moment merveilleux, plus ou moins intense et plus ou moins durable. Ce n’est pour moi qu’un préambule. La première fois est toujours importante pour celui qui le vit, c’est un instant très marquant. Je ne pense pas qu’il faille attribuer à ce fait le terme d’Éveil. Certes la conscience s’est éveillée à quelque chose d’inhabituel, considéré comme extraordinaire et Divin par celui qui le vit. Tout ce qui est revêtu du qualificatif extraordinaire n’est pas forcément divin, loin s’en faut. Je dirais plutôt que le sujet est interpellé. Il peut en être intrigué, stupéfait, exalté, enorgueilli et je ne sais quoi encore.

Si ce surgissement est d’ordre Divin, la curiosité du sujet va être mise en mouvement et il va chercher. Chercher quoi? il ne le sait pas mais il va se mettre en route. Il aura peut être des piqûres de rappel. De toutes façon il trouvera spontanément sur sa route tout ce qui lui faut pour le guider. Je dirai que c’est la première phase d’un cheminement participatif. Pendant ce temps, le sujet est généralement comblé de bonnes surprises et de gâteries. Il a l’impression que tout ou presque lui tombe du ciel. La durée ainsi que toutes les qualités de cette période sont très variables d’un sujet à l’autre.

Si tout va bien, l’Être va prendre de plus en plus de place, il va progressivement envahir le sujet et transmuter ses énergies. Arrive un moment où les encouragements se font plus rares, les cadeaux également, nous approchons du désert. Il va falloir le traverser. Durant la période précédente le chercheur aura fait provisions de détermination, de désir et de volonté grâce aux encouragements donnés par la perception de sensations très agréables. L’aspirant était sous le charme. Le voici maintenant sous le poids de sa pesanteur, sous le poids de ses tendances égocentriques. Il devra œuvrer s’il en a le courage pour s’en défaire, pour s’en extraire. Je compare volontiers cette situation à celle d’un asticot au milieu d’un pot de glu (je sais c’est pas gentil). Le temps passera jusqu’à ce qu’il sorte du désert.

En sortant du désert le chercheur retrouve Dieu en lui. Il est capable de le reconnaître. Il sait faire la différence entre ce qui est de son ego et ce qui est de son essence. Il est capable de discrimination, de reconnaissance (connaître ce qui a déjà été connu). Il trouve Dieu en lui et le reconnaît chez les autres. Le chemin est bien loin d’être terminé, c’est une nouvelle étape qui commence. A ce stade je pense que l’on peut dire que le sujet est éveillé. Il lui reste à se réaliser, c’est à dire devenir Dieu et pour cela il devra perdre totalement son ego mentalisé puis se fondre en Dieu en abandonnant son ego.

Le chemin est long mais il est heureux. Ne croyez pas que ce soit une torture permanente. Il est semé de merveilleux qui relativise les souffrances et fait les oublier.

Le singe sait ce qu’il doit devenir et restera le même. L’homme Spirituel voit ce qu’il est devenu.