Il est 8h30 je reviens de la plage après avoir récité les noms de la mère Divine à 4h50, médité au bord de la plage et pratiqué une séance de yoga.

Je suis à mi parcours de mon séjour à l’Ashram. Je ne sais toujours pas où cela va me mener. Je ressens une nécessité d’intensifier ma pratique et ma concentration sur l’essentiel. Ici ce n’est pas luxueux, mais il y a tout ce qu’il faut pour transformer un lieu de travail spirituel et de concentration sur le Divin en « club méd » de la Spiritualité. Le rythme de la journée est laissé à l’appréciation de chacun, il n’y a personne pour vous dire ce que vous devez faire ou pas, des règles sont affichées et les programmes de la journée sont également affichés sur un tableau. C’est à peu près la même chose toutes les semaines. Chacun fait donc ce qu’il veut. Heureusement que la « loi de la mère Divine » s’impose sans qu’on s’en rende compte sans quoi ce serait un beau bazar. C’est ainsi que procède Amma, elle inspire chacun et fait son œuvre à l’insu de la conscience individuelle. A chacun de se rendre perméable à la Grâce.

Hier je suis allé au Darshan pour la deuxième fois de ce séjour. En faisant la queue, j’ai senti un désir irrésistible d’acheter une guirlande de fleurs pour la passer autour du cou d’Amma avant qu’elle me prenne dans ses bras. Dans la file d’attente, je tenais ma guirlande dans mes deux mains et la caressait affectueusement. J’avais l’impression de la remplir d’Amour pour offrir à mon Maître tout l’Amour que j’éprouvais pour Elle et toute la gratitude pour tout ce qu’elle a fait pour moi depuis tout ce temps. Mon cœur s’échauffait par le feu de l’Amour. Mes mains commençaient à trembler puis des larmes pointaient leur nez au bord de mes yeux. Que du bonheur…

Depuis que je suis arrivé à l’Ashram, Amma ne veut pas croiser mon regard. Je n’avais pas acheté la guirlande pour qu’elle s’intéresse à moi, je voulais juste lui offrir mon cœur. Je n’attendais rien en retour. Heureusement pour mon égo je n’avais aucune attente. Et bien sûr, elle a détourné la tête au moment où je passais la guirlande autour de son cou, m’a posé la tête sur son épaule et donné son Darshan. Ce fut rapide, efficace, net et sans bavure. Une véritable œuvre d’art. C’est clair elle ne veut pas me regarder dans les yeux. Heureusement pour moi j’ai déjà expérimenté la même chose la première fois que je suis venu à l’Ashram, le premier jour elle a regardé au dessus de ma tête en disant « ahahah » comme pour dire « oh c’est intéressant tout ça » et elle a fait la même chose le jour de mon départ. De tout mon séjour de trois semaines elle ne m’a pas regardé. 19 ans plus tard c’est le même scénario sauf que je n’ai pas eu le « ahahah ».

Que faut il en penser ? Si mon mental était dominant, ça tournerait vite au cauchemar. Je me demanderais pourquoi il en est ainsi et des tas de raisons pourraient surgir. La culpabilité pourrait poindre son nez ou la révolte ou la colère. Face à l’incompréhension, à l’insatisfaction, à un sentiment d’injustice ou « d’injustesse », tout peut arriver. L’ego peut devenir la bête féroce qui sommeil au fond de l’inconscient, il peut devenir extrêmement destructeur pour finalement parvenir à se détruire lui même et réduire à zéro les bénéfices d’un tel séjour. Dieu soit loué je ne suis pas dans ce cas de figure.

Je m’observe et essaye d’avoir des informations, je suis à l’affût des sensations qui pourraient s’éveiller. Pour l’instant rien à l’horizon, aucun sentiment négatif et aucune explication. Je suis habité d’un calme et d’un bonheur intérieur permanent, sans me sentir auto-satisfait ou imbu de moi-même. L’idée est : « continue, intensifie tes pratiques, ne perd pas de temps dans des futilités, concentre toi encore plus sur Amma et laisse toi faire ». Je suis persuadé que j’aurai la réponse. Ma confiance en Amma est telle que je crois qu’elle peut tout faire, que je peux tout entendre et que quoiqu’il arrive je lui resterai fidèle. Sans ces conditions, je pense qu’il est impossible de changer radicalement son ego. Je me souviens d’une phrase mais je ne sais plus de qui elle est « il faut être comme le cadavre dans les mains de son embaumeur ». Je vous accorde qu’on peut trouver une image plus agréable mais elle est bien signifiante. Je prendrais bien l’image du patient subissant l’intervention du chirurgien sans anesthésie mais je sais que ça va vous faire froid dans le dos. Pourtant ça y ressemble parfois. Amma dit « quand une dent est pourrie il faut l’extraire et y verser le baume de l’Amour pendant l’opération ». C’est bien comme ça que ça marche.

L’Amour permet cela, la douleur reste là mais la souffrance n’est plus là.

Il faut se laisser faire par l’Être, par le Guru, c’est la même chose. L’ego ne peut pas se changer lui-même. c’est du fond des profondeurs que la graine germe et se développe délivrant progressivement les informations qui vont transformer le sujet et transmuter toutes les mémoires.

J’ai l’habitude de dire que je n’y suis pour rien dans tout ce qui m’est arrivé. La grâce du Guru est irremplaçable. J’ai commencé consciemment mon cheminement en 1982 et n’ai rencontré physiquement mon Maître que dix ans plus tard. Confiance, détermination, patience sont des maîtres mots sur le chemin.

A suivre…

Représentation de Krishna conduisant le char d'Arjuna.
Représentation de Krishna conduisant le char d’Arjuna. Il est tiré par cinq chevaux qui symbolisent les cinq éléments. Ce qui veut dire que Krishna est maître de la nature.

L’épopée du Mahabharata rapporte l’histoire de la guerre qui oppose le clan de l’égo et le clan de l’Être. Comme toutes les grandes épopées elles sont écrites sur un plan symbolique.

Il me semble qu’aujourd’hui, nous sommes en train de jouer cette guerre. Notre époque correspond à l’ère du Kaliyuga qui est celle de la prédominance de l’égo. L’homme ira jusqu’à vouloir détruire Dieu et tout ce qui se rapporte à Dieu pour assoir son pouvoir.

Dans le Mahabharata, au moment où la guerre est pratiquement terminée et que l’égo l’emporte, Krishna qui est un Mahatma ou un Avatar, manifeste sa vraie nature au clan du Divin auquel il appartient. S’opère à ce moment le renversement qui conduira à la victoire de l’Être sur l’égo. C’est Krishna qui reprend les rennes de la bataille.

On peut donc constater que Le Divin ne se manifeste qu’au moment où tout est presque perdu. Le pouvoir Divin et Dieu lui-même sont indestructibles, l’égo tire sa puissance de l’énergie Divine et la détourne à son profit. En voulant tuer Dieu, s’il le pouvait, il se détruirait lui-même. N’est-ce pas ce qui est en train de nous arriver. Nous ne suivons plus la voie de la nature mais celle de la toute puissance égotique, ce faisant, nous détruisons la nature qui n’est pas autre chose que Dieu manifesté. En continuant dans cette voie, nous nous détruisons nous-même puisque nous sommes bel et bien en train de nous couper l’herbe sous le pied en polluant la terre et en rendant celle-ci incapable de nous nourrir. Nous allons même jusqu’à rendre l’eau, si indispensable à la survie, impropre à la consommation et rare. Les exemples ne manquent pas comme la destruction des abeilles qui pollinisent les végétaux.

Nous allons donc directement à l’épuisement des ressources indispensables à la survie de l’humanité. La bataille pour se procurer ces ressources indispensables risque d’advenir.

Toutes les tentatives pour freiner cette surconsommation se trouve considérablement freinée par les lobbies qui voient là un risque de perte de puissance. Pire encore ils récupèrent à leur profit les solutions présentées comme biologiques. Par exemple le carburant à base de colza est en train de ruiner la qualité des sols et l’équilibre des cultures. Là aussi les exemples ne manquent pas. On veut rééquilibrer dans un sens et on déséquilibre dans un autre sens. Il faut diminuer notre consommation d’énergie au lieu de chercher des substitutifs au pétrole.

Le consumérisme sert au maintient du pouvoir égotique. Je veux dire par là que la surconsommation d’énergie induite par la surconsommation, ne sert qu’à assouvir le besoin de puissance et la volonté de pouvoir. La consommation et la surconsommation génèrent un besoin croissant d’énergie. Cette énergie puisée dans la terre se transforme en richesses inutiles qui enrichissent considérablement quelques personnes et leur donne ainsi le pouvoir. C’est exactement comme si 99,9% des hommes puisaient l’eau et la stockaient dans des réservoirs auxquels ils n’ont pas accès. Les personnes riches possédant ces réservoirs la distribueraient selon leur bon vouloir. Toute cette énergie accumulée, bloquée devra être libérée pour revenir à un état naturel. Nous sommes allés très loin dans le déséquilibre et ce n’est probablement pas fini.

C’est à l’image du balancier qui monte très haut dans un sens et va à un moment donné revenir avec une force considérable proportionnelle au point haut qu’il avait atteint.

Krishna intervient ce qui signifie qu’au moment opportun, il reprend la direction des opérations conduisant le char d’Arjuna qui jusque là était incapable de faire la guerre contre l’autre clan qui est une part de sa famille, entendons par là que l’égo est une part de nous même. Le principe de l’égo étant le détournement des forces naturelles au profit de l’individu. Dieu, sous la forme de Krishna, laisse donc les hommes se débrouiller. Il est cependant toujours présent, dès le début. Il me semble qu’il prépare le moment où il devra intervenir. Tout cela est dans le plan Divin. Ce sont les lois de la nature.

Nous allons donc droit dans le mur, tout le monde le sait, mais les décisionnaires ne peuvent rien faire car la soif de pouvoir de quelques personnes détenant le pouvoir que l’argent confère, suffit à maintenir leur pouvoir et leur volonté en place. La ruée vers la chute s’accélère. Cependant on voit des consciences qui s’éveillent. Amma ne fait pas autre chose qu’éveiller les consciences. Toute son œuvre est tournée vers la restauration du Dharma (ordre naturel des choses de la vie). En sillonnant le monde et faisant germer la graine de la sagesse dans des millions de personnes (je crois qu’elle a rencontré, en donnant son Darshan, 50 millions de personnes), elle prépare peut-être le moment du retournement. Le moment venu elle manifestera alors sa vraie nature qui jusqu’à présent ne s’est pas révélée.

Comme le chantait Nougaro, « alors le peuple moribond se lèvera d’un bond armé d’Amour jusqu’aux dents ». Inutile de vous dire que cette vision est tout à fait personnelle et n’engage que moi. C’est peut être mon rêve, mon utopie, mon désir, mon espoir.

En attendant poursuivons notre quête et œuvrons autant que possible pour retrouver et promouvoir les valeurs naturelles et Spirituelles (c’est la même chose). Il nous faut sortir de l’égocentrisme en portant plus d’attention désintéressée aux autres.

Ici, à l’Ashram, Amma attache une grande importance au service désintéressé appelé Séva. J’en parlerai dans un autre article.

Les chants Sacrés appelés « Bahjan » parlent bien souvent de la difficulté de rencontrer Dieu dans sa manifestation d’Amour pur. Les textes racontent la souffrance du chercheur Spirituel qui invoque le Divin ou Krishna, Shiva ou d’autres divinités. « Ô Krishna combien de vies me faudra-t-il encore pour qu’enfin je t’aperçoive, ne vois tu pas les larmes et la souffrance de ton fils qui t’implore, qu’ai-je fait pour mériter un tel supplice ? Ai pitié de moi je t’en prie et abreuve mon âme de ta compassion etc… » Ces chants portés par Amma sont très puissants et éveillent la dévotion envers Dieu.

C’est ce que j’ai vécu une fois de plus au matin de Noël. Lors de ma méditation du matin au bord de la plage, bercé par le doux son des vagues et caressé par la brise matinale, je me sentais plutôt heureux, les idées apaisées, le cœur en joie, le corps bien déployé dans la posture, c’était facile et léger. Progressivement ma conscience s’est immergée dans l’océan intérieur, les vagues de surface disparurent et je me suis trouvé devant une porte qui, je le ressentais, ouvrait vers l’espace infini empli de l’Amour pur tant convoité. Hélas je suis resté devant la porte, elle ne s’est pas ouverte. Même avec le temps je me suis retrouvé bloqué. C’est à ce moment que le chagrin, les pleurs, la souffrance sont apparus causés par la frustration de ne pas pouvoir accéder à ce qui me semblait être le paradis. Tout était comme dans les chants, ce n’était pas une imagination mais bien un vécu. Ayant déjà eu l’occasion de passer cette porte, je savais bien ce que je manquais en restant du mauvais côté.

Ce chagrin avec tous ces pleurs, cette détresse, purifient l’âme et le corps par la même occasion. Les mémoires, les tendances perverses sont éliminées par le souffle ou par les larmes, et bien souvent par les deux en même temps. C’est bien le but de la démarche Spirituelle, il faut se purifier pour pénétrer dans le royaume Divin. Ca ne se fait pas la fleur aux dents et le sourire en bandoulière. L’épuration est douloureuse mais soutenue en arrière plan par la présence Divine. Sans elle ce ne serait pas possible. Il faut parfois rester bien longtemps à la porte avant qu’elle ne laisse transpirer quelques effluves de ce qui est de l’autre côté. C’est de cette difficulté que nous parlent les chants dévotionnels ils nous animent par la même occasion en éveillant la dévotion.

La frustration est une compagne quasi permanente. Le désir d’atteindre la pureté qui elle seule peut combler le désir s’accompagne de frustration. La difficulté ne réside pas dans la frustration qui, si elle est tout simplement acceptée et vécue comme elle est et pour ce qu’elle est ne génère pas de négativité. Elle devient une compagne du désir, elle l’accompagne en permanence. Ce chagrin d’Amour est donc une expression du désir et de la frustration. Il devient souffrance lorsqu’il est refusé ou plus simplement non accepté.

Si le divin ne veut pas me donner cet amour, s’il ne veut pas m’apporter la satisfaction que j’implore alors mon ego réagit. Il réagit contre la frustration qu’il refuse d’assumer qu’il ne peut pas supporter de vivre. Les réactions sont différentes en fonction de la nature égotique de chacun. Une personne va se mettre à boire pour noyer son chagrin, une autre va se mettre en colère contre tout ce qui bouge, un autre va déprimer et s’enfoncer dans la détresse, un autre va chercher une compensation sous une forme ou sous une autre.

Personnellement, je me suis senti irrité, nerveux et grandement insatisfait après cette méditation j’aurais pu m’énerver ou devenir violent si je m’étais totalement laissé prendre par cette réaction. Autrement dit, si ma conscience s’était identifiée à cette frustration, à cet ego frustré et réactif. Ces énergies, ces forces de réactivité étaient palpables autour de moi.

La bonne façon de gérer cette situation était de laisser ces énergies se manifester intérieurement et simplement les regarder, les apercevoir sans se laisser mener par elles. C’est comme être pris dans une tempête et se laisser emporter par le vent jusqu’à devenir le vent lui-même. Au contraire il faut regarder et vivre cette tempête intérieure et rester enraciné dans la présence bienveillante envers soi et envers le monde. Ce n’est pas facile du tout, c’est un sport de haute compétition qui requiert un entraînement assidu. Poser sa conscience sur les désirs de manifestation égotique réactionnels, sans les encourager, sans les refuser, sans chercher à les maîtriser ou en faire quoi que ce soit est pour moi la méthode que je trouve la plus efficace. La lumière révèle l’ombre et la présence de la conscience dissout cette ombre, la lumière dissout les ténèbres. Toutes les réactions et les compensations ne font qu’alimenter les racines de la réactivité, elles leur donnent de l’énergie, de la nourriture, de la force et leur permettent de grandir. Il faut les confier à Dieu, à l’Être. Prenons un exemple pour illustrer ce point important. Vous avez un désir d’Amour Spirituel intense et vous ne parvenez pas à vivre cet Amour pur malgré tous vos efforts. Il se peut qu’après une tentative infructueuse générant une intense frustration, une réaction de colère germe en vous. Vous retrouvez votre mari ou votre femme et souhaitez compenser cet frustration par une tentative d’amour que l’on va appeler humain. Vous attendez de votre relation avec votre conjoint une satisfaction qui fasse diminuer votre frustration. Par manque de chance, votre conjoint est très occupé à autre chose et ne répond pas du tout à vos attentes. La colère qui avait germer en vous va redoubler et vous allez probablement l’exprimer en invectivant votre partenaire car vous le rendez responsable de votre frustration. Je pense que vous voyez ou est l’erreur, la méprise. Hors mis le fait qu’un amour humain ne remplacera jamais le désir d’Amour, vous vous mettez en colère lorsque votre conjoint ne répond pas favorablement. L’attitude juste serait d’observer la sensation de colère, de la vivre intérieurement sans la manifester en la projetant sur quelqu’un d’extérieur. Il ne serait pas bon non plus de sur compenser en allant se défouler dans une salle de sport ou en faisant des trous dans un mur avec un marteau. Cette sur compensation utiliserait l’énergie de la colère et la nourrirait. En fait il faut accepter de vivre cette sensation intérieurement en la regardant avec bienveillance et au bout d’un certain temps, avec quelques larmes peut-être, elle disparaîtra et laissera la place à un état plus paisible. Vous aurez par cet effort d’attention contribué activement à réduire les racines de la colère. Il faudrait donc accepter la sensation et en refuser l’expression extérieure sur un objet de substitution.

L’exemple ci-dessus illustre le processus des compensations à la frustration générée par le manque de conscience et de jouissance de la présence de Dieu en nous. Le principe de la compensation est de chercher dehors ce que je devrais trouver dedans. Dieu est en nous, inutile de le chercher dehors ou de compenser le manque par une recherche de jouissance extérieure. Si les femmes et les hommes de notre société pouvaient comprendre cela et l’appliquer, nous vivrions en paix et par la même occasion nous rétablirions immédiatement le déséquilibre qui rend notre société malade, perverse et souffrante. Tout le marketing repose sur ce principe, il fait croire que le bonheur est attaché à l’objet que l’on veux faire désirer. Nous tombons régulièrement dans le piège en achetant le dernier téléphone portable qui ne nous apportera pas plus que le précédent. C’est par cette attitude boulimique, compulsionnelle, réactionnelle que nous enrichissons les grands capitalistes et réduisons les autres à l’esclavagisme. Nous ne faisons pas mieux dans ce cas que nos ancêtres du moyen âge. Nous ne sommes pas plus heureux que ce soient les princes ou les serfs.

Serons nous capable de puiser dans les ressources du monde seulement ce dont nous avons besoin pour vivre simplement au lieu de vouloir toujours plus et toujours différent. Les mécanismes sont bien enracinés. La tâche est rude et pénible. Seul un intense désir peut nous aider. Ce n’est pas facile de vivre dans la sensation de manque qui est aussi la sensation de désir sans les compenser. Nous devrions l’enseigner à nos enfants dès le plus jeune âge. Cela n’empêche pas d’être heureux mais pas complètement. Il reste toujours un manque. Nous pouvons essayer également de n’attendre du monde extérieur que ce qu’il peut nous donner, un confort, un plaisir mais pas le bonheur absolu. Une démarche Spirituelle véritable peut nous aider. Bien des gens utilisent la spiritualité comme une compensation. ce n’est pas facile de s’y retrouver tout seul. Un guide ayant déjà parcouru le chemin est indispensable.

Aujourd’hui c’est la veille de Noël. Je vous souhaite donc un très joyeux Noël, joyeux dans votre cœur quelles que soient les circonstances. Comme disait Swamini (renonçante ayant prononcé des voeux définitifs d’engagement) dans son satsang (enseignement) d’hier soir : « quoique vous fassiez, ça n’a aucune importance, ce qui compte c’est l’amour que vous portez et que vous apportez dans le monde. Faites ce qui vous plaît avec Amour. »

Voilà maintenant 5 jours que je suis à l’Ashram. Tout à changé depuis 1995,année de ma première venue, dans les apparences seulement.

C’est un village fait de maison et de building en béton décorés à l’indienne. C’est un chantier permanent, les ouvriers construisent des bâtiments, le village s’est développé, le terrain sur lequel les maisons sont construites s’est considérablement agrandi. Quelques maisons de villageois locaux subsistent au milieu des immeubles de l’ashram. Elles sont entourées par une clôture en béton, ce qui me fait penser à un village breton qui résistait à l’envahisseur Romain. En prenant un point de vue extérieur, ce lieu sacré se présente comme une fourmilière grouillante d’activité. Les gens se croisent, se frottent, s’accompagnent, se côtoient, se rencontrent, mais rarement se heurtent. C’est amusant de remarquer cela. Il y’a beaucoup d’activité mais pas de violence, de la force parfois mais sans agressivité. Certaines personnes manifestent du stress, de la fatigue, de l’énervement mais il semble que cela ne puisse pas se répandre à l’extérieur, cela ne peut pas contaminer l’ambiance fondamentale qui règne dans ce lieu. C’est la même chose avec le bruit, il y en a partout et tout le temps, on peut très bien chanter les bahjans (chants sacrés) avec le bruit de la bétonnière qui, mal graissée, tourne avec un bruit qui pourrait être assourdissant. Eh bien les chants prennent le dessus et le bruit de la bétonnière s’en trouve considérablement amoindri, il disparaît pour laisser la place à la beauté des chants. Chaleur, bruit, activité permanente, aspect d’un chantier de travaux publics, population en mouvement permanent, c’est bien là que je trouve le repos et le silence nécessaire à ma méditation.

Ce matin, comme d’habitude, j’ai commencé ma journée en me levant à 4h30 pour aller réciter les 108 noms d’Amma et les 1000 noms de la Mère Divine suivis du chant « Sri Mahisasuramardini Stotram » qui est un hymne au Guru et à la Mère Divine. Ensuite un petit Chaï (Thé au lait épicé) et me voilà parti en direction de la plage pour méditer avec le doux son des vagues, qui comme la Mère Divine viennent user les remparts de ma forteresse égotique. Quelques chants venus des temples extérieurs à l’Ashram remplissaient relativement discrètement l’ambiance sonore du lieu. Dans cette méditation j’ai rencontré le bruit, le vrai, celui de mon intérieur. Cette méditation fut une lutte permanente pour tenter de me séparer de mes colocataires. J’en ai repéré quatre dont je me serais bien passé et un seul que j’aurais bien voulu garder tout seul. Celui là je l’ai appelé « Lovely » (ici on parle anglais et c’est plus séduisant qu’en Français). C’est la saveur de l’Être, du Divin, De la mère Divine. C’est lui qui me comble de bonheur, c’est lui que je viens chercher ici, c’est lui qui un jour j’espère aura mis à la porte les autres locataires. Hélas les autres colocataires étaient bien bruyants aujourd’hui. Celui qui prenait le plus de place c’était « Brainy », ma machine à penser. Elle avait du prendre de la cocaïne ce matin. Je crois qu’elle ne m’a pas lâché. Le suivant c’était ‘Body » il représente l’ensemble des sensations désagréables que mon corps me procure. Ce sont des tensions, des crispations, des douleurs, des torsions, bref tout ce qui me dérange et me donne envie de partir ou de prendre un couteau pour enlever ce qui me gêne. Body m’empêche de rester dans la posture adéquate pour méditer. Il me donne envie de bouger pour me débarrasser de ces tensions, pour fuir la douleur, pour me sentir libre. Le suivant, dans l’ordre décroissant de gêne procurée, a été baptisé « Crapy ». Il regroupe toutes les sensations de crasse, de saleté, de glu, de mélasse, d’épaisseur, il a une odeur d’égout, la texture de la poisse. Il plonge l’intérieur dans la nuit et l’épaisseur. Il obscurci tout, pose un voile de noirceur sur tout ce qu’il envahi. Le dernier qui n’est pas si petit que ça c’est « Busy ». Il me donne toujours l’impression que j’ai quelque chose d’autre à faire qu’à rester là en méditation. A l’écouter je me lèverais d’un bon pour aller faire autre chose. C’est fou toutes les bonnes raisons qu’il a de vouloir me faire abandonner ma méditation.

Voilà donc mes compagnons de voyage. Ils étaient bien en forme ce matin. Deux heures n’ont pas suffi à les anéantir, à les remettre au lit pour qu’ils fassent un gros dodo à cette heure matinale, avec la fraîcheur de la brise marine et le doux chants des vagues. Curieusement un autre colocataire n’était pas réveillé aujourd’hui, c’est « Lasy » : vous avez deviné, c’est le paresseux, celui qui vous prend dans ses voiles et vous endort. C’est la fatigue, le plomb, l’inertie, la pesanteur. Il est capable de vous mettre la tête dans le sable malgré toute votre bonne volonté à vouloir rester dans la verticalité. Il alourdi les paupières et pose sa chape de plomb dans la tête. Je l’ai donc échappé belle car avec lui en plus je n’aurais jamais pu poursuivre mon exercice de méditation. Je trouve que malgré tout ça je m’en suis bien sorti, Lovely m’a accompagné et soutenu en permanence. C’est lui qui me donne la force, l’énergie pour continuer. Avec ma propre volonté pour seule énergie, je ne m’en serais pas sorti. J’aurais probablement capitulé relativement rapidement.

Tout le jeu de cette méditation consistait à ne pas donner d’importance aux colocataires, juste à Lovely, et garder la posture de méditation. Je me suis donc centré autant que possible sur cette saveur de l’Être. Cependant inlassablement ma conscience était reprise par les autres. Pour m’aider, j’ai répété mon Mantra (phrase sacrée qu’Amma m’a transmise). C’est incroyable de s’apercevoir combien il est difficile de le répéter sans être distrait, sans attacher d’importance à autre chose. Soudain on s’aperçoit qu’on est plus en train de le répéter. On s’est fait prendre dans d’autres filets. Alors il faut recommencer, reprendre la récitation centrer sa conscience sur la saveur de l’Être et ça repart pour un tour.

Le bruit qui dérange est bien celui de l’intérieur.

Je ne sais pas pourquoi je suis ici. Tout ce que je sens c’est que je suis à ma place ici et maintenant. Mon programme semble s’orienter vers la méditation. On verra plus tard le menu qu’Amma aura concocté pour moi… Surprise…

Encore un très joyeux Noël dans l’amour, le partage, la simplicité, la joie, la beauté.

Je vais aller voir ce qui se passe au village, quelles sont les festivités prévues pour cette fête de Noël.

A bientôt….

C’est avec humour et plaisir que j’intitule ce billet leçon 3. mais où est la deuxième leçon ? Elle est tout simplement contenue dans le temps qui a séparé les deux billets. En deux mois vous avez eu grandement le temps de la pratiquer et de vous y frotter si vous avez bien voulu pratiquer la première leçon. C’est tout simplement patience et persévérance. S’il est des qualités indispensables à développer ce sont bien celles-là. patience et persévérance sont les clés de la réussite. Il y en a d’autres que nous envisagerons mais ce sont les premières à développer.

La période que je trouve la plus difficile dans la méditation est le temps des débuts. Il ne se passe pas grand chose voir rien du tout et il faut tout de même pratiquer sans relâche, avec persévérance et application. Cette persévérance paye tôt ou tard.

Lorsque les premières manifestations surgissent, il en va tout autrement. Le méditant est très heureux d’avoir senti quelque chose, d’avoir perçu des manifestations extraordinaires (entendez qui sortent de l’ordinaire). Ce sont les premières récompenses d’un long travail. L’ardeur reprend de plus belle et nous cherchons évidemment à retrouver ce qui nous avait émerveillé auparavant.

Les sensations étaient fugaces peut être mais elles étaient bien là. Voilà que le mental s’en empare et tente par tous les moyens de les retrouver. Hélas elles ne sont plus au rendez vous et c’est de nouveau le vide, l’absence, le rien ou le pas grand chose. De nouveau il faut avoir patience et persévérance. Ce sera toujours comme cela, jusqu’au bout. Après trente années de méditations régulières, patience et persévérance m’accompagnent quotidiennement ou presque. Ce sont maintenant de fidèles compagnes sur le chemin. Elles m’ont pourtant bien souvent abandonné me laissant dans l’ignorance, le désespoir, la souffrance et l’insatisfaction. D’autres compagnes prenaient leur place, la colère, l’orgueil, la prétention, la force, la défiance et bien d’autres encore. on trouve toujours un copain pour boire avec soi au bar du coin. Ce qui me faisait continuer c’était la foi. C’est cette volonté involontaire qui vous habite sans que vous y soyez pour quelque chose.

C’est elle qui vous pousse, vous guide et vous permet de retrouver le bon chemin, celui ou se trouvent patience et persévérance. Ces qualités sont le fruit de la foi. Par contre la volonté égotique, le « je veux, j’exige, je refuse » sont les fruits de l’orgueil. « Je » identifié au petit moi développe une volonté plus ou moins puissante. Vouloir retrouver les sensations déjà vécues est une manifestation de la volonté égotique. l’ego veut toujours reproduire, il ne cherche que ce qu’il connaît, ce qu’il a déjà connu et qui lui a donné satisfaction. C’est pourquoi il ne faut absolument pas rechercher des sensations particulières au cours de la méditation. Il ne faut même pas s’attarder sur les sensations que l’on aperçoit. Je prends toujours l’exemple du conducteur d’une voiture. vous êtes sur une route droite et vous regardez à l’horizon, vous vous fixez sur le but à atteindre. Sur les côtés de la route défilent des arbres, des personnes, des maisons mais vous n’y prêtez pas attention car vous regardez le but. Ces images restent sur les bords du champs de conscience visuel. Il faut faire de même au cours de la méditation. Les sensations doivent rester sur le bord de la route et le regard fixé sur le but. Les sensations défilent, changent, passent, disparaissent repassent et disparaissent à nouveau pour laisser la place à d’autres. Ne vous arrêtez pas, continuez toujours plus loin. Lorsque vous aurez atteint le but ou lorsque vous vous en approcherez vous ne manquerez pas d’en être informé. En attendant il faut poursuivre la route.

Le mental voudra toujours tout savoir sur les sensations. Est-ce bon signe? qu’est-ce que cela signifie? Le questionnement est incessant et il faut le faire taire en ne lui accordant aucune importance.

Certaines sensations sont pourtant porteuses d’encouragements. Elles indiquent que nous sommes sur la bonne route. Ce sont les panneaux indicateurs sur le bord de la route. Ce n’est pas pour cela qu’il faut rester scotché sur le panneau pour le détailler dans tous les sens. Ce n’est pas pour cela qu’il faut le revoir systématiquement. Ce ne sont que des encouragements et c’est ainsi qu’il faut les considérer. il ne faudrait pas confondre le but avec les moyens. Ces sensations sont le plus souvent de l’ordre de la beauté, de la douceur, du calme, de la paix, de la lumière. j’évite de dire de l’amour car c’est tellement trompeur. Quelles que soient ces belles sensations il ne faut pas les rechercher. Si vous cherchez quelque chose de particulier vous êtes sûrs de passer à côté de la destination qui était la vôtre à ce moment là. Vous perdez votre temps. Une méditation est toujours toute nouvelle. c’est toujours la première fois. Il faudrait l’aborder en toute innocence, ouvert à toutes les possibilités. Vous verrez que ce n’est pas facile. Vous l’avez peut être déjà vu.

Je vous souhaite de rencontrer mes deux compagnes.

De tout cœur avec vous.

La thérapie manuelle initiatique n’exerce aucune force sur le patient pour contraindre celui-ci à s’orienter suivant les directives du thérapeute. Le thérapeute n’est donc pas la véritable force de guérison. Il se contente de permettre à l’essence même du sujet de venir ré-informer l’ensemble des éléments de la corporalité concernés par la pathologie.
Plusieurs thérapies proposent la même chose et le discours est souvent semblable. Le reiki, l’ostéopathie fluidique, la fasciathérapie, certains guérisseurs, et bien d’autres thérapies énergétiques emploient les mêmes termes et parlent de force intérieure ou d’énergie vitale.
La pratique de la thérapie manuelle initiatique est pourtant bien différente et originale. Pour saisir la différence, il est évident que l’expérience vaudra bien mieux qu’un discours. Mais avant de s’aventurer dans l’expérience, beaucoup ont besoin d’explications.

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La démarche qui m’a conduit à cette pratique de thérapie manuelle initiatique fut totalement empirique. Je pratiquais et j’enseignais une autre thérapie manuelle et, en pratiquant, je me suis aperçu que mes mains ne respectaient pas les protocoles appris. Les manifestations vécues par mes patients étaient inhabituelles et plutôt surprenantes. C’est l’expérience quotidienne qui m’a montré le chemin à suivre et révélé progressivement les possibilités de cette pratique manuelle initiatique. La compréhension n’est venue que plus tard, comme une évidence.
Au départ, j’allais de surprise en surprise. Je plongeais totalement dans l’inconnu avec une confiance absolue. Ce n’était pas de l’aveuglement car la conscience était toujours présente et, avec elle, la vigilance. Cette progression était en étroite relation avec mon évolution spirituelle personnelle.
Il est en effet certain qu’on ne peut accéder en l’autre qu’à ce que l’on accède en soi-même.
Une caractéristique importante était qu’il ne fallait rien faire. Je ne me sentais pas autorisé à manipuler quoi que ce soit avec ma propre volonté et mes propres forces, suivant des idées personnelles de justesse, de bien, de bon, de normal, de pathologique, de sain, que j’aurais pu avoir.
En fait, je n’avais pas d’idée du tout, tellement tout cela me dépassait. Je ne savais que faire de toutes ces sensations et manifestations. La seule chose importante était d’aller avec mes mains et avec ma conscience à la rencontre de l’autre, de plus en plus intimement, de plus en plus profondément.
L’attitude était identique à celle d’une personne voulant entendre ce qui se passe de l’autre côté de la porte. Je ne collais pas mon oreille contre la porte mais mes mains contre la résistance de la matière.
C’était de l’autre côté de la résistance que se trouvait la clé, le guérisseur. Lorsque je passais de l’autre côté de la résistance, je pénétrais de plus en plus profondément au cœur de la matière, comme l’on descend d’étage en étage au fond de la mine pour y trouver le diamant. Je ne peux pas décrire toutes les sensations que j’ai pu avoir, tellement elles sont nombreuses et variées.

Dire que je n’ai jamais été inquiet serait mentir mais j’avais confiance. Je me sentais et je me sens toujours dans la réalité. Il n’y a pas de place pour le phantasme. Ma conscience est totalement mobilisée dans l’instant présent. Elle pénètre en l’autre, dans l’intimité de son intériorité, parce qu’il m’y autorise. La volonté égocentrique ne peut pas pénétrer dans l’intériorité. L’ego de l’un fait obstacle à l’ego de l’autre. La capacité de pénétration du thérapeute dans l’intériorité du patient dépend exclusivement de l’importance du mental égotique du thérapeute. Je dirais volontiers que la carapace mentale incarnée dans la matière est une sorte de filet dont les mailles sont plus ou moins serrées. Le thérapeute doit passer au travers des mailles et des interstices pour accéder à l’intériorité du patient. Plus le mental du thérapeute est important, plus il lui sera difficile de passer au travers des mailles les plus fines, car il sera trop grossier.

Une fois parvenu à un niveau particulier de relation intérieure avec le patient, des forces se mettaient en marche, avec une intelligence extraordinairement aiguisée. Un processus de ré- information et de restructuration s’opérait. J’ai compris plus tard qu’il s’agissait là de la transmutation de la matière. Ce n’était pas moi qui décidais du lieu corporel, de l’émotion et des données mentales qu’il fallait transmuter.

Le sujet possède dans son intériorité une intelligence et des forces que personne ne peut soupçonner avant de les avoir vécues par soi-même. C’est lui le véritable guérisseur.
Mais qui est-il ? Ce qui est particulièrement curieux et intéressant, c’est qu’il y a une rencontre avec rien. Au niveau de relation où l’émergence de forces transformatrices se fait sentir, je ne rencontre rien de particulier. Je ne peux pas dire que je touche ou que je voie quelque chose. Je ne perçois que les conséquences, au sein de la corporalité, de l’émergence des nouvelles informations qui se substituent aux précédentes.

Deux critères parmi tant d’autres marquent bien la différence entre la thérapie manuelle initiatique et les autres thérapies manuelles.
    • La matière est vivante. Elle présente donc la caractéristique essentielle de la vie, qui est le mouvement. Elle est en mouvement permanent. La vie de la matière est une danse perpétuelle ordonnancée. Quand les mains rencontrent la mouvance de la matière, elles peuvent distinguer des mouvements, des micromouvements, des sensations de mouvement ou de mouvance. Le thérapeute évalue, la plupart du temps, la qualité et l’orientation du mouvement, qu’il compare à ce qu’il pense être juste, c’est-à-dire comme on lui a enseigné. Chaque ostéopathe sait quel est le micromouvement juste pour le foie, l’estomac, les os, les articulations, les os du crâne, etc.
Il se trouve que tout cela ne m’intéresse pas du tout et que je n’ai aucune idée de ce qui peut être juste. Ma main accompagne ces mouvements, que je qualifie de transversaux. Ils correspondent à une sensation de déplacement en trois dimensions. Pour moi, ces sensations sont celles de la manifestation du sujet dans son bien-être ou son mal-être. Comme je ne sais pas ce qui est bien pour lui, je ne tente pas de modifier quoi que ce soit par mes propres forces pour amener ces sensations à une situation qui correspondrait à mes croyances. Je me contente de les suivre au plus près pour ne pas les déranger et ne pas induire de réactions de défense. Par contre, je cherche à passer de l’autre côté, à un étage plus profond, qui est au-delà de la manifestation. Lorsque je parviens à passer la barrière et que j’accède à un certain niveau de profondeur, les mouvements changent spontanément et de façon durable, voire définitive. C’est l’émergence de l’information intérieure qui modifie la manifestation. En revanche, il est totalement impossible de matérialiser la source de ces informations.
Je sais qu’elle est atteinte par les effets qui s’ensuivent mais pas parce que je l’ai vue ou identifiée.
Encore une fois, je ne peux pas dire que je l’ai rencontrée mais j’en ai perçu les manifestations. Je reviendrai sur tout cela dans le développement du toucher spécifique.

    • Les thérapies, qui s’intéressent plus aux sensations provenant d’un contact immatériel, ce qui est improprement qualifié de toucher énergétique, comme le reiki par exemple, ont un contact qui s’établit en dehors de la matière ou à sa surface. Le thérapeute perçoit des corps immatériels en dehors du sujet. Là encore, la différence est fondamentale car, dans ma pratique, je cherche ce qui est au-delà de la matière, dans l’intimité profonde de la matière. Beaucoup de thérapeutes énergétiques pensent faire la même chose mais ils sont extrêmement surpris lorsque je leur fais vivre ce dont il s’agit. Après l’expérience, on ne discute plus et les croyances s’envolent. Je ne nie pas qu’il y ait des modifications après un travail sur les énergies superficielles, mais ce n’est tout simplement pas la même chose. Ces changements proviennent de la « contagion animique ». Il n’est pas nécessaire d’avoir fait des études de thérapeute pour obtenir cette contagion. Deux personnes placées dans une relation de proximité suffisante se modifient réciproquement au niveau de leurs énergies manifestées.
Le thérapeute se caractérise par son intention et la connaissance qu’il a acquise de sa pratique.
L’intention est le plus souvent suffisante car les connaissances apprises ne sont que des croyances qui autorisent le sujet à pratiquer en qualité de thérapeute. Sans ce soi-disant savoir, le résultat serait le même, voire bien meilleur, car plus authentique et plus conforme à la réalité.

La croyance écarte de la réalité du présent. Je l’ai particulièrement bien vécu lors de mes études. Savoir n’est rien, il faut être. Dans la thérapie manuelle initiatique, je vais là encore chercher une source au-delà du manifesté, je ne cherche pas à modifier les manifestations suivant mes croyances. Je les accompagne et cherche à m’approcher de ce qui est au-delà de ces énergies, dans la profondeur mais pas dans l’éther environnant. Comme pour la matière physique, tout se modifie dès l’instant où la source délivre ses informations. Il suffit alors d’accompagner et d’accueillir le changement. Surtout ne rien faire mais laisser faire en maintenant sa présence et la relation avec l’intériorité.

Je parle souvent de source et c’est bien comme cela que je le vis. Il y a une source de justesse au cœur de chacun. Elle est au fond de la matière, par delà la manifestation. Elle sous-tend toute la vie. Après plusieurs années de cheminement, j’ai dû me rendre à l’évidence que le guérisseur n’était pas autre chose que l’Être du sujet.
L’Être est une dénomination qui est employée par beaucoup de monde, mais le sens donné est parfois bien différent. L’Être, le Soi, Dieu, être soi-même, l’enfant intérieur, la vraie nature, la vraie personnalité sont des termes qui se confondent pour la plupart des personnes. Nous assistons à une sorte de lissage du vocabulaire. Si l’on demandait à plusieurs personnes de définir précisément le vocabulaire qu’elles emploient, on serait surpris.
Le Soi est considéré dans la tradition comme la source de toutes les informations et de toutes les énergies qui contribuent à la manifestation de chaque créature au sein de la création.
On sait que, dans notre galaxie, la source de la lumière du jour est le soleil. On sait d’où vient la lumière du jour, on en connaît le lieu d’origine, on a identifié l’objet source qui est le soleil et on a une idée assez précise de son mode de fonctionnement.
En ce qui concerne le Soi, c’est beaucoup plus problématique car, lorsque l’on parle de source, on voudrait bien en avoir une description précise comme pour le soleil, il nous faut un objet. C’est là que se trouve le mystère du mystique car il n’y a aucune description possible de cette source qui n’est pas identifiable. Il est impossible de lui attribuer un lieu et une forme. Il est donc impossible de la voir, de l’apercevoir, de la décrire ou de la situer.
Cette source présente au sein de chaque créature n’est autre que Dieu. En sanskrit, on le nomme JivAtman, ce qui signifie l’Atman (Dieu) au sein de l’individu. Cette acception de Dieu est bien loin de celle qui est accréditée par ceux qui font de Dieu un super homme, par ceux qui l’humanisent ou l’anthropomorphisent. Il est devenu très délicat d’employer le mot « Dieu ». Il est tellement connoté, coloré par des croyances diverses et variées, qu’il est quasiment impossible de l’utiliser sans déclencher des réactions négatives et être identifié à une croyance ou à une autre.
J’emploierai donc le mot « Soi » plutôt que « Dieu ». Mais là encore, le mot « Soi » est déjà très utilisé et les sens sont bien différents. Le mot « Soi » étant un pronom qui s’adresse au sujet, à l’individu, il sera plus approprié que le mot « Dieu » qui est plus impersonnel et qui semble plus à l’extérieur du sujet.
Je ne différencie pas les mots « Soi » et « Être ».
En psychologie, le terme « Soi » est utilisé pour décrire, le plus souvent, une personnalité particulière, qui serait la véritable nature du sujet, avant qu’elle ne soit travestie par les conséquences de la vie dans ce monde. Autrement dit, le sujet vient au monde par la naissance avec une personnalité singulière, le « soi », qui est très rapidement sollicité lors de sa relation avec le monde. Cette relation plus ou moins harmonieuse engendre des réactivités qui colorent cette personnalité originelle. Dans cette acception, le « soi » est identifié à quelque chose, c’est une personnalité particulière et singulière. On peut en faire une description, il est chosifié. Il ne doit donc pas être confondu avec le « Soi » spirituel qui est une source d’informations et d’énergie. Le Soi est sans attribut. Il est par conséquent indescriptible, impalpable, comme Dieu au sens purement spirituel et non au sens usité par la plupart des religions.
Le Soi spirituel sera donc pour moi le véritable sens du Soi. Si j’emploie le terme « Soi » en dehors du sens spirituel, je ne manquerai pas de le préciser.

Il apparaît bien prétentieux de prétendre toucher Dieu ou le Soi. Il est d’autant plus fou de penser le dynamiser ou le canaliser. Mais alors, que se passe-t-il pour qu’enfin il délivre ses informations ?
Pourquoi les garde-t-il pour lui et laisse-t-il les humains errer dans le monde avec leurs croyances qui conduisent à la souffrance ?

En réalité, tout est disponible tout le temps pour tout le monde. La source est partout en tout lieu et en toute chose en permanence. Le Soi est là, au cœur de chacun, et délivre en continu les informations justes et les forces nécessaires pour manifester la réalité en permanence. Il est donc inutile de le dynamiser puisqu’il est partout et à pleine puissance, si l’on peut s’exprimer ainsi. Qui peut prétendre avoir un pouvoir sur Dieu si ce n’est un imposteur.
En reprenant la comparaison avec le soleil, on sait bien que personne n’a le pouvoir d’en contrôler la puissance ni d’en modifier l’intensité de rayonnement. Par contre, on peut s’en cacher, on peut se tapir dans l’ombre ou dans la cave, on peut fermer les volets de la maison. C’est bien ce que nous faisons avec le Soi. Nous nous en distancions par un voile, plus ou moins épais, qui est le mental.
C’est comme une toile d’araignée qui enveloppe le bouton de rose et l’empêche ainsi de se développer et de manifester sa beauté au monde. Chez nous les humains, la toile est faite de nos propres fibres, si bien que, si nous voulions l’enlever avec une force extérieure, comme fait le jardinier avec ses doigts pour la rose, on déchirerait le sujet. Ce qui est impossible. Seul le surgissement des informations de l’Être pourra se substituer à celles du mental. Ainsi, la toile contraignante se transformera en pétale de rose.

Il ne reste donc qu’une solution, puisque nous ne pouvons pas intervenir sur l’Être. Il nous faut affaiblir le mental. C’est le but de toutes les démarches spirituelles authentiques et de la thérapie manuelle initiatique.
Le mental, au sens où je l’entends, est un ensemble de mémoires gravées dans le sujet. Le mental fera l’objet d’un chapitre entier mais, pour l’instant, nous pouvons dire que tout notre comportement au présent est conditionné par ces mémoires. Notre référenciel est lié au passé, aux expériences du passé, si bien que, au présent, les informations issues de l’Être ne sont pas prises en compte dans leur originalité et leur singularité. Elles sont teintées, colorées, travesties par le mental, avant d’être prises en compte pour ordonnancer la matière. L’Être délivre en permanence les informations nécessaires et utiles pour une parfaite adaptation du sujet au présent.
La reine (le Soi) délivre une information et le premier ministre (le mental) l’intercepte et la transforme à sa façon, si bien que le pays part en déroute.
Le mental dominant nous contraint à vivre au passé. Prenons un exemple très simple. Dans le passé, j’ai subi des traumatismes graves liés à un abus d’autorité de la part d’une autre personne.
Aujourd’hui, je ne supporte plus l’autorité, ni même les conseils ou les propositions issus de l’extérieur. Je suis donc handicapé d’une partie de la vie, car l’autorité ou les conseils ne sont pas toujours négatifs. Prenons un autre exemple dans un sens différent. J’ai vécu une très belle relation avec une personne aux cheveux bruns. Je sais inconsciemment que seule une personne brune peut m’apporter du bonheur. Je me détourne donc d’une part importante des possibilités. Ces deux exemples fort simples et même caricaturaux sont très différents l’un de l’autre par leur manière de s’engrammer et de limiter les possibilités. Nous verrons cela plus tard.
Ici, il y a deux possibilités pour traiter le problème : soit nous passons par-dessus l’engramme, soit nous le dissolvons.
    • Dans le premier cas, nous ne guérissons pas mais nous développons des forces qui domineront le problème et l’occulteront. Le sujet élargit quelque peu l’espace de liberté dont il a conscience mais ne se libère pas des restrictions engrammées dans l’inconscient. Le sujet est alors soigné mais pas guéri. L’engramme resurgira occasionnellement ou se manifestera plus tard. Cette manière de soigner est celle de la plupart des thérapies.
    • La seconde manière est de dissoudre l’engramme et tout ce qui y est attaché. Seule l’émergence de l’Être est capable de réaliser cela. Lui seul est capable d’effacer définitivement les mémoires erronées et inconscientes liées au passé. Pour avoir soigné bon nombre de thérapeutes, notamment des psychologues, des psychanalystes et des énergéticiens de toutes obédiences, j’ai toujours été étonné de constater, en même temps que ces patients, que le passé qu’ils pensaient avoir résolu était toujours présent. Je ne veux pas dire par là que ces thérapies ne sont pas utiles mais elles n’apportent pas un changement des données du mental lui-même. Elles permettent de mieux vivre avec un mental moins dominant et une conscience plus au clair avec la réalité quotidienne. Ce qui, de toute façon, est indispensable pour aller plus loin dans l’exploration de l’inconscient.

Pour permettre l’émergence de l’Être, il faut donc calmer le mental, le rendre moins actif, moins dominant. Je parle ici de mémoires totalement inconscientes et se situant dans des structures profondes de la mémoire. Pour se fixer, ces mémoires utilisent tous les éléments de la corporalité.
C’est ce que j’appellerais volontiers la cause des manifestations dites psychosomatiques. La matière, les émotions et le psychisme sont conditionnés par le mental. La mémoire n’est pas un simple souvenir. Elle est faite de tout ce qui a été lié à cet événement passé. L’hypnose par exemple ne parvient pas à toucher l’ensemble de ces structures dans le même instant.
La seule façon de réduire l’action du mental est la présence de l’Être. Ce sera le Soi présent au sein du thérapeute qui pourra calmer le mental du patient. Pour cela, il faut déjà que l’Être du thérapeute soit plus accompli que celui du patient. Autrement dit, que le thérapeute soit plus gouverné par le Soi que le patient. L’Être de l’un et l’Être de l’autre sont les mêmes, il n’y a qu’un « Soi », il n’y a qu’une source omniprésente et présente en chacun. La qualité de cette présence est apportée par l’état personnel du thérapeute. La qualité de son toucher, la liberté de sa conscience, la liberté des différents éléments de sa corporalité, son équanimité, son absence de volonté pour l’autre, l’efficience de son Être, définissent la qualité de la présence. C’est cette présence globale, précisée par le toucher et la conscience, qui permet aux restrictions du mental de se desserrer globalement ou localement. Dès que le mental desserre son étau, les informations issues de l’Être prennent immédiatement la place de celles du mental. La transformation du mental s’opère et se prolonge tant que le thérapeute reste présent et accompagne la transmutation et ses conséquences sur les différents éléments de la corporalité du sujet. Après la séance, le patient a passé une étape et continuera son adaptation, suite à l’apport des nouvelles données. Toute sa corporalité, dans les dimensions physique, émotionnelle et cognitive, a été modifiée, et il va poursuivre seul cette transformation en s’adaptant aux changements survenus pendant la séance.
Les techniques de relaxation, de sophrologie, d’hypnose, ainsi que les méditations ordinaires, ne peuvent pas parvenir à ce type de lâcher prise du mental. Elles permettent un lâcher prise de l’emprise du mental sur la conscience mais pas du mental lui-même. Par exemple, on peut faire lâcher la prise de la pince d’un crabe sur votre peau en l’endormant mais le crabe existe toujours. Dès que vous arrêtez ce qui l’empêche de pincer, il repince à nouveau, au même endroit ou ailleurs. La présence de l’Être quant à elle permet de modifier le crabe, de le changer et, progressivement, de le dissoudre totalement. Parfois, c’est toute une colonie qu’il faut dissoudre avec tous ses ascendants. La différence entre l’anesthésie et la transmutation est très importante et ne donne absolument pas le même résultat. Certains penseront qu’il suffit de tuer le crabe mais, dans ce cas, c’est le sujet lui- même qu’ils doivent tuer. Le mental est notre seul ennemi.
Ce n’est pas le thérapeute qui décide de la chronologie des changements nécessaires pour guérir ou soulager le sujet. L’Être possède sa propre intelligence et commencera par transformer ce qui est nécessaire et indispensable. On ne peut pas dire que l’Être choisisse, ni qu’il ait une préférence, comme nous choisissons ou préférons une glace à la fraise plutôt qu’un chocolat chaud.
L’Être apporte la loi de la nécessité. Cela est fait parce que c’est nécessaire et c’est tout et c’est incontournable. Il n’y a pas d’autre alternative possible. Le déroulement du traitement sera, par conséquent, sous la gouverne de l’Être. Il amènera les différents éléments à se modifier suivant une succession chronologique que seul l’Être connaît. Par exemple, il arrive que, pour soulager ou guérir une simple difficulté à marcher à cause d’une douleur dans le pied, l’Être invite à une transformation au niveau de la hanche, voire de la colonne vertébrale, pour revenir au genou puis aux intestins et enfin libérer le pied. Imaginez ce que cela peut être si le motif de la consultation est une dépression de plus de vingt ans. Cela ne préjuge en rien de la rapidité du traitement. On peut guérir d’une dépression profonde en trois séances et, pourquoi pas, en une séance, comme j’ai pu le constater, et guérir d’une douleur mal définie au bout de vingt séances. Ce qui compte n’est pas l’importance du mal dont on souffre mais la disponibilité de l’Être, c’est-à-dire la ténacité du mental. Cette ténacité du mental n’a rien à voir avec la volonté consciente. Ce serait trop simple. Nous y reviendrons. L’Être est donc doué d’une connaissance qui n’est pas dépendante de notre savoir mémoriel.

Il faut bien remarquer que l’Être du thérapeute n’est pas le guérisseur, même s’il est identique.
Il est impératif que l’Être du patient (ce sera la même chose pour un aspirant spirituel) vienne lui-même ré-informer la corporalité. Il serait facile de penser, étant donné que l’Être du patient et celui du thérapeute sont identiques, qu’il soit égal que la transmutation s’opère par l’Être de l’un ou par celui de l’autre. S’il était possible que l’Être d’une personne extérieure au sujet puisse modifier le sujet lui-même, ce serait un acte de domination, de pouvoir de l’un sur l’autre. Heureusement, cette action est totalement impossible.
Même le plus parfait des Maîtres spirituels ne transformera pas une personne par sa propre force ou volonté. Par contre, ce Maître permettra au sujet de se transformer lui-même. Ce qui est fondamentalement différent. Nous sommes donc doués d’une certaine liberté, d’une autonomie relative. Cette autonomie peut être perdue par l’influence d’une domination extérieure. Il faut bien faire la distinction entre un changement, qui intervient suite à une libération des conditionnements grâce à un surgissement de l’Être, et une autre transformation qui s’opère par une nouvelle domination extérieure. Le changement est bien différent de l’endoctrinement ou de la contrainte.

Il y a donc deux phases dans la thérapie. La première dépend de la présence ontique du thérapeute, qui permet de relâcher la vigilance et l’emprise du mental inconscient du patient.
La seconde dépend de l’Être du patient qui vient ré-informer la corporalité.
    • Dans la première phase, le thérapeute pourra libérer le sujet de toutes les emprises énergétiques extérieures. Par emprises extérieures, il faut comprendre toutes les influences énergétiques extérieures. Les plus connues sont les influences magiques, les prises de pouvoir par d’autres personnes, communément appelées « les mauvais sorts », les entités, les âmes errantes, les possessions. Il est tout à fait possible par la même pratique de libérer un lieu, une maison, un objet, de toute présence étrangère à la nature. Une fois ce travail effectué, s’il était nécessaire, le cheminement vers l’intériorité du patient commence. Il est impossible de prévoir le temps nécessaire à cette phase car on ne peut pas prédire ce que l’on va rencontrer. Si vous partez de Paris pour aller à Berlin, vous ne pouvez pas savoir ce que la vie vous réserve en chemin. C’est bien la même chose en thérapie.
    • La seconde phase commence à partir du moment où la carapace égotique, ou la prison mentale, a été suffisamment pénétrée par l’Être du thérapeute. La transmutation des éléments de la corporalité commence et, comme pour la première phase, il est impossible de savoir ce qui se passera.
C’est donc une aventure en terres totalement inconnues.

Le patient perçoit très nettement la différence entre ces deux phases. La phase de guérison est la seconde. La première est une phase d’approche ou préparatoire. Il est fréquent de voir les symptômes s’améliorer au cours de la première phase et le patient pense parfois qu’il n’est plus utile de poursuivre. Hélas, lorsqu’il en reste là, il n’est pas guéri mais juste soigné. Le mal reprendra inévitablement quelque temps plus tard. Cette amélioration n’est pas durable. C’est un argument supplémentaire pour dire que l’Être du thérapeute ne peut pas guérir le patient. Toute la puissance de la vie est au cœur de chacun.
Lorsque la phase de guérison est enclenchée, le patient ressent bien souvent des sensations peu agréables, voire parfois douloureuses. Ces sensations sont compensées par un sentiment profond de justesse et de nécessité. C’est cela qui permet d’accepter la pénibilité du travail intérieur.
L’expression bien connue « Tu enfanteras dans la douleur » prend tout son sens. Le corps doit se décristalliser, le plomb doit se changer en or et la pierre en éther. Les douleurs sont le témoin de deux forces qui s’affrontent, le mental (ou l’illusion) contre le Soi (ou la réalité). Des états d’âme désagréables comme la peur, la tristesse, la colère, la fatigue peuvent être vécus. Ils témoignent du fait que ces énergies gravées dans l’inconscient sont en train d’être transmutées. La présence du thérapeute permet de minimiser de façon importante les difficultés. La présence essentialisée du praticien apporte une aide précieuse à la transmutation ; c’est ce que l’on appelle la compassion. C’est bien dans la chair que se trouvent les ancrages de notre mental. Ce n’est pas dans notre cerveau. Nous avons le corps de notre mental. Le corps est aussi le temple du Soi. Ce sera le Soi qui détruira et reconstruira le corps pour en faire une manifestation parfaite de la perfection du Divin.

Je me suis souvent demandé pourquoi j’étais amené à penser que c’était bien le Soi qui se substituait au mental et pas une autre énergie. Cela paraît au premier abord prétentieux de penser que l’on puisse permettre une émergence du Divin au sein d’un patient ou d’un aspirant à la spiritualité. Prétendre c’est une chose, mais quelles sont les preuves ?
Une fois convaincu que c’était bien du Soi dont il s’agissait, et après en avoir eu confirmation par mon Maître spirituel, en qui j’ai toute confiance, je me suis interrogé sur la manière de présenter cela à d’autres et de le leur faire comprendre. C’est en effet facile de dire : « C’est cela et vous n’avez qu’à me croire ». Mais apporter les arguments les moins contournables possibles ne me paraissait pas évident. La meilleure façon de le faire, à mon avis, est de vous exposer le cheminement qui m’a convaincu en me conduisant à l’évidence.
Tout commence par une expérience personnelle, je veux dire un vécu, pas une croyance ou une logique. Il s’agit de l’évidence. L’évidence que c’est bien la source de la vie, la source de ce que je suis, qui se manifeste par les sensations particulières que je perçois en moi, lorsqu’elle me comble de sa présence, lorsque je deviens ce qu’en réalité je suis. L’évidence, car notre conscience n’est autre que cette source en nous. Notre conscience, désidentifiée de la prison du mental, de toutes nos mémoires réactionnelles, de nos croyances et de nos tendances égocentriques, s’aperçoit de ce qu’elle est en réalité. Elle se reconnaît elle-même. C’est bien une Re-connaissance car la conscience a déjà eu conscience de ce qu’elle était à l’origine, avant sa séparation du tout, avant son individuation au sein d’un humain. Lorsque le parfum du Soi se manifeste, chacun le reconnaît et n’a curieusement aucun doute dans l’instant présent sur la réalité de son identité.
« Oui, c’est bien lui, je le reconnais. C’est lui, c’est moi, c’est ce que je suis ». Combien de patients ou d’élèves ont vécu cette expérience et ont abouti à cette même conclusion, se sont rendus à l’évidence. Une fois l’expérience passée, le mental reprend les choses en main et recommence à installer le doute car il doit sauver sa peau : « C’est lui ou moi. Il n’y a pas de place pour deux ».
C’est ainsi, hélas, qu’après avoir vécu ce moment intense et incontournable de la reconnaissance, des personnes tournent le dos et sont prêtes à tout pour nier l’évidence et sauver leur ego mentalisé.
C’est donc après l’avoir reconnu en moi-même que j’ai pu le reconnaître en une autre personne. Nul ne peut trouver en l’autre ce qu’il n’a pas déjà trouvé en lui. Le reconnaître, ce n’est pas le rencontrer sur son nuage, avec sa belle barbe et sa couronne, assis sur son trône. « Tiens te voilà, comment ça va aujourd’hui ? ». Ou pire encore : « Il est là, je le vois ». Le Soi est invisible, nous ne pouvons percevoir que ses manifestations. C’est comme l’électricité, elle est invisible mais nous savons qu’elle est là quand nous mettons les doigts dans la prise ou lorsque la lampe s’allume.

Les manifestations du Soi se produisent dans tous les plans de la corporalité, au niveau physique, émotionnel et cognitif. Ces manifestations ne sont pas programmées par le thérapeute. Je ne cherche pas tel ou tel effet ou sensation. J’accepte ce qui survient. L’Être n’obéit pas à l’ego de l’homme. C’est un premier point très important. Si je pouvais le manipuler, ce ne serait pas le Soi.
    • Sur le plan physique, j’assiste à une mise en mouvement de tous les éléments. La matière retrouve du mouvement et, en même temps, de l’élasticité, de la fluidité, de la légèreté. J’ai la sensation que les éléments constitutifs acceptent de prendre un peu de distance dans leurs rapports, si bien que le mouvement peut de nouveau prendre de l’amplitude. Il ne s’agit pas d’un mouvement induit par un autre élément en mouvement, mais bien d’une information qui change et permet au mouvement, présent mais quasiment imperceptible, de reprendre de l’amplitude. Pour redonner du mouvement, à une boule par exemple, on peut la percuter avec autre chose, et elle se mettra en mouvement. Ici, il s’agit d’un mouvement autonome qui naît et se perpétue. La boule se met en mouvement en elle-même, sans avoir reçu une force extérieure à elle. Ce fait est très important et caractéristique de l’Être. L’immobilité du Soi donne naissance au mouvement. Autrement dit, c’est de l’immobilité que naît le mouvement. Par cette renaissance du mouvement, c’est toute la physiologie du corps qui retrouve ses possibilités. À la source de la pathologie, il y a toujours une fixité, une densification, un point d’arrêt. Le mouvement c’est la vie. Progressivement, par la renaissance du mouvement, localement ou globalement, le corps se décristallise, les toxines s’éliminent, la matière se restructure. C’est un véritable rajeunissement.
    • Sur le plan émotionnel, j’assiste à une libération des capacités émotionnelles du patient. Habituellement, le sujet est fixé dans une cartographie émotionnelle réduite et permanente. Une ou deux émotions dominent, par exemple la peur et la colère. Elles empêchent, par leur état permanent, de vivre d’autres émotions telles que la joie, le contentement, alors même que les situations de la vie sont joyeuses pour le patient. La fixité caractérise la pathologie. L’Être apporte une libération des émotions fixées mais, en plus il amène la personne à un état particulier. La joie, le contentement, la légèreté, la douceur, la paix, la beauté, la chaleur, l’amour sont autant de sensations émotionnelles qui, progressivement, s’installent, alors que les situations extérieures n’ont pas changé ou presque.
Ces états ne sont pas générés par une persuasion mentale, par la volonté du patient ou celle du thérapeute. Ces émotions naturelles s’installent spontanément et progressivement. Ce sont bien là les caractéristiques d’une personne essentialisée par un surgissement du Soi.
    • Sur le plan cognitif, c’est toujours surprenant de voir comment une personne, cloisonnée et restreinte dans les domaines de la pensée, se retrouve soudainement plus libre et peut envisager dans sa pensée des données ou des aspects de la vie qui, jusque là, étaient inenvisageables. La pathologie se matérialise encore une fois par la restriction, la fixité. L’ego mentalisé a besoin de permanence, de choses établies pour longtemps. Il faut que l’avenir soit conforme à ce que l’on en attend et l’ego rumine en permanence le passé, avec tous les ressentiments qui l’accompagnent. Par la thérapie ou l’initiation, le sujet retrouve sa liberté car une sécurité intérieure, inconsciente puis consciente, naturelle, spontanée, l’amène à une acceptation du présent. Contemporainement, il aperçoit aisément son positionnement, et un sentiment de justesse apparaît. La vie n’est plus vécue en termes de bien et de mal mais en qualité de justesse. Je trouve que le sentiment de justesse est le plus beau que nous puissions avoir. Les informations nécessaires à notre adaptation nous apparaissent naturellement. Tout devient plus facile, plus léger, même si les conditions de vie n’ont pas changé.
L’Être délivre la connaissance, qui est une information en temps réel, contrairement au savoir qui est une somme d’informations mémorisées. Le savoir se réfère au passé, alors que la connaissance se réfère au présent. C’est bien le Soi qui apporte la connaissance, qui délivre de la peur, qui efface les ressentiments. C’est encore lui qui apporte le sens de la vie et du présent. Il devient inutile de réfléchir, cela vient comme une évidence. Chacun trouve son propre sens. Si tout le monde trouvait le même sens, ce serait un endoctrinement ou une contagion. Mais je peux aisément m’apercevoir que chaque personne est conduite dans sa propre direction. Chacun suit son propre itinéraire, guidé par le Soi. Je ne me permets pas de dire aux personnes ce qu’elles doivent faire ou de leur donner une réponse à un questionnement sur le bien et le mal, le bon ou le mauvais. Seul le patient saura ce qui est bon pour lui. Il s’ensuit une vie plus autonome, plus ouverte au monde, plus en relation étroite avec le monde et les autres, mais aussi avec soi-même. Nous nous sentons intégrés au monde, dans et avec le monde et ses créatures.
Comme la beauté s’éveille au-dedans, elle se perçoit au dehors. Nous ne voyons du monde que ce que nous voyons de nous-mêmes. Tout cela n’est pas le fruit d’un endoctrinement mais le résultat de l’émergence du Soi. La singularité de chacun est respectée et se manifeste spontanément. Le sujet aperçoit le sens de sa vie et se trouve muni de tout ce dont il a besoin pour l’accomplir.

Globalement, nous pouvons définir la direction vers laquelle une personne s’orientera progressivement, au fil de son évolution, au cours de la thérapie initiatique ou de l’initiation.

Amélioration de l’état de santé, avec une amélioration de la physiologie localement ou globalement.
Le sujet est de moins en moins dérangé par les manifestions diverses et variées en provenance de son corps. Il les apprécie à leur juste valeur et se comporte de façon adéquate pour préserver sa santé et le bon état de son corps physique. Il ne s’en inquiète pas mais y est attentif et diligent naturellement.
Rarement fatigué, il est capable, sans se forcer, de travailler beaucoup et longtemps si la nécessité le demande. Aucune tâche ne le rebute. Il est capable de tout faire avec la même équanimité. Il n’obéit qu’à la nécessité.
Il respecte son corps et en prend soin sans peur ni exagération.

Autonomie.
Le sujet perçoit naturellement la réalité des choses et des événements. Il trouve une réponse en lui- même, sans avoir besoin de se référer à une culture particulière.
Les événements difficiles sont vécus comme des occasions de développer des forces et des capacités qui, jusque-là, étaient en sommeil. Ces événements permettent également de prendre conscience et de se libérer de comportements automatiques inculqués, non adaptés au présent, mais liés au passé.

Adéquation parfaite au présent.
Le sujet ne réagit pas en prenant le passé pour modèle.

Indépendance de jugement, sans besoin de se référer à une culture ou à un groupe.
Le sujet est indépendant vis-à-vis de la pensée collective. Il se fait sa propre opinion. Il n’accepte pas l’endoctrinement, ni pour lui-même ni pour les autres. Il respecte les différences. Reconnaît la singularité des personnes et ne cherche pas à les modeler à sa façon.

Réelles valeurs d’humanité, de fraternité, sans fusion ni confusion.
Le sujet s’intéresse aux autres et au monde, sans chercher à imposer sa vision, mais il est attentif et prêt à apporter son soutien et son aide si nécessaire. Il développe une compassion spontanée et sincère. Prend soin de ne jamais blesser les autres créatures. Aime la nature et se sent en lien avec elle. Il perçoit dans le monde la beauté de la création et s’en réjouit.
Spontané, naturel, il est joyeux, aimant, créatif. Il aime vivre et jouer comme un enfant en toute innocence. Il ne manifeste pas de passions excessives et se comporte en toutes choses avec tact et mesure.
Il n’a pas de volonté pour les autres et le monde. Il vit au présent, en suivant son bon sens naturel. Il ne cherche pas à imposer son point de vue mais n’hésite pas à le partager. Il ne se cache pas mais garde pudeur et réserve. Il peut développer une vie relationnelle intense avec beaucoup de monde mais ne garde qu’une poignée d’amis vraiment intimes. Il ne se déballe pas sur la place publique mais vit avec humilité et respect. Il aime se retrouver avec lui-même. Il développe naturellement une vie contemplative et active.

Liberté par rapport au monde, ses modes et ses modèles.
Ayant peu ou pas d’attaches, le sujet peut tout changer en permanence, en fonction de la nécessité du présent. Il reste cependant fidèle à lui-même.

Développement envers le Divin d’une dévotion naturelle, empreinte d’humilité et de respect, sans aucun fanatisme ni excès de religiosité.
Le sujet se place spontanément au service du monde, tout en respectant ses propres convictions. Il se caractérise par une indépendance qui empêche tout comportement grégaire. Son moteur est en lui, son futur est au présent.

Toutes ces caractéristiques se retrouvent chez toutes les personnes animées par le Soi. Si bien que je ne peux qu’admettre que c’est bien le Soi qui transforme le sujet au cours de la thérapie ou de l’initiation puisque, spontanément, les patients qui font un travail relativement long et suivi manifestent ces caractéristiques.
Le but de la thérapie n’est pas d’amener tout le monde à ce type de personnalité mais, comme l’on dit souvent : « Qui peut le plus peut le moins ».
Chacun trouvera ce dont il a besoin, sans jamais se sentir obligé.
J’accorde la même importance à une personne qui me demande de soigner son mal de dos qu’à une personne qui cherche le Divin. Il n’est pas nécessaire de croire en quoi que ce soit pour bénéficier de cette thérapie. Il suffit d’être sincère dans sa demande.

Le Soi, véritable guérisseur, apportera au sujet ce dont il a besoin sans jamais le contraindre.
C’est en calmant le mental que le Soi se manifestera. Or il est impossible de contraindre le mental. Ce serait un exercice de pouvoir, ce qui n’est pas compatible avec un lâcher prise du mental.

Le cheminement m’amène aujourd’hui à une sensation très particulière quand je regarde devant moi, vers l’avenir. Cette sensation est tout d’abord apparue occasionnellement pour finir par s’établir continuellement. Il aura fallu plusieurs années pour qu’elle soit maintenant permanente. L’avenir est une infinité de possibilités dont aucune ne retient plus particulièrement mon attention.

Si je pense à essayer de définir l’avenir par anticipation, j’aperçois un immense espace à l’intérieur duquel je pourrais choisir de m’intéresser à l’une ou l’autre de toutes les possibilités qui se présentent. Cependant je ne vois aucune information qui me permette de choisir plus précisément une possibilité particulière. Tout est égal, tout est possible, mais il m’est impossible de choisir et de me diriger vers un avenir particulier. C’est une sensation très curieuse qui induit un comportement singulier. Je suis positionné au présent rien du passé ne me retient et rien d’un avenir ne me séduit. Mon avenir est donc totalement conditionné par le présent. Chaque pas me mène ou je dois aller sans savoir où je vais. Cette attitude non volontaire peut être très discutable. Je pourrais dire que je ne sais pas ce que je veux. Je sais très bien ce à quoi j’aspire. J’aspire à l’absolu, à Dieu, à la beauté, à la paix, à la liberté, à l’amour inconditionnel, à la compassion. Je n’ai cependant aucune idée du chemin que j’emprunterai pour y accéder. Avant je voulais, je savais ce qu’il fallait faire et par où ou par quoi il fallait que je passe. J’aurais levé des armées, construit des temples. Je me serais fait moine, ermite. Ce n’est pas que je voulais être moine au présent mais que je voulais être moine pour aller vers mon objectif. C’est très différent. Je disais, également, que je ne ferais jamais ceci ou cela. La vie m’a montré que toutes ces croyances étaient inutiles et vaines. J’ai fait ce que jamais je n’aurais voulu faire et pire encore je n’ai jamais réussi à mener à bien mes projets ambitieux pour parvenir à devenir ce que je croyais indispensable de devenir pour aller à Dieu.

Mon chemin me ramène de plus en plus au présent. A un présent de plus en plus immédiat. Je ne fais aucun effort pour cela, je n’ai fait aucun effort pour être comme cela. Je ne savais absolument pas ce que ça pouvait être que de se rapprocher du présent. Je pensais comme beaucoup que c’était « être à ce que l’on fait », contraindre son mental, sa pensée à être au moment présent et se détourner de tous les projets d’avenir ou de tous les regards vers le passé. Ca c’est une attitude, ce n’est pas un état naturel, il faut faire un effort pour être comme cela. Ca peut être un exercice mais ce n’est pas un résultat. Être au présent ne nécessite aucun effort, aucune volonté. Le passé et l’avenir sont dans le présent. Plus on s’en approche plus c’est vide de tout et plein de rien de distinguable. L’avenir est vu comme un ensemble de possibilités dont aucune ne remporte ma préférence pour me mettre en route vers elle. Il y a bien des « j’aimerais bien », des « ce serait sympa », des « surtout pas » Mais aucun élan vers ou contre. Il n’y a plus de mouvement vers. Oui c’est ça, il n’y a plus de mouvement vers. Tout est là, dans l’instant. Ma place est là, ici maintenant. Toutes les circonstances et les contingences sont idéales dans l’instant pour me conduire là où je dois aller. Au début, quand j’ai commencé à vivre occasionnellement dans cet état, c’était plutôt angoissant. J’avais encore peur de l’avenir, j’avais peur qu’il ne soit pas bon c’est-à-dire qu’il ne soit pas conforme à mes croyances, à mes idéaux, à mes espoirs. La peur s’est estompée avec toutes mes croyances en l’avenir. Encore une fois je n’ai pas fait d’effort pour les gommer, les effacer, les masquer, les remplacer. C’est le développement de l’être qui a permis toutes ces transformations. La transmutation s’est opérée progressivement et s’opère encore pas à pas. Je m’approche du véritable présent. Là où il n’y a plus rien, plus de distance, plus de temps, tout et dans ça, « béatitude ».

Cet état n’est pas facile pour les personnes qui me fréquentent. Tout engagement n’est véritable que dans l’instant. Je ne sais jamais de quoi demain sera fait. Tout peut changer, je ne suis sûr de rien. C’est vraiment très inconfortable pour ceux qui veulent des certitudes sur l’avenir.

On me dit que je souhaite aller à Dieu et que c’est un objectif d’avenir comme un autre. En fait, non, ce n’est pas pareil car Dieu est au présent, il est là ici maintenant, il n’est pas à demain il est là. La réalité est là, il suffit que le regard change, qu’il se décroche du passé et de l’avenir.

Je mesure combien c’est dans le présent que l’avenir se construit. C’est là que chacun peut œuvrer pour orienter sa vie vers les illusions du mental ou vers la réalité de l’Être.

« Elle est pas belle la vie ? »

Martha est venue m’apporter un cadeau de Noël. Un magnifique tableau où je devine une femme resplendissante d’Amour entourée de couleurs douces et charmantes. Le charme s’opère immédiatement et mon cœur en est profondément réjoui. Ce tableau c’est Martha qui l’a peint. Ce n’est pas banal quand je repense à l’état dans lequel elle était il n’y a que deux ans à peine. Très jeune elle s’était tournée spontanément vers la peinture et ses professeurs reconnaissaient en elle un véritable talent. Hélas à 14 ans ses bras se sont paralysés rendant toute pratique manuelle impossible. Ils étaient lourds, Martha avait l’impression de devoir faire des efforts inouïs pour lever sa main, elle était tout juste capable d’assurer par elle même ses besoins quotidiens élémentaires.

Les différents médecins ont diagnostiqué toutes sortes de maladies telles que la myopathie, la myasthénie, la sclérose en plaque et bien d’autres encore. Aucun traitement ne parvenait à la rendre plus active. Son désir de s’en sortir commençait à s’épuiser vers l’âge de 25 ans.

A cette période, c’est avec l’assistance d’une psychothérapeute et d’un chamane qu’elle parvient à récupérer un peu de force et peut de nouveau subvenir seule à ses besoins. Dès qu’elle essaye de se consacrer à autre chose qu’à des tâches de survie, la paralysie reprend le dessus. Elle est incapable de créativité. Chaque fois qu’elle tente de prendre un pinceau c’est encore pire, elle se trouve projetée dans une sorte de glu qui la paralyse totalement.

Elle a 38 ans quand elle vient me voir sur les conseils d’une amie. Évidemment elle n’y croit pas, elle a déjà tout essayé. Pourtant elle ressent lors de la séance une chaleur dans son cœur et quelques larmes coulent spontanément de ses yeux qui jusque là n’avaient jamais pu pleurer. Elle décide de poursuivre.

Progressivement la motricité revient, elle sent qu’elle peut à nouveau créer. Elle se remet à la peinture. Elle peut peindre, elle peut manier ses pinceaux mais ce qui se projette sur la toile n’est pas joli. Elle ne peut peindre que des choses sombres et violentes. La violence se manifeste dans tous les secteurs de sa vie. Elle quitte son compagnon ou plutôt elle le jette. Elle tente à plusieurs reprise de briser le lien thérapeutique avec toutes sortes de prétextes et toutes sortes de violences. Pourtant quelque chose tient, un lien qu’elle ne peut briser. Elle me dira plus tard qu’elle pressentait vaguement que si elle brisait ce lien elle se condamnait à la mort ou à la souffrance.

Nous sommes donc entrés au cœur de cet source de violence, de révolte, de rage et de haine pour y libérer le cristal de vie qui s’y trouvait emprisonné. Ce ne fut pas sans douleurs, sans doutes, sans peines. Martha a accepté ce parcours car en elle la foi était là. Pas la foi en son thérapeute mais une force intérieure la poussait a poursuivre au delà de sa raison et lui donnait confiance. Martha vient d’avoir 40 ans, l’Amour s’exprime pour la première fois dans sa créativité, elle peut maintenant pleurer de bonheur, de joie. La vie se poursuit avec l’Amour pour compagnon de route.

Le chemin n’est pas fini, une autre étape commence.

Ne vous identifiez pas à Martha, elle est unique comme chacun d’entre nous. Certaines, certains y trouveront des similitudes avec leur propre vie. Une seule chose me semble valable pour tous. Seul l’Amour contenu au cœur même de la pierre est capable de véritablement nous guérir. Nous guérir de quoi ? : de nous même.

Dès sa plus tendre enfance Martha a été élevée dans une famille où elle n’était pas considérée. Elle avait à boire et à manger, pour le reste elle devait se nourrir de l’air du temps. elle a manifesté très tôt une vive intelligence qui lui a rendu les études plutôt faciles mais là encore elle devait suivre la dictature familiale et se consacrer totalement à ses devoirs et à des lectures choisies interminables. Sa seule liberté était la rêverie qui lui était également reprochée car il faut travailler plutôt que de rêver. Elle avait le goût de la peinture mais malgré les encouragements de ses professeurs, sa famille lui a imposé le violon et interdit les pinceaux. 2 ans plus tard elle est paralysée. N’ayant pas été touchée et encouragée dans son essence par l’amour, son ego s’est développé seul et a pris le dessus. Étant très intelligente, elle a tissé une toile immensément dense de ressentiments envers sa famille et le monde. Cette carapace l’a totalement emprisonnée au point de la conduire a l’immobilité, au point de la rendre totalement inconsciente de ce qui s’était réellement passé. Ses forces essentielles ont du même coup été inhibées. Elle s’est emprisonnée elle même par la puissance de son mental égotique. Par vengeance et par orgueil, elle préférait être paralysée, risquer de mourir, plutôt que de se conformer à la dictature familiale. Une autre personne aurait très bien pu mener une double vie, par exemple.

On pourrait penser que sa famille fût mauvaise et que si elle était arrivée au monde dans une autre famille ça se serait mieux passé pour elle. Elle n’aurait probablement pas été malade. La véritable cause de la maladie n’est pas la famille. La véritable cause, ce sont les tendances égotiques héritées des vies antérieures. Ce sont elles qui ont emprisonné Martha. Une autre personne aurait très bien vécu dans les mêmes circonstances. La vie a proposé à Martha de guérir ses tendances égotiques. Ce n’est pas chose facile. Il faut parfois beaucoup de souffrances et de contrariétés pour parvenir a bloquer le pouvoir de l’ego et l’obliger a céder du terrain. C’est également ce que la vie propose a chacun d’entre nous avec plus ou moins d’évidence.

La thérapie pratiquée par la psychothérapeute et le chaman, lorsque Martha avait 25 ans, a permis de re-dynamiser les forces égotiques résiduelles. Ces thérapies n’ont pas permis de libérer l’égo des forces du mental. C’est pourtant grâce a cette thérapie que Martha a pu poursuivre son chemin.

Quand je la rencontre, elle n’a plus d’espoir. Elle vient parce qu’une amie a lourdement insisté. Elle ne croit plus à rien. Elle est en état de survie, sans espoir, sans joies, seule ou presque. Pourtant, dès le départ, elle est touchée là ou jamais elle n’avait été touchée auparavant, droit dans son cœur. Ce n’est pas moi qui décide que les choses se passent de telle ou telle façon, c’est la vie. Arrive ce qui doit arriver. Martha est touchée et elle pleure. Ses yeux étaient restés secs depuis sa plus tendre enfance. Il y a donc un réel espoir de progression favorable, mais en aucun cas on ne peut présager de l’avenir. Il nous faut reconquérir les territoires annexés par le mental chargé de ressentiments. Plus nous progressons plus le mental se manifeste, chaque tendance passe par la manifestation consciente avant d’être dissoute, transmutée. Martha passe de la haine à la jalousie, à la violence envers elle et les autres, elle veut tout casser, elle veut tout détruire. Elle ne détruira que ses forces égotiques. Au passage elle jette son compagnon sans aucun ménagement. il faut dire qu’il l’avait placée dans une situation de soumission perverse. Même les malheureux profitent l’un de l’autre pour assouvir leurs tendances. Il faut passer au travers de la carapace mentale pour créer un pont entre l’être et la conscience. Il nous faut relier la conscience aux informations de l’être. Seul l’être est suffisamment pur pour passer au travers du mental sans risquer de déclencher une recrudescence des forces égotiques.

A présent, Martha a retrouvé suffisamment de forces pour poursuivre son chemin vers l’être et manifester une personnalité plus essentielle que mentale. Elle a conscience que le chemin n’est pas fini mais que de merveilleuses possibilités s’offrent à elle.

C’est avec un grand bonheur que nous poursuivons le chemin.

Joyeux Noël à toutes et à tous.

Vous avez peut être reçu des cadeaux de la part de vos amis ou des personnes de votre famille. Le cadeau le plus important vous ne l’avez pas encore ouvert. Il va s’ouvrir progressivement jusqu’à la période de Pâques. C’est cette naissance et renaissance de l’Être qui se joue à la période de Noël. Durant l’automne vous avez peut être œuvré pour vous approcher de votre enfant intérieur.

Tous vos efforts sont alors récompensés par ce cadeau de Noël. Une période où l’on creuse dans les ténèbres et une période où le diamant rencontré au fond de la mine se met à jour. C’est un cycle que je ressens fortement tout au long de l’année dans mes méditations quotidiennes. Nous ne sommes pas séparés de la nature. Nous sommes la nature. Le dehors et le dedans sont identiques.

Joyeux Noël, en route vers la lumière et l’Amour.

Tout le système économique est basé sur la consommation. Un infléchissement même minime de la consommation met le système en difficulté. Si chacun prenait conscience qu’en régulant sa consommation, en la ramenant à ce qui est indispensable, le système serait contraint de changer. On peut penser que si je le fais et que d’autres ne le font pas, je vais me priver pour rien. On peut aussi se dire que ce n’est pas parce que je vais diminuer de 100 euros ou de 10 euros mes dépenses mensuelles que ça va changer grand chose. Détrompez vous la moindre miette pèse très lourd. Ceux qui développent ce système pour leur propre intérêt l’ont très bien compris.

Prenons exemple dans l’actualité. La taxe professionnelle qui est un impôt supporté par les entreprises doit être supprimé en tout ou partie. Il faut donc trouver un remplacement à cette manne financière. Il est question depuis quelques temps de lever une nouvelle taxe sur les antennes de transmission de la téléphonie portable. 1000 euros seraient demandés par antenne et par an. Ne croyez surtout pas que ce sont les opérateurs de téléphonie qui vont baisser leur bénéfice du fait du prélèvement de la nouvelle taxe. L’intégralité des montants vont être répartis sur l’ensemble des communications téléphoniques par une légère augmentation du prix de la communication. je n’ai pas de chiffre mais imaginons que la minute passe de 40 centimes à 40.5 centimes soit 0.5 centimes d’augmentation, je suis persuadé qu’il n’en faut pas plus pour récupérer la somme totale de la taxe sur les antennes. ce sera donc en fin de compte le consommateur qui va payer. C’est la technique actuellement développée. Faire de très petits prélèvements en grand nombre. La même chose se développe avec cette magnifique invention du micro crédit. Sous prétexte d’aider les plus démunis à s’en sortir on leur prête un peu d’argent, avec intérêt évidemment, pour qu’ils puissent éventuellement créer une entreprise ou acheter une machine à coudre pour faire du travail à la maison. Cette action d’apparence généreuse cache une perversité inouïe. Ces pauvres gens se trouvent enchaînés à des créanciers impitoyables qui les lient définitivement à une obligation de remboursement. Ces pauvres gens sont bien souvent des gens d’honneurs qui ne supporteraient pas d’être de mauvais payeurs. En Inde un grand nombre de personnes se suicident face à cette impossibilité de rembourser ils ne peuvent pas supporter ce déshonneur qui frappe la famille.

Même les plus pauvres doivent donner une grosse partie de leur travail pour les plus riches.

Vous voyez bien qu’un tout petit peu d’argent dépensé ou économisé par un grand nombre de personnes peut influencer considérablement le cours de l’économie donc la qualité de notre vie.

Il y a cependant une grosse difficulté à résoudre pour pouvoir diminuer sa consommation. Nous sommes presque tous dépendants de la consommation car c’est à travers elle que nous recherchons notre satisfaction. L’homme étant actuellement toujours insatisfait, il consomme pour trouver une satisfaction. Tant que nous ne prendrons pas conscience que la véritable satisfaction ne peut venir que de notre intériorité, rien ne changera. Nous pouvons faire des efforts et des sacrifices au nom d’une bonne cause mais pas sur le long terme. Très peu de gens sont capables de perdre une satisfaction sans en trouver une autre. Une source de satisfaction est à peine perdue qu’aussitôt, ou presque, on en trouve une autre, quitte à faire de mauvaise fortune bon cœur. En diminuant nos satisfactions en provenance de l’extérieur il est nécessaire de trouver des satisfactions qui viennent de l’intérieur et ainsi trouver une autonomie et une indépendance vis à vis de l’extérieur. C’est là le sens de la Spiritualité. Il faut se satisfaire de la source de vie qui est au cœur de chacun.

C’est une véritable dichotomie. Si votre attention se tourne vers l’extérieur elle ne peut pas se tourner vers l(intérieur. Si vous diminuer vos sources extérieures de satisfaction il vous faut vous diriger vers une source qui ne dépende que de vous. C’est la culture de l’état dans lequel je suis qui me le permettra. Quel est mon état d’âme. « Être » a une saveur, une saveur qui peut être délicieuse et que rien ne pourra égaler, la saveur de la vie, la saveur de l’Amour. Prenez le temps de cultiver votre état, la relation sensitive, sensorielle, sensuelle que vous avez avec vous même. Ce ne sera pas du narcissisme ni de l’onirisme. Cultivez un état de bien être avec soi mais aussi avec son environnement. Il n’y a pas besoin d’argent pour cela. Cultivez la beauté, celle qui est la vôtre, faites de chaque instant un acte de beauté. Tous les plaisirs issus de la consommation sont très éphémères, Toutes les consommations même les consommations amoureuses. Si l’amour revient à consommer l’autre, ca ne peut pas être satisfaisant à long terme.

Pourquoi doit on enrayer ce système capitaliste outrancier qui prétend apporter le progrès, la santé, le bonheur. Tout simplement parce qu’il est bâti sur la souffrance des pauvres pour la satisfaction des plus riches. Un employé du bas de l’échelle salariale produit 100 points d’énergie par jour. Il ne lui reviendra en retour 5 points pour son bénéfice personnel. Les 95 points restant apporteront des profits à ceux qui sont au dessus de lui dans la pyramide et plus vous êtes près du sommet plus vous en bénéficiez. Ne croyez surtout pas que ce qui est gagné et engrangé par les plus fortunés revient automatiquement aux plus démunis. La richesse est un stockage, une immobilisation de l’énergie dans des biens inutiles. Si vous avez un bateau de 200 millions d’euros à quai et que vous vous en servez une fois par an, rendez vous compte que cette énergie nécessaire à produire et entretenir ce bateau est complètement immobilisée. Toute l’énergie produite par les plus démunis se retrouve bloquée et ils doivent en redonner pour faire marcher le système. car après avoir acheter le bateau il faudra se payer un avion puis un palace pour l’été et un autre pour l’hiver. Chaque fois que vous dépensez de l’argent dans des biens inutiles vous permettez aux plus riches de s’enrichir encore plus. Le pouvoir de chacun est dans sa manière de vivre, la consommation est un pouvoir bien plus puissant que les urnes. Il faut changer de paradigme pour sauver la planète. On nous dit que c’est en produisant plus propre. Ce ne sont que des balivernes. Produire c’est détruire on ne produit rien sans détruire quelque chose. Il faut diminuer considérablement la production et c’est tout. Alors diminuez la consommation vous enclencherez une diminution de production et comme le système tient de façon plutôt précaire, un grain de sable ne tardera pas à enrayer la machine infernale. La Spiritualité, la vraie, pas les « bondieuseries » permet à l’aspirant sincère de trouver le bonheur sans aucun artifice extérieur. Je vous le dis par expérience personnelle. Haut les cœurs. Ayez la force de vouloir ce que vous pouvez.