Une question intéressante m’a été posée récemment : Faut-il croire en quelque chose de particulier pour bénéficier de la thérapie initiatique ? Faut-il avoir une orientation vers la spiritualité ou un engagement ? Faut il croire à tout ce que vous racontez dans votre site à propos de Dieu ?
La réponse est simple : aucune croyance n’est nécessaire.
Il suffit d’avoir un minimum de confiance envers le praticien et une envie de guérir ou d’aller mieux. Cela est largement suffisant.
La thérapie initiatique que je pratique nécessite de calmer l’état de réactivité dans lequel se trouve le sujet pour parvenir à franchir la barrière créée par le mental. Se faisant il est possible de permettre à l’être de ré-informer les éléments de la corporalité qui étaient sous la dépendance du mental. Il faut donc que l’état de peur et de réactivité se calme. Or les croyances sont d’ordre intellectuel et orientent le sujet dans une direction particulière. Par exemple si vous croyez et pensez que votre ange gardien va venir du ciel pour vous apporter la guérison, vous allez vous tourner vers le ciel et attendre que cela arrive. Cet état de tension cognitif mobilisera le sujet dans une direction particulière qu’il faudra faire cesser pour pouvoir obtenir une action favorable de la thérapie. Donc on perd son temps. Ce sera pareil si vous croyez que vous ne pouvez pas guérir ou aller mieux. Même chose encore si vous croyez que c’est en respirant comme vous l’avez consciencieusement appris que vous aller faciliter le travail, toujours pareil si vous croyez qu’en vous plaçant dans un état de conscience particulier vous aller aider le praticien. J’ai eu l’occasion de rencontrer toutes ces formes de croyances et à chaque fois il faut attendre que le guignol se calme pour pouvoir commencer. C’est pire qu’un guignol bien souvent.
Vous me direz que les bonnes croyances sont utiles. La seule bonne croyance que je reconnaisse pour ma thérapie initiatique c’est la bonne volonté. Mais là encore ce n’est pas de la croyance, c’est un état naturel. Chacun est doué de bonne volonté. Si ce foutu mental truffé de croyances, de peurs et de prétentions, diminue son emprise, cette bonne volonté apparaît d’elle même. J’en reviens donc à une seule chose, le désir sincère de guérir, reconnaître un peu que l’on ne peut pas faire seul et s’abandonner le mieux possible entre les mains du praticien sont les conditions largement suffisantes pour bénéficier de la thérapie initiatique que je pratique.
Vous pouvez constater combien je fais de différence entre la foi et les croyances.
C’est avec grand plaisir que je souhaite à toutes les lectrices et tous les lecteurs de ce blog une merveilleuse année 2010.
Cette nouvelle année me semble placée sous le signe de la solidarité. Il me paraît de plus en plus nécessaire de développer une entraide car le système sur lequel nous nous appuyons nous a donné de grands signes de faiblesse en 2009 et il n’y a aucune raison pour que cette faillite ne se poursuive pas. Il sera donc indispensable de pallier aux carences qui ne vont pas tarder à devenir encore plus criantes. Entraide matérielle évidemment mais aussi et surtout entraide morale et psychologique. Les périodes de transition sont très difficiles à vivre pour les personnes qui ne sont pas habituées au changement. Les socles sont fragiles, ils se fissurent et s’écroulent. Il faut pourtant mettre en place le nouveau qui je l’espère ne sera pas une copie de l’ancien. C’est pourtant ce qui s’est passé dans toutes nos révolutions. Les destructeurs sont devenus les bâtisseurs, ils étaient de même nature et n’ont rien reconstruit de nouveau. Il est préférable que ce soit le nouveau qui par sa naissance et sa croissance disloque progressivement l’ancien et le renouvelle par le souffle du devenir.
Le changement commence par soi-même. Alors bonne année 2010.
De tout cœur.
Martha est venue m’apporter un cadeau de Noël. Un magnifique tableau où je devine une femme resplendissante d’Amour entourée de couleurs douces et charmantes. Le charme s’opère immédiatement et mon cœur en est profondément réjoui. Ce tableau c’est Martha qui l’a peint. Ce n’est pas banal quand je repense à l’état dans lequel elle était il n’y a que deux ans à peine. Très jeune elle s’était tournée spontanément vers la peinture et ses professeurs reconnaissaient en elle un véritable talent. Hélas à 14 ans ses bras se sont paralysés rendant toute pratique manuelle impossible. Ils étaient lourds, Martha avait l’impression de devoir faire des efforts inouïs pour lever sa main, elle était tout juste capable d’assurer par elle même ses besoins quotidiens élémentaires.
Les différents médecins ont diagnostiqué toutes sortes de maladies telles que la myopathie, la myasthénie, la sclérose en plaque et bien d’autres encore. Aucun traitement ne parvenait à la rendre plus active. Son désir de s’en sortir commençait à s’épuiser vers l’âge de 25 ans.
A cette période, c’est avec l’assistance d’une psychothérapeute et d’un chamane qu’elle parvient à récupérer un peu de force et peut de nouveau subvenir seule à ses besoins. Dès qu’elle essaye de se consacrer à autre chose qu’à des tâches de survie, la paralysie reprend le dessus. Elle est incapable de créativité. Chaque fois qu’elle tente de prendre un pinceau c’est encore pire, elle se trouve projetée dans une sorte de glu qui la paralyse totalement.
Elle a 38 ans quand elle vient me voir sur les conseils d’une amie. Évidemment elle n’y croit pas, elle a déjà tout essayé. Pourtant elle ressent lors de la séance une chaleur dans son cœur et quelques larmes coulent spontanément de ses yeux qui jusque là n’avaient jamais pu pleurer. Elle décide de poursuivre.
Progressivement la motricité revient, elle sent qu’elle peut à nouveau créer. Elle se remet à la peinture. Elle peut peindre, elle peut manier ses pinceaux mais ce qui se projette sur la toile n’est pas joli. Elle ne peut peindre que des choses sombres et violentes. La violence se manifeste dans tous les secteurs de sa vie. Elle quitte son compagnon ou plutôt elle le jette. Elle tente à plusieurs reprise de briser le lien thérapeutique avec toutes sortes de prétextes et toutes sortes de violences. Pourtant quelque chose tient, un lien qu’elle ne peut briser. Elle me dira plus tard qu’elle pressentait vaguement que si elle brisait ce lien elle se condamnait à la mort ou à la souffrance.
Nous sommes donc entrés au cœur de cet source de violence, de révolte, de rage et de haine pour y libérer le cristal de vie qui s’y trouvait emprisonné. Ce ne fut pas sans douleurs, sans doutes, sans peines. Martha a accepté ce parcours car en elle la foi était là. Pas la foi en son thérapeute mais une force intérieure la poussait a poursuivre au delà de sa raison et lui donnait confiance. Martha vient d’avoir 40 ans, l’Amour s’exprime pour la première fois dans sa créativité, elle peut maintenant pleurer de bonheur, de joie. La vie se poursuit avec l’Amour pour compagnon de route.
Le chemin n’est pas fini, une autre étape commence.
Ne vous identifiez pas à Martha, elle est unique comme chacun d’entre nous. Certaines, certains y trouveront des similitudes avec leur propre vie. Une seule chose me semble valable pour tous. Seul l’Amour contenu au cœur même de la pierre est capable de véritablement nous guérir. Nous guérir de quoi ? : de nous même.
Dès sa plus tendre enfance Martha a été élevée dans une famille où elle n’était pas considérée. Elle avait à boire et à manger, pour le reste elle devait se nourrir de l’air du temps. elle a manifesté très tôt une vive intelligence qui lui a rendu les études plutôt faciles mais là encore elle devait suivre la dictature familiale et se consacrer totalement à ses devoirs et à des lectures choisies interminables. Sa seule liberté était la rêverie qui lui était également reprochée car il faut travailler plutôt que de rêver. Elle avait le goût de la peinture mais malgré les encouragements de ses professeurs, sa famille lui a imposé le violon et interdit les pinceaux. 2 ans plus tard elle est paralysée. N’ayant pas été touchée et encouragée dans son essence par l’amour, son ego s’est développé seul et a pris le dessus. Étant très intelligente, elle a tissé une toile immensément dense de ressentiments envers sa famille et le monde. Cette carapace l’a totalement emprisonnée au point de la conduire a l’immobilité, au point de la rendre totalement inconsciente de ce qui s’était réellement passé. Ses forces essentielles ont du même coup été inhibées. Elle s’est emprisonnée elle même par la puissance de son mental égotique. Par vengeance et par orgueil, elle préférait être paralysée, risquer de mourir, plutôt que de se conformer à la dictature familiale. Une autre personne aurait très bien pu mener une double vie, par exemple.
On pourrait penser que sa famille fût mauvaise et que si elle était arrivée au monde dans une autre famille ça se serait mieux passé pour elle. Elle n’aurait probablement pas été malade. La véritable cause de la maladie n’est pas la famille. La véritable cause, ce sont les tendances égotiques héritées des vies antérieures. Ce sont elles qui ont emprisonné Martha. Une autre personne aurait très bien vécu dans les mêmes circonstances. La vie a proposé à Martha de guérir ses tendances égotiques. Ce n’est pas chose facile. Il faut parfois beaucoup de souffrances et de contrariétés pour parvenir a bloquer le pouvoir de l’ego et l’obliger a céder du terrain. C’est également ce que la vie propose a chacun d’entre nous avec plus ou moins d’évidence.
La thérapie pratiquée par la psychothérapeute et le chaman, lorsque Martha avait 25 ans, a permis de re-dynamiser les forces égotiques résiduelles. Ces thérapies n’ont pas permis de libérer l’égo des forces du mental. C’est pourtant grâce a cette thérapie que Martha a pu poursuivre son chemin.
Quand je la rencontre, elle n’a plus d’espoir. Elle vient parce qu’une amie a lourdement insisté. Elle ne croit plus à rien. Elle est en état de survie, sans espoir, sans joies, seule ou presque. Pourtant, dès le départ, elle est touchée là ou jamais elle n’avait été touchée auparavant, droit dans son cœur. Ce n’est pas moi qui décide que les choses se passent de telle ou telle façon, c’est la vie. Arrive ce qui doit arriver. Martha est touchée et elle pleure. Ses yeux étaient restés secs depuis sa plus tendre enfance. Il y a donc un réel espoir de progression favorable, mais en aucun cas on ne peut présager de l’avenir. Il nous faut reconquérir les territoires annexés par le mental chargé de ressentiments. Plus nous progressons plus le mental se manifeste, chaque tendance passe par la manifestation consciente avant d’être dissoute, transmutée. Martha passe de la haine à la jalousie, à la violence envers elle et les autres, elle veut tout casser, elle veut tout détruire. Elle ne détruira que ses forces égotiques. Au passage elle jette son compagnon sans aucun ménagement. il faut dire qu’il l’avait placée dans une situation de soumission perverse. Même les malheureux profitent l’un de l’autre pour assouvir leurs tendances. Il faut passer au travers de la carapace mentale pour créer un pont entre l’être et la conscience. Il nous faut relier la conscience aux informations de l’être. Seul l’être est suffisamment pur pour passer au travers du mental sans risquer de déclencher une recrudescence des forces égotiques.
A présent, Martha a retrouvé suffisamment de forces pour poursuivre son chemin vers l’être et manifester une personnalité plus essentielle que mentale. Elle a conscience que le chemin n’est pas fini mais que de merveilleuses possibilités s’offrent à elle.
C’est avec un grand bonheur que nous poursuivons le chemin.
Joyeux Noël à toutes et à tous.
Vous avez peut être reçu des cadeaux de la part de vos amis ou des personnes de votre famille. Le cadeau le plus important vous ne l’avez pas encore ouvert. Il va s’ouvrir progressivement jusqu’à la période de Pâques. C’est cette naissance et renaissance de l’Être qui se joue à la période de Noël. Durant l’automne vous avez peut être œuvré pour vous approcher de votre enfant intérieur.
Tous vos efforts sont alors récompensés par ce cadeau de Noël. Une période où l’on creuse dans les ténèbres et une période où le diamant rencontré au fond de la mine se met à jour. C’est un cycle que je ressens fortement tout au long de l’année dans mes méditations quotidiennes. Nous ne sommes pas séparés de la nature. Nous sommes la nature. Le dehors et le dedans sont identiques.
Joyeux Noël, en route vers la lumière et l’Amour.
Perdre l’un et l’autre pour un Autre qui n’est rien.
Je ne sais rien de Toi.
Je sais seulement que tu me transfigures inlassablement.
Je suis en pleine confiance et pourtant ignorant.
Tu me tortures, me brises, me cajoles, m’emplis de joie, de paix et de douceur.
Mais tout ceci ce n’est pas Toi.
Qui es Tu ?
Je ne sais rien de Toi.
Je T’attends avec impatience.
Je Te prie avec ferveur.
Je ne T’espère plus car je sais que Tu viens.
C’est devenir par Toi qui remplit ma vie de contentement, sans fierté ni orgueil.
Tu m’as enseigné la patience et la persévérance, insufflé la confiance.
C’est sur le chemin du devenir que Tu m’as placé.
Sans Toi je ne suis rien.
Avec Toi je ne suis rien.
Par Toi je vais à Toi.
Pour enfin devenir Toi.
Comment peut on imaginer que Dieu puisse voir, penser, réfléchir et ensuite agir ? Si telle était le cas ce serait monstrueux.
La foi, en matière spirituelle, est généralement assimilée à une croyance religieuse particulière. Personnellement je n’assimile pas la foi à une croyance, même religieuse. La croyance est une adhésion du mental à la proposition. Lorsque je dis « je crois » cela signifie que la chose à laquelle je crois entre dans le chant de cohérence de mon savoir ou de mes croyances. Il se peut aussi que j’adhère par le simple fait que la chose soit énoncée par quelqu’un en qui j’ai pleine confiance, on devrait dire digne de croyance plutôt que digne de foi. La croyance aveugle n’est pas non plus la foi. On peut tout à fait croire en quelque chose dont on a absolument aucune connaissance. Le je crois en Dieu en est une formidable. Je crois ce que l’on m’a enseigné mais je n’en ai que ma pensée, mon raisonnement pour croire. La croyance collective suffit à me faire croire. Je peux aussi croire parce que cela m’arrange.
La foi, à mon sens, n’est pas une adhésion mentale. Je dirai même qu’elle force le mental. Je considère la foi comme la voix de l’être. L’être frappe à la porte de la salle obscure dans laquelle la conscience est enfermée. La prison c’est le mental. La conscience ne perçoit que le son du mental mais la voix de l’être arrive à s’insinuer et parvient à communiquer des informations à notre appareil cognitif, à notre intelligence. La conscience au début ne voit rien mais elle est tout de même touchée. Elle subodore, suppute, il y a quelque chose qui dérange le bel arrangement concocté par le mental. Elle est obligée d’admettre qu’il y a quelque chose. C’est en ce sens que la foi force le mental. Ceux qui ont vraiment la foi disent qu’ils ne l’ont pas par volonté mais qu’ils n’ont pas pu faire autrement. C’est tout à fait ce qui m’est arrivé, la foi s’est imposée à moi. Je ne peux pas dire que j’ai foi en quelque chose, ce serait une croyance. La foi m’habite c’est tout. En plus des informations cognitives, la foi alimente toute notre physiologie et notre psychologie. Ce sont les informations issues de l’être qui s’imposent. « Ta foi t’as guéri » signifie bien que la force et les informations issues de l’être ont guéri le sujet. C’est aussi le sens de la thérapie initiatique, elle éveille la foi. Ne pensez pas que la foi soit une propriété de la religion chrétienne. Elle n’est pas religieuse, elle est spirituelle.
Sans la foi je ne suis rien, autrement dit sans l’efficience de l’être je ne suis rien. Vous voyez encore une fois que sans l’être il est tout à fait vain de penser pouvoir aller à Dieu. C’est la foi qui nous guide pas à pas, c’est le langage de l’être.
Nous sommes toujours tiraillés entre la voix du mental et la foi. Il arrive un moment où il est possible de sentir quelle est l’origine de l’information, si elle vient de l’être ou du mental. C’est ce que l’on appelle la discrimination. Le poids plume de notre conscience peut alors faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Encore faut-il que la foi ait percé jusqu’à la conscience. Avant l’être agit dans l’ombre mais il nous mène quand même, Dieu guide tout le monde en permanence. Pour certains Dieu est un bel attelage qui tire et guide le char de la vie, pour d’autre ce sera un poisson rouge qui tentera de dévier la route d’un super tanker. Ainsi soit-il. Dieu arrive toujours à ses fins.
Sur le chemin il faudra que la foi se fasse entendre, sans quoi l’ego promènera le chercheur dans toutes les directions. Le mental fait tant de bruit qu’il est bien difficile d’entendre autre chose. On revient toujours à la même conclusion, il faut calmer le mental. Mais comment? A suivre…
Je disais dans le précédent billet que pour le débutant la motivation principale était le plus souvent égocentrique. Pourtant il va bien falloir que cela change car si on poursuit sa recherche spirituelle en souhaitant satisfaire son ego on risque bien sûr de tourner en rond. Il suffit de remarquer que le candidat à la spiritualité abandonne religion, maître ou guide dès l’instant ou son ego n’est pas satisfait. Quitte à en chercher un autre ou à saisir une nouvelle opportunité dans une autre direction pour trouver son bonheur. Ce qui est humain « trop humain » comme disait Nietzsche.
Il faut donc autre chose pour avancer sur le chemin de la spiritualité. Si on écarte la motivation égocentrique, que reste t-il ? Je disais que Dieu nous guide sans que l’on s’en aperçoive. Cette guidance s’appelle la foi. C’est cette foi qui permet d’avancer, qui donne envie d’y aller. Aller où? nul ne le sait avant d’y être. Si je ne sais pas où je vais pourquoi irai-je? C’est bien là tout le mystère. Celui qui est animé par la foi va sans savoir. C’est comme un amoureux qui cherche sa dulcinée sans jamais l’avoir rencontrée. Pourtant il connaît son parfum mais ne l’a jamais senti et serait incapable de le décrire. C’est donc qu’il l’a déjà connue mais qu’il ne s’en souvient pas. En allant à Dieu nous retournons d’où nous venons, ce n’est donc pas étonnant que nous l’ayons déjà connu. La foi ce serait donc ce souvenir de Dieu et cette nostalgie qui nous pousse à le retrouver. C’est l’Être qui au fond de nous, nous pousse à retourner vers notre Père et notre Mère ontologiques.
Pour être saisi par la foi il ne faut pas être totalement absorbé dans la recherche des plaisirs du monde, des plaisirs dont la source est extérieure à l’Être. Celui qui souhaite trouver la foi doit déjà calmer son appétit, ses appétits. Jean de la Croix en fait la condition absolument indispensable, tous les maîtres authentiques également. Ce n’est pas évident de rester dans l’insatisfaction. il ne faudrait pas tout couper d’un coup au risque de déclencher une révolte de l’ego qui est toujours dévastatrice. Encore une fois le guide est nécessaire. Le dosage doit être précis, ni trop ni trop peu. Ne dit-on pas quand l’élève est prêt le maître arrive
La période qui précède la prise de conscience des manifestations de la grâce et de la présence agissante et efficiente de Dieu est la plus sujette à de multiples possibilités. Je dirai qu’il y aura autant de possibilités que d’individus. Chaque cheminement vers Dieu est complètement personnel même si chacun passera par les mêmes étapes.
Le sujet s’intéresse à la spiritualité car son ego souhaite trouver le bonheur ou une satisfaction ou échapper à la souffrance ou à la difficulté. La démarche est égotique et même égocentrique puisque le sujet cherche un mieux pour lui-même. Ceci est tout à fait normal et il ne faut pas s’en cacher. Cette attitude changera plus tard. Si l’intention est juste et pure, le chemin le sera aussi. C’est donc l’ego qui cherche pour lui-même. Chaque personne est majoritairement dominée par son ego. C’est pour cela que chacun cherchera à conforter ses propres tendances égotiques dans sa quête de Dieu. Ceci peut vous paraître paradoxal mais je ne fais que le constater. Ce n’est pas un problème je le répète. Très rares sont ceux qui peuvent faire autrement. Le paresseux choisira une voie où on prônera le fait que Dieu est omnipotent et fera tout pour celui qui le cherche et l’aspirant ne fera rien en attendant que Dieu fasse tout. Au contraire une personne très active et volontaire choisira une voie tournée vers l’action, n’hésitant pas à faire des efforts démesurés pour parvenir à son objectif. Une autre, spontanément tournée vers la contemplation se dirigera vers une voie où on lui proposera de contempler Dieu au travers de représentation ou au travers de son imagination. L’orgueilleux choisira un maître qui le reconnaîtra et lui donnera de l’importance. Je pourrais multiplier les exemples à l’infini et vous montrer avec quelle subtilité et quelle malice l’ego cherche à se nourrir lui-même au cours de cette première étape.
Vous en conclurez qu’il n’y a donc pas d’issue car ce sera toujours l’ego qui sera conforté et qui se renforcera au cours de la recherche de Dieu. Il en serait ainsi si Dieu n’était pas présent et actif même si on ne s’en aperçoit pas. Plus la démarche sera sincère, plus l’intention sera pure et plus le chemin sera efficace. C’est le premier point, l’intention est primordiale. Elle s’affinera au cours de la progression. Comment pourrions nous savoir où nous allons et ce vers quoi nous nous dirigeons lorsque l’on souhaite aller à Dieu? Nous n’en connaissons rien et pourtant nous allons à lui. C’est bien souvent en désespoir de cause ou par ouïe dire que nous entreprenons une quête spirituelle. Personnellement nous n’avons aucune vision réelle de ce vers quoi nous nous dirigeons. Nous en avons une idée ou des idées mais ce ne sont que des idées imaginaires. L’ego cherche donc ce qui lui conviendrait.
La vie, qui n’est autre que la manifestation de Dieu, se chargera de placer sur la route du chercheur ce qui lui est nécessaire pour aller à lui. Chacun trouvera ce dont il aura besoin. Chacun est guidé par la vie. Le chemin ressemble à un entonnoir au départ nous avons un grand espace de liberté apparente, les bords de l’entonnoir qui représentent les limites infranchissables sont assez éloignées, l’espace entre les deux berges est vaste et autorise un grand nombre de possibilités. Au fil de la progression vers le bout de l’entonnoir, les berges se rapprochent, l’espace de pseudo-liberté se rétrécit. Le flot de la vie nous emmène vers notre destination. Ceci est valable pour tout le monde. Il n’est pas nécessaire d’être un chercheur de Dieu. Toute l’humanité est ainsi guidée. Pour celui qui aspire à Dieu les choses deviennent plus précises et plus rapides si l’intention est juste. La route n’est pas faite uniquement de contraintes mais aussi d’appétence. Le sujet aspire à quelque chose qu’il ne peut pas définir. C’est comme si il l’avait déjà vécu, il sent que quelque chose est bon pour lui dans une direction particulière. La boussole intérieure le guide sans en avoir conscience précisément. Le sujet est donc limité d’une part et attiré d’autre part.
Dieu guide chacun d’entre nous que nous le souhaitions ou pas.
Au cours de cette période il est quasiment indispensable d’être guidé par une personne étant déjà bien avancée sur le chemin. L’ego fera tout ce qui est en son pouvoir pour détourner le chercheur de son but. On peut dire que bien souvent il nous fait prendre des vessies pour des lanternes. Le guide pourra alors éclairer le chemin. Il est bien entendu préférable de rencontrer un véritable Guru qui a totalement réalisé Dieu. C’est une grande grâce que de rencontrer ces lumières pour l’humanité. Sans Dieu rien n’est possible. L’ego ne peut rien faire seul pour aller à Dieu. Il essayera pourtant de devenir Dieu. Il lui faudra pourtant y renoncer et se laisser faire par Lui.
Un bon nombre de personnes m’ont fait part de leurs difficultés vis à vis de la traversée du désert dont je parlais dans le précédent billet. S’il faut encore souffrir, alors non. La vie n’est donc qu’une souffrance ? On souffre déjà assez comme ça alors si aller à Dieu c’est encore souffrir on en sort pas. Je comprends très bien votre réaction. J’aurais dit la même chose avant que j’expérimente cette traversée du désert. Revenons donc sur le sujet.
Cette période succède à l’apparition de la Grâce. La Grâce est un bonheur que rien ne peut égaler. On est prêt à tout pour la vivre en permanence. C’est la manifestation de la vie pure qui apparaît à la conscience. Nul ne peut s’en faire une idée avant de l’avoir vécu. Il y a une étape avant la manifestation consciente de la Grâce et une autre après. Ce sont deux périodes totalement différentes.
Dans la grande majorité des cas c’est un désir égocentrique qui conduit le sujet à se tourner vers la spiritualité. La personne cherche une satisfaction ou cherche à se guérir d’une souffrance. La peur, la souffrance et l’insatisfaction sont les principaux moteurs. Un autre moteur est l’orgueil qui conduit à la recherche d’une satisfaction orgueilleuse. Bref la motivation est égocentrique au départ et c’est normal. Ne vous flagellez pas pour ça, on ne peut pas faire autrement à moins d’être une exception à la règle, mais c’est autre chose et ce n’est pas fréquent. Cette première période doit conduire à la conscientisation de la Grâce sans quoi elle peut durer toute la vie. Durant tout ce temps le sujet oscille dans ces intentions, tantôt tout feu tout flamme tantôt il tourne le dos à la spiritualité et reprend sa vie précédente ou se tourne vers autre chose. Pas de problème, Dieu nous a fait libres et ne forcera jamais quelqu’un à aller là où il refuse d’aller.
Chacun a la responsabilité de sa vie future. Cette étape n’a rien d’un désert, elle sera ce que nous en ferons avec ce que nous sommes.
Un jour la Grâce se manifeste à la conscience. Le sujet est saisi, il ne peut en être autrement. Il est touché au plus profond de lui même et ne pourra jamais oublier ce qu’il vient de vivre. Jusque là c’était le sujet lui même qui traçait sa route si on peut dire. Maintenant c’est Dieu qui trace la route et qui laisse le sujet libre de la suivre ou de ne pas la suivre. La Grâce ne s’est pas manifestée par hasard, il fallait que le sujet soit prêt. C’est ce qu’il a fait pendant toute la première période. Il a préparé le chemin du seigneur. Tout ce qu’il a fait ou construit par lui-même sera détruit et rebâtit par Dieu. Il devient l’ouvrier, il n’est plus le maître d’œuvre. C’est là que commence la traversée du désert. Mais de quel désert?
Une fois que l’on a connu la Grâce, rien d’autre ne peut combler le sujet. Aucun plaisir du monde ne peut remplacer la Grâce. Pour gagner cette Grâce il faudra perdre un bon nombre de tendances égocentriques. Le désert sera donc l’absence de satisfaction profonde égocentrique. Le sujet perdra ses richesses c’est à dire qu’il perdra ses tendances égocentriques. Il ne perdra pas forcément sa fortune financière mais devra perdre la peur de manquer. Dieu choisira la façon de lui faire perdre cette tendance. Nul ne peut savoir de quoi demain sera fait. La vie sera conforme à la nécessité Divine. En contre partie, il y a bon nombre de satisfactions durant cette traversée du désert.
La plus grande satisfaction à mes yeux est la sensation de justesse. La conviction intime de savoir que l’on est sur la bonne route, à sa place, est une satisfaction formidable. Dieu confirme le sujet sur ses choix, sur son positionnement, il lui montre aussi ses erreurs avec douceur. Je rappelle ici que Dieu est pour moi la source de l’information juste. Cette information pointe à la conscience par la Grâce. Le chemin sera bordé d’encouragements, le sujet n’est jamais seul, il chemine en compagnie de lui-même qui n’est autre que Dieu. Certes il y aura des périodes très difficiles mais jamais le chercheur ne sera abandonné. Il aura parfois l’impression que Dieu l’a abandonné mais ce ne sera que pour renforcer sa soif et sa faim ou pour épuiser une tendance égotique.
Progressivement la présence de Dieu se fait plus intense et plus constante, La sortie du désert approche. ce n’est pas pour autant que la route est finie. Il reste encore bon nombre de tendances égocentriques à dissoudre. Je peux vous garantir que si cette période est difficile elle est aussi pleinement satisfaisante. Le désert, c’est donc l’absence, absence de satisfactions égotiques et parfois absence de Dieu, ou les deux à la fois.
Chacun peut renoncer en cours de route. Il ne lui en sera pas tenu rigueur. Certains ou certaines éprouveront le besoin de faire une pause, de s’arrêter sur une île paradisiaque pour un temps et reprendront leur route ensuite. Tous les chemins sont possibles, rien n’est jamais joué d’avance. L’ego est un malin, pour ne pas dire le malin. Il a plus d’un tour dans son sac.
Ce serait à refaire je le referais avec encore plus d’enthousiasme. Mais je ne suis pas au bout de la route et peut être que d’autres déserts m’attendent. A la Grâce de Dieu.